Voici les détails du collège pionnier qui sera lancé dès la prochaine rentrée scolaire

EXCLUSIF. Après les écoles pionnières, le ministère de l’Éducation nationale s’apprête à lancer, dès la prochaine rentrée, la phase d’expérimentation du collège pionnier, dont le principal objectif est de lutter contre l’abandon scolaire. Nombre de collèges participants, critères de choix, formation des enseignants et équipement des salles de classe… Voici tout ce qu’il faut savoir sur cette expérience pilote.

Ph. MAP

Voici les détails du collège pionnier qui sera lancé dès la prochaine rentrée scolaire

Le 19 mars 2024 à 18h09

Modifié 19 mars 2024 à 18h24

EXCLUSIF. Après les écoles pionnières, le ministère de l’Éducation nationale s’apprête à lancer, dès la prochaine rentrée, la phase d’expérimentation du collège pionnier, dont le principal objectif est de lutter contre l’abandon scolaire. Nombre de collèges participants, critères de choix, formation des enseignants et équipement des salles de classe… Voici tout ce qu’il faut savoir sur cette expérience pilote.

Après une première expérience positive du projet des écoles pionnières, le ministère de l’Education s'apprête à lancer, à partir de la prochaine rentrée scolaire 2024-2025, l'expérimentation des collèges pionniers. 

200.000 cas d’abandon par an

Le point d'entrée principal de ce nouveau programme est la lutte contre l’abandon scolaire, afin d'assurer l’effectivité de la scolarité obligatoire.

En effet, "c’est au niveau des collèges que l’abandon scolaire se concentre le plus", nous explique une source du ministère de l'Education nationale. "Nous avons environ 200.000 élèves qui abandonnent chaque année les bancs du collège, et plusieurs facteurs y contribuent".

"Nous avons tout d'abord la crise des apprentissages qui s'accumule au cours des années du primaire et qui fait que les élèves arrivent sans avoir le niveau qui leur permet de réussir au collège", poursuit notre interlocuteur. "Le collège est un espace d'apprentissage plus complexe que le primaire, étant donné qu’il y a davantage de matières enseignées, et des notions plus difficiles. On bascule également vers l'enseignement des sciences en langue française, ce qui crée de la complexité à laquelle les élèves, à la sortie du primaire, ne sont pas nécessairement préparés".

D’autres facteurs cités par notre source peuvent également contribuer à ce phénomène d’abandon. "Il s’agit notamment du fait que les pratiques pédagogiques ne sont pas nécessairement adaptées, ou encore le fait que bien souvent, on travaille pour finir des programmes ou pour accompagner les meilleurs de la classe sans nécessairement accompagner la majorité des élèves qui sont plus en difficulté".

Certains facteurs sont, pour leur part, plus spécifiques au collège. "Ce sont des adolescents qui font face au manque d'attractivité des collèges, pas seulement en termes d'infrastructure et d'espace, mais aussi d'activités. Les collégiens ne s'y retrouvent pas et ne s'y reconnaissent pas".

"Il y a donc cet enjeu d'attractivité des collèges en tant qu'espace d'épanouissement et de développement personnel et, enfin, il y a des sujets qui ont trait à la situation sociale et psychosociale des élèves. Il s'agit d'adolescents en construction, etc.", souligne notre source.

"C'est donc une expérimentation plus complexe. Notre enjeu est d’intervenir sur les facteurs qui influencent le plus et qui contribuent le plus à cette problématique d'abandon, mais aussi sur lesquels le système d'éducation nationale peut agir directement".

230 collèges participeront à cette expérimentation pilote

Lors de la prochaine rentrée, 230 collèges pionniers, représentant environ 200.000 élèves, participeront à cette première phase d’expérimentation.

Si une montée en charge est prévue, une évaluation s’impose pour mesurer l’impact des différentes composantes du programme sur la rétention des élèves, leur épanouissement et leur apprentissage. "L'évaluation continue est très importante. C’est d'ailleurs un élément fondamental de la feuille de route 2022-2026. Il y aura ainsi, l’année prochaine, des évaluations qui permettront d’ajuster les différents composantes du collège, avant de généraliser l’expérience progressivement".

Comment ces collèges ont-ils été sélectionnés ? D'après notre interlocuteur, ce choix repose principalement sur les remontées terrain. "Nous avons demandé aux Académies régionales d’éducation et de formation (Arefs) et aux directions provinciales de nous proposer chacune entre 10 et 30 établissements avec des indications sur le taux d’abandon. Il faut que ce soit des établissements où ce fléau existe pour pouvoir agir dessus. Outre ce critère, il y a également du volontariat, comme pour les écoles pionnières".

Une méthode à quatre axes

L'objectif principal du ministère de l’Education nationale est donc de réduire le taux d'abandon actuel dans les collèges, "et en travaillant sur l'abandon, on doit travailler sur les deux autres objectifs stratégiques de la feuille de route de la réforme dans laquelle s’inscrit ce projet", à savoir la qualité des apprentissages et l’épanouissement des élèves, nous explique le ministère.

"On a besoin de collèges attractifs et d'équipes pédagogiques et administratives mobilisées. Par rapport au primaire, le collège compte beaucoup plus d'enseignants, d'inspecteurs et d'acteurs qui interviennent, que ce soit le conseiller en orientation, le surveillant général ou encore le spécialiste social".

Le modèle élaboré par le ministère pour faire face à ce phénomène repose sur quatre principaux axes, dont le premier est similaire à celui des écoles pionnières. Il s’agit du projet d’établissement intégré.

"L'idée est que l'équipe de l'établissement fédère ses efforts autour d'un projet qui définit les priorités de l'établissement, notamment au regard des trois objectifs stratégiques de la feuille de route. Le projet d'établissement existe déjà dans le système éducatif. Ce n'est pas une nouveauté. C’est plutôt la manière de le conduire qui est innovante. Sa philosophie a complètement été transformée, de manière à ce qu'il devienne vraiment un outil de gestion qui aide l'établissement à s'inscrire dans ce processus d'amélioration".

Les préparatifs en cours dans ces collèges

Ce volet a été entamé au niveau des 230 collèges identifiés. "Nous sommes déjà allés à la rencontre de ces collèges. On a bouclé un cycle de rencontres régionales, où l'on a été en contact direct avec ces structures, leurs directeurs et les acteurs qui vont intervenir, et où le modèle d'intervention a été présenté. On a également été à l'écoute de leurs propositions, craintes et interrogations", souligne notre source.

"La première étape de préparation pour ces collèges, c'est de travailler sur le projet d'établissement intégré. Ce volet est en cours en ce moment. Pour lancer la dynamique dans les collèges, des équipes constituées au niveau de chaque établissement, font un travail de diagnostic sur leurs besoins et leurs priorités pour les transcrire dans un projet d'établissement intégré".

"Il y a donc actuellement un recensement en cours de l'ensemble des besoins, que ce soit en termes de matériel informatique, d'équipements pédagogiques ou sportifs, pour que l'on soit dans les temps pour la réhabilitation, l'équipement, et l'aménagement de ces collèges à la rentrée prochaine".

L’année démarrera avec quatre à huit semaines de remédiation intensive

Le second axe est, lui, centré sur l'élève. Il s'agit de la remédiation, du soutien et de l'accompagnement personnalisé.

Dans le secteur public, "nous avons des élèves qui sont en difficulté et, du coup, on agit  à la fois en préventif et en curatif sur l’apprentissage de ces élèves-là, afin de maximiser leurs chances de réussite", ajoute notre interlocuteur.

Ce second axe se compose de quatre actions. La première est relative à la remédiation intensive en début d'année scolaire, pour pallier les lacunes accumulées. Durant quatre à huit semaines, les enseignants animeront des modules de remédiation selon le niveau réel des élèves, avec une focalisation sur les prérequis dont ils ont besoin pour réussir.

"Le programme scolaire ne débutera réellement qu'au terme de cette remédiation, dont l'objectif est de réduire au maximum l'écart entre le niveau réel des élèves et le niveau nécessaire pour poursuivre leur scolarité au collège".

La seconde action est le soutien tout au long de l'année en mathématiques et en français pour les élèves qui en ont besoin. "Ces deux matières sont déterminantes dans la réussite académique des élèves au collège. En plus d'être des matières, ce sont des outils pour d'autres matières, notamment les sciences. L'idée est donc de programmer un certain volume horaire dans l'emploi du temps des élèves, dont pourrait bénéficier une partie des élèves qui ont des difficultés".

La troisième action est la veille pour identifier les élèves à risque d’abandon et proposer des plans d'action adaptés à leur situation. "Dans ce sens, la Direction des systèmes d'information (DSI) a développé un outil qui permet aux équipes de veille, au sein des établissements, de détecter les élèves à risque, puis d’identifier des interventions personnalisées, à savoir le soutien scolaire ou encore l'accompagnement psychosocial… Le ministère invite aussi les équipes de veille à suivre une certaine méthodologie de travail, avec des réunions régulières, d'abord pour identifier les élèves à risque, ensuite pour développer les plans d'action nécessaires et, enfin, pour faire le suivi de la réalisation de ces interventions".

Dans la pratique, "chacun des membres de la cellule de veille qui sera constituée aura un rôle spécifique à jouer en fonction des besoins de l'élève, que ce soit un professeur, un enseignant principal, un conseiller en orientation ou un spécialiste social, etc.".

Des parcours adaptés de dernière chance

Enfin, la quatrième action a trait aux parcours adaptés aux élèves en difficulté. "Cet élément sera expérimenté au fur et à mesure. L'objectif est que les élèves qui sont en situation de difficulté critique au niveau académique, qui ont par exemple redoublé à plusieurs reprises, et pour lesquels les interventions préventives n'ont pas permis de pallier leurs lacunes, soient orientés vers des parcours adaptés, ayant pour objectif la réussite de ces élèves, soit au sein du collège, soit à l'extérieur du collège, notamment les écoles de la deuxième chance".

"C’est une action de dernier recours. On cible un objectif de zéro exclusion, en limitant l'abandon au maximum. L'effort est mis sur la prévention avec la remédiation, le soutien et l'accompagnement tout au long de l'année. Mais en ce qui concerne les élèves pour lesquels subsistent des besoins et des difficultés, ils seront orientés vers ces parcours adaptés".

Formation des enseignants vers fin mai-début juin

Le troisième axe de la méthode mise en place par le ministère de l’Education nationale pour faire face au fléau d’abandon est relatif aux "pratiques pédagogiques efficaces". Il s’agit, concrètement, "d’outiller les enseignants en cours et outils pédagogiques qui leur permettront de structurer leurs séances, d'assurer l'interactivité avec les élèves, mais aussi la maîtrise des compétences et des connaissances par les élèves".

"Enseigner n’est pas un exercice anodin", estime le ministère. "Cela demande de l'ingénierie, de la précision et de l’amélioration continue. C'est ce qu'on essaie de faire en développant des supports pédagogiques qui traduisent sur le papier les meilleures pratiques en termes d’enseignement efficace, pour focaliser chaque leçon sur des objectifs clairs, réduire la charge cognitive pour les élèves et assurer la maîtrise des objectifs d’apprentissage fixés".

En parallèle, les enseignants seront également formés et accompagnés sur le terrain par des inspecteurs formés. L'inspecteur ne sera pas seulement dans une relation d'évaluation de l'enseignant, mais aussi et surtout dans une démarche d'accompagnement pour sa formation continue et son développement pour assurer la mise en pratique des approches efficaces".

Selon notre source, les formations n’ont pas encore commencé. "Nous sommes encore dans la phase de conception, visant la préparation de la boîte à outils pédagogiques".

"Des équipes d'inspecteurs et d'enseignants travaillent pour développer ces outils-là, en concertation avec des experts. Le démarrage des formations est prévu à partir de fin mai, début juin".

Cap sur les activités parascolaires et sportives

Enfin, le quatrième axe du modèle collège pionnier concerne les activités parascolaires et sportives. "Ce ne sont pas des activités parallèles, ni uniquement du divertissement. Elles ne sont pas non plus optionnelles. Ce sont des activités qu'on veut institutionnaliser dans les collèges, qui sont inscrites dans les emplois du temps, qui sont encadrées et qui sont inscrites dans des objectifs de compétences précis. On cherche à construire des compétences, soit en complémentarité avec ce qui s'enseigne dans les autres matières, soit pour renforcer les compétences qui s'enseignent dans les autres matières".

Cet axe repose sur les activités parascolaires dans une multitude de domaines, que ce soit le théâtre, la lecture, le débat, les sciences, l'environnement ou la musique, qui seront inscrites dans les emplois du temps des élèves. Il repose aussi sur le sport scolaire. "En plus des deux heures de sport que les élèves ont traditionnellement dans leur emploi du temps, nous ambitionnons de réactiver les associations de sport scolaire au sein des collèges pour proposer davantage d'activités aux élèves".

"Les enseignants de sport seront également outillé pour offrir un accompagnement, notamment aux élèves qui connaissent une baisse de motivation, indisciplinés ou autre. L'objectif est de profiter aussi de ces activités pour bénéficier de moments d'échange et de coaching avec les enseignants", conclut notre interlocuteur.

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