EnR : “61 projets en cours portés par le secteur privé pour 53 MMDH” (FZ Al Khalifa)

ENTRETIEN. Fatima Zahra Al Khalifa, présidente du Cluster EnR, dresse un état des lieux du secteur des énergies renouvelables au Maroc. 4,6 gigawatts sont en cours de réalisation par le secteur privé pour un montant de 53 milliards de dirhams.

EnR : “61 projets en cours portés par le secteur privé pour 53 MMDH” (FZ Al Khalifa)

Le 8 mai 2024 à 11h26

Modifié 8 mai 2024 à 12h02

ENTRETIEN. Fatima Zahra Al Khalifa, présidente du Cluster EnR, dresse un état des lieux du secteur des énergies renouvelables au Maroc. 4,6 gigawatts sont en cours de réalisation par le secteur privé pour un montant de 53 milliards de dirhams.

Le Maroc a pour objectif d'atteindre 52% de la puissance électrique installée à partir de sources renouvelables et de réduire la consommation d'énergie de 20% à horizon 2030.

Pour atteindre ces objectifs, et après le solaire, l'offre Maroc de l'hydrogène vert a été dressée et plusieurs actions ont été mises en place pour accompagner la taxe carbone de l'Union européenne. Médias24 a contacté Fatima Zahra Al Khalifa, présidente du Cluster EnR, pour faire le point sur l'évolution du secteur marocain des énergies renouvelables.

Médias24 : Pouvez-vous dresser un état des lieux du secteur des énergies renouvelables au Maroc ?

Fatima Zahra Al Khalifa : L'état des lieux du secteur, après près de 14 ans suite au lancement du Plan solaire marocain en 2009, est positif à mon sens. Le Maroc se positionne aujourd'hui comme un pionnier en matière de transition énergétique.

D'ailleurs, le Royaume a été classé premier en Afrique en matière d’attractivité des investissements EnR, selon le dernier classement mondial réalisé par le Renewable Energy Country Attractiveness Index.

Ainsi, le Maroc est sur la bonne voie en matière de transition énergétique, avec en plus une capacité renouvelable installée à fin 2023 de 4.600 MW, contre près de 4.100 MW en 2022 (1.430 MW d'éolien, 1.771 MW d'hydroélectrique et 830 MW de solaire), permettant ainsi d'atteindre une capacité EnR dans le mix énergétique de 42% à fin 2023 (hors autoproduction estimée entre 700 MW et 1 GW) contre 38% en 2022.

- Quelles sont les récentes réalisations notables du secteur, selon vous ? 

- Nous nous réjouissons de l'accélération des grands projets énergétiques portés par l'Agence marocaine pour l'énergie durable (Masen), de la finalisation en cours du cadre réglementaire en faveur du décentralisé (loi auto-production), de l'injection en moyenne tension ( loi 13-09) et de la publication des tarifs par l'ANRE.

Egalement, entre autres, la publication de la nouvelle stratégie du Maroc en matière de développement durable (SNDD), la publication de l'offre Maroc en matière d'hydrogène vert, la revue à la hausse des objectifs en matière de diminution des émissions CO2 pour la lutte contre les changements climatiques et le lancement de projets pilotes en matières de mobilité électrique.

De plus, les technologies sont de plus en plus matures et économiquement viables, ce qui offre d'énormes opportunités d'investissement.

- Qu'en est-il de l'écosystème des EnR au Maroc ? Pensez-vous qu'il est assez mature pour assurer l'accélération du secteur ?

- Aujourd'hui, l'écosystème est mature avec des acteurs institutionnels et publics opérant sur l'ensemble des maillons de la chaîne de valeur ainsi qu'un secteur privé disposant d'une grande expérience dans les filières renouvelables, des références et une expertise.

Sans oublier l'existence de produits et mécanismes de financement vert ainsi que des subventions pour soutenir les investissements dans le secteur.

- Quels sont les principaux projets en cours ? 

- Une capacité supplémentaire de 374 MW est prévue pour l'année 2024 avec la mise en service des projets éoliens Nassim Repowering Koudia El Baida (100 MW) et Nassim Jbel Lahdid (270 MW) et ce, hors projets prévus par le privé suite à l'adoption de la loi 13-09 relative à l'autoproduction.

- Qu'en est-il des projets portés par le secteur privé ?

- Plus de 61 projets portés par le secteur privé sont en cours de développement ou de réalisation de près de 4,6 gigawatts, ce qui représentent des investissements très importants de près de 53 MMDH.

La décarbonation de l'industrie constitue également une réelle opportunité avec un potentiel additionnel de 3.000 MW à horizon 2030 en plus des retombées économiques relatives à la mobilité durable avec 10.000 véhicules électriques estimés à 2025 ainsi que les stations de dessalement et les stations solaire prévues.

- Pensez-vous que l'offre marocaine est compétitive au niveau international ?

- La stratégie énergétique du Maroc représente une opportunité unique pour le développement d’une industrie EnR exportable et compétitive. Cette opportunité concerne l’ensemble des maillons de la chaîne de valeur, à savoir l’ingénierie et les services, la production industrielle, l’installation de capacités EnR, la maintenance, le contrôle, etc., mais également toutes les filières, que ce soient les grands projets EnR (solaire, éolien, hydraulique, biomasse) ou les applicatifs (pompage solaire, PV décentralisé, éclairage publique, chauffe eaux solaires, etc.) ainsi que l’efficacité énergétique.

Au niveau local, les grands projets d’énergies renouvelables représentent de réelles opportunités économiques pour les entreprises marocaines, notamment dans le cadre des projets portés par Masen à réaliser entre 2023 et 2027 et estimés à plus de 4 GW (près de 2.600 MW en solaire et 1.700 MW en éolien) et répartis sur plusieurs régions au Maroc.

- Dans ce sens, quel est le positionnement de cet écosystème marocain au niveau continental ? 

- L'écosystème marocain est un pilier de coopération régionale et internationale basé sur une approche marocaine priorisant une coopération "Sud-Sud" sans oublier la coopération "Sud-Nord" portée par des initiatives stratégiques telles que la "SET Roadmap (Sustainable Electricity Trade)", ayant pour objectif de créer les conditions d’échanges d’énergie verte.

Il se veut une locomotive régionale et un trait d’union entre les pays de l’Afrique dans le secteur des énergies renouvelables, développant ainsi un hub énergétique régional permettant le renforcement des interconnexions pour une intégration méditerranéenne durable. Le Maroc met en avant le partage de son savoir-faire et son modèle de transition énergétique facilitant les économies d'échelle, participant à l’amélioration technologique et à la diversification pour une meilleure stabilisation des bouquets énergétiques.

A cet effet, l’intégration des systèmes énergétiques africain est considérée comme un élément important d’une vision en favorisant une intégration régionale. Ce rôle permet d’assurer le déploiement des stratégies énergétiques intégrées et à grande échelle, afin de créer une force de frappe pour la lutte contre les changements climatiques.

Cette intégration régionale favorisera la coopération entre les pays africains et permet de démultiplier les échanges énergétiques, industriels, commerciaux et in fine, favorisera la création d’une économie africaine forte et solidaire pour une croissance rapide et un développement du continent.

Un défi: l'imminence de la taxe carbone aux frontières

- Quels sont les principaux défis et obstacles auxquels fait face le secteur des EnR au Maroc? 

- Bien que le Maroc ait accompli des avancées significatives dans le secteur des énergies renouvelables, certains défis subsistent.

Le premier défi est la nécessité d'accélérer le déploiement des modalités pour faire face à l'imminence de la taxe carbone aux frontières, à travers l'accélération de la décarbonation des industries locales, les certificats d'origine verts et la revente des crédits carbone sur le marché international.

Un second défi serait l'accélération du renforcement du réseau national pour accompagner les objectifs ambitieux de la stratégie énergétique nationale et être en mesure d'accueillir les nouvelles capacités prévus à l'horizon 2050.

En parallèle, il est également important de continuer la mise en œuvre du chantier réglementaire pour suivre les évolutions du marché et surtout son ouverture. Il faudra aussi innover en matière de mécanismes de financement vert et des partenariats publics privés afin d'accompagner de façon efficiente la stratégie énergétique, dont le rythme s'accélère. Sans oublier les innovations technologiques, notamment en matière de nouvelles technologies et d'objets connectés appliqués à l'énergie (stockage, systèmes de monitoring, etc.).

Pour finir, l'un des défis les plus importants à mon sens est de maximiser davantage l'impact positif du secteur en faveur du développement socio-économique du pays, notamment à travers la maximisation de l'intégration industrielle dans le cadre des projets EnR, le renforcement des capacités industrielles, la promotion du made in Morocco, l'appui à l'export de l'expertise et des composants locaux, et l'appui à l'entreprenariat vert à travers la création de startups Greentech pour accompagner la stratégie de transition énergétique.

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