Assurances. Comment Solvency II pourra impacter le marché des capitaux

Sara El Hanafi | Le 6/12/2017 à 13:32

Le nouveau régime prudentiel impose un ajustement des fonds propres chez les entreprises d’assurance et de réassurance, pour que ceux-ci soient en phase avec l’ensemble des risques auxquels elles sont confrontées, y compris le risque lié aux placements.

 

C’est un grand virage qui se prépare dans les assurances. Bien que le secteur soit sujet à divers chantiers structurants (digitalisation, takaful, etc.), ce sont surtout les nouveaux aspects réglementaires de la profession, en cours de discussion entre l’Autorité de contrôle des assurances et de la prévoyance sociale (ACAPS) et les différents opérateurs du secteur, qui devront apporter des changements conséquents au niveau des ratios prudentiels de ceux-ci et de leur exposition aux risques, y compris les risques liés à leurs placements dans les marchés financiers.

Le secteur prépare depuis un peu plus d’une année son passage vers les normes de Solvency II, ou Solvabilité II en français, ou même SBR, la Solvabilité basée sur les risques, selon la nomenclature retenue par le régulateur marocain. Une nomenclature légitime vu que le nouveau référentiel réglementaire revisite les différents risques afférents à l’activité des compagnies du secteur.

Le projet SBR requiert des exigences quantitatives pointues. Bien que les détails ne soient pas encore révélés, l’on sait toutefois que le calcul des provisions techniques est concerné. Plus particulièrement, ce sont les exigences en matière de capital qui apportent des changements majeurs.

En effet, le nouveau régime prudentiel impose un ajustement des fonds propres chez les entreprises d’assurance et de réassurance, pour que ceux-ci soient en phase avec l’ensemble des risques auxquels elles sont confrontées. Le but ultime étant, bien évidemment, d’assurer leur solvabilité.

Le calcul de la marge de solvabilité des assureurs, destinée à garantir leurs engagements vis-à-vis des assurés et à leur permettre de faire face aux aléas liés à leur activité, devra donc dès l’entrée en vigueur de Solvency II tenir compte de l’ensemble des risques encourus par les assureurs (opérationnel, d’investissement, de marché, etc.), et les quantifier à leur véritable valeur. 

Pour mieux comprendre l’enjeu, il faut savoir qu’actuellement, la marge de solvabilité des compagnies d’assurance ne tient compte que du risque de souscription, lié aux contrats d’assurance distribués auprès de personnes physiques ou de personnes morales. Ce qui explique les marges de solvabilité très confortables qu’affichent les entreprises du secteur, généralement à trois chiffres.

Et pour ajuster leurs capitaux propres aux différents risques qui intègrent le périmètre de Solvency II, les assureurs devront se serrer la ceinture notamment au niveau de leurs placements financiers. Une donnée qui impactera indéniablement le marché des capitaux, eu égard aux fonds importants apportés par les assureurs sur la place.

Avec Solvency II donc, les assureurs opteront pour des actifs moins risqués pour leurs placements, avec pour objectif la limitation de leurs besoins en fonds propres à mettre en place en face d'éventuels risques financiers. La recherche d’un risque moindre conduira donc à un réajustement important des portefeuilles des assurances, et donc un changement probablement remarqué au niveau du marché des capitaux. Le scénario le plus probable est une affectation plus considérable des fonds vers le marché obligataire, relativement moins risqué que le marché actions.

A fin 2016, les placements nets des entreprises d’assurances et de réassurance ont atteint 151,9 MMDH, selon les données de l’ACAPS. Les placements affectés aux opérations d’assurances représentent 88,7% de ces placements, avec un montant de 134,76 MMDH.

La ventilation de cet encours montre la prépondérance des actifs des taux (49,4%) suivis des actifs actions (45,4%), de l’immobilier (3,8%) et des autres placements (1,5%).

Les actions cotées représentent 53,2% de l’actif actions du secteur en 2016, soit un peu plus de 32 MMDH.

 

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