Créations d’entreprises : un démarrage maussade en janvier 2024

Siège de l'Office marocain de la propriété industrielle et commerciale à Casablanca.
| Le 15/4/2024 à 17:07
Le nombre de créations d’entreprises recensées en janvier a baissé de près de 2% par rapport à janvier 2023 à 6.969 entreprises. La part créée dans le secteur du BTP a progressé d’une année sur l’autre. Cependant, ce chiffre n’a jamais été aussi bas depuis 2017. Pour Zakaria Fahim, président de l’Union des auto-entrepreneurs Bidaya, cela s’explique par une conjoncture encore compliquée et un délaissement du statut d’autoentrepreneur.

En 2023, les créations d’entreprises avaient stagné avec 93.675 entités enregistrées. A fin janvier 2024, le nombre d’entreprises créées a reculé de près de 2% par rapport au même mois en 2023 à 6.969 créations. Il s’agit, pour un mois de janvier, du chiffre le plus bas depuis 2017 et qui est en constante baisse depuis 2019.

Parmi ces nouvelles créations en 2024, 4.766 sont des entreprises personnes morales et 2.203 sont des entreprises personnes physiques.

Les deux tiers, soit 66,4% des entreprises créées en janvier 2024, sont des sociétés à responsabilité limitée à actionnaire unique (SARLAU), une tendance qui ne fait que s’accroître depuis plusieurs années. Pour rappel, lors du même mois cinq ans auparavant, 59,5% des entreprises créées étaient des SARLAU.

Un regain d’intérêt pour les entreprises du BTP

Dans le sillage des bonnes perspectives qui se dressent pour le secteur du "BTP et activité immobilières" avec la CAN et la CDM 2030, la part des créations d’entreprises dans ce secteur a progressé, passant de 15,97% en janvier 2023 à 17,66% en janvier 2024. Le secteur vient même détrôner celui des "services divers" à la seconde position des secteurs les plus attractifs.

Le secteur du commerce continue de perdre son attractivité malgré sa position de secteur le plus attractif. 36% des entreprises créées en janvier œuvrent dans ce secteur, contre 38,27% en janvier 2023.

Casablanca-Settat capte 27% des créations d’entreprises

La région de la capitale économique a dénombré 1.884 nouvelles entreprises créées en janvier 2024, soit 27% du total. Une part en baisse par rapport à l’année dernière, où la région accaparait 29,5% des créations d’entreprises.

Suit la région de Tanger-Tétouan-Al Hoceima avec 1.164 créations, soit 16,7%. Une part en hausse par rapport à 2023 où elle se fixait à 15,4%

La région Marrakech-Safi arrive en troisième position avec 823 entreprises enregistrées courant du premier mois de l’année, soit 11,8% du total contre 11,3% en janvier 2023.

La légère baisse globale des créations d’entreprises en janvier est causée par plusieurs facteurs, notamment le phénomène durable d’incertitude depuis 2022.

Un contexte global encore défavorable pour les entrepreneurs et un accompagnement faible

Avec le début de la guerre en Ukraine, l’inflation et l’incertitude se sont installées de façon durable dans le monde. Pour Zakaria Fahim, président de l’Union des auto-entrepreneurs Bidaya, "il est clair que le contexte n’arrange rien. A la base, il n’y a pas une culture de l’entrepreneuriat ; beaucoup y vont par défaut car ils ne trouvent pas d’emploi dans le salariat. Et quand ils y vont, malheureusement, ils ne sont pas très bien armés. Si en plus de cela, le contexte est compliqué, avec une inflation qui s’est maintenue un certain temps à un niveau élevé, ça n’arrange rien".

Pour lui, la stagnation du nombre de créations d’entreprises provient également d’un échec dans le développement du statut d’autoentrepreneur, censé être l’antichambre de la création d’entreprise. "Des erreurs ont été commises sur ce statut, notamment une paupérisation qui a été faite en limitant à 80.000 dirhams le chiffre d’affaires réalisable avec un seul client. Il y a eu le sentiment de devoir payer 30% à partir de 80.000 dirhams même si l’on est une toute petite entreprise. Les gens ont perdu confiance ; je crois qu’il y a un lien de causalité entre ces erreurs et les baisses de créations d’entreprises. L’auto-entrepreneuriat est l’antichambre de la création d’entreprise", explique Zakaria Fahim.

Pour notre interlocuteur, un accompagnement est nécessaire pour faire redémarrer les créations d’entreprises et permettre aux petits entrepreneurs de développer leurs marchés. "Souvent ils n’ont pas les codes, ni l’accompagnement adéquat pour s’en sortir, c’est pourquoi il faut revoir cette politique d’accompagnement de la TPME. Il y a une culture commerçante qui vise à vendre ce que l’on sait que le marché va consommer, et non une culture où l’on communique, où on promeut et on market le produit avant de vendre. Il y a un manque de valorisation. Il ne faut pas non plus donner de l’argent sans avoir un accompagnement non-financier", conclut-il.

OMPIC : près de 7.000 entreprises créées à fin janvier 2024

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