Ce que l’on sait des finances d’Africa Morocco Links, bientôt contrôlée par la CTM
La semaine dernière, le groupe CTM annonçait un projet de prise de contrôle de la société maritime Africa Morocco Link (AML). Mais que sait-on de cette société, de ses états financiers et de sa stratégie de développement ?
AML, société anonyme établie à Tanger, a été créée en 2016 pour assurer une liaison ferries entre le Maroc et l’Europe. Elle est le fruit d’un accord signé entre Bank of Africa qui la détient à 51% et l’armateur grec Attica Holdings S.A., filiale de Marfin Investment Group, le plus grand groupe d'investissement en Europe du Sud-Est. La compagnie de ferries opère sur la voie Tanger Med-Algésiras. Son capital social actuel de 460 MDH.
Une situation financière fluctuante
Médias24 a pu consulter les procès-verbaux des délibérations de plusieurs assemblées générales ou conseils de la société AML, ainsi que des informations complémentaires auprès du groupe grec Attica.
Il s’avère que le groupe était déficitaire en 2017 avec une perte de 160 MDH environ.
Par la suite, la compagnie a commencé à générer des bénéfices. Au global, en 2018, elle a généré un bénéfice de près de 11 MDH, puis d'environ 9 MDH en 2019. Puis, la société a essuyé deux années de perte du fait de la crise du Covid, avec un déficit global en 2020 de près de 27 millions de DH et une perte de 30 millions de DH en 2021.
Cette même année 2021, AML a réalisé une augmentation de capital de 140 MDH en numéraire, par émission de 1,4 million d’actions au prix de 100 dirhams l’action. Le capital social est ainsi passé de 320 MDH à 460 MDH.
La société a renoué avec les bénéfices en 2022 en dégageant un résultat de 45 millions de DH (4,2 millions d'euros à l'époque). Au cours du conseil d'administration tenu le 16 janvier 2023, le management a souligné cette bonne progression, malgré une activité sur 9 mois uniquement dans le transport de passagers et véhicules privés. Une performance poussée notamment par la hausse des prix des billets qui ont plus que compensé la hausse des prix du carburant.
Une stratégie d’expansion des routes est envisagée par ALM
Au cours du conseil du 16 janvier 2023, il est également souligné par le management que la société AML a quasiment atteint la pleine capacité avec les ressources actuelles et ne peut pas capter la croissance du marché (développement du fret). L’entreprise doit se positionner pour éviter l’entrée de capacités supplémentaires par des concurrents existants ou nouveaux. Pour le management, la croissance ne pourra se faire qu’avec de nouveaux investissements et autorisations des autorités marocaines.
AML dispose cependant de plusieurs opportunités de croissance, notamment avec l’acquisition et l’exploitation d’un troisième navire mixte [transport de passagers et marchandises, ndlr], au vu de la détérioration de la situation de la compagnie Intershipping qui œuvrait sur le secteur et qui est en proie à de grandes difficultés.
Le management souhaite également obtenir l’autorisation d’opérer sur Tanger-Ville-Tarifa. "En raison des limitations du port de Tarifa, cette route est exploitée par deux compagnies, et une concurrence saine est attendue", avait-on souligné au cours de cette réunion.
Le groupe cherche également a récupérer la licence Ro-Ro qui, dans le langage maritime, signifie un navire roulier spécialisé dans le chargement, déchargement et transport de marchandises. Une telle licence permettrait à AML de capter la croissance du fret et de pallier les difficultés d’Intershipping. Deux navires seulement font du Ro-Ro dans le détroit, et AML est en dehors de ce segment.
La prochaine étape sera la réunion d'une assemblée généréale extraordinaire de la CTM pour autoriser une levée obligataire de 300 MDH par les actionnaires. Si cette opération est validée, on attendra avec intérêt de connaître la valorisation d'ALM.
Vous avez un projet immobilier en vue ? Yakeey & Médias24 vous aident à le concrétiser!Stena Line va reprendre les 49% d'AML détenus par le Grec Attica