Taux directeur : le statu-quo est l'option la plus attendue par les investisseurs
L’inflation est en nette décrue dans le monde, sur 12 mois glissants. Au Maroc, elle est passée d’un record de 10,1% en février 2023 à 2,3% à fin janvier 2024. Des signaux encourageants à quelques jours de la première réunion du conseil de Bank Al Maghrib (BAM) qui va statuer sur le taux directeur le 19 mars prochain.
Après un resserrement monétaire entamé en septembre 2022 et une hausse de 150 pbs pour emmener le taux directeur à 3%, qu’anticipe le marché et quels sont les scénarios les plus probables ?
Le statu-quo est majoritairement attendu
Plusieurs sources de la place nous expliquent que dans leur majorité, les investisseurs tablent sur un nouveau statu quo de BAM la semaine prochaine. En effet, plusieurs facteurs laissent à penser que le taux directeur restera à 3%, notamment un certain degré d’incertitude qui continue de planer concernant l’inflation. "Sur le plan géopolitique, il continue à y avoir des tensions, et cela injecte de l’incertitude", explique l’un de nos interlocuteurs.
Le 12 mars, l’inflation aux Etats-Unis a marqué une très légère hausse en février par rapport à janvier 2024, passant de 3,1% à 3,2%. Une donnée qui est venue conforter la prudence avec laquelle la FED a amorcé sa détente monétaire.
"On observe bien l’expérience à l’international avec la FED qui devait en toute logique débuter son desserrement monétaire en mars 2024 et l’a elle-même reporté pour au moins mai ou juin. Je ne vois pas comment nous, qui sommes très loin par rapport à la période de baisse de l’inflation aux Etats-Unis, pourrions commencer une baisse avant eux", explique notre autre source.
La FED et la BCE font preuve de prudence et attendent que l’inflation se stabilise dans une longue durée avant d’amorcer une détente monétaire. "Ce qui semble logique, c’est que le Maroc suivra les grandes banques centrales du monde (BCE, FED) quand elles amorceront leur pivot monétaire. Il semblerait plus vraisemblable que le Maroc entame une baisse du taux directeur en septembre ou décembre de cette année", explique l’une des sources.
Il faut rajouter qu’à l’échelle marocaine, une hausse de l’inflation alimentaire sera très probablement observée au mois de mars du fait du ramadan et de la forte demande des ménages en denrées. Cependant, ce potentiel sursaut serait lissé sur l’année entière et n’est pas de nature à influencer la politique monétaire de la banque centrale, ni altérer ses prévisions d’inflation.
Une stagnation du taux déjà pricée, baisse attendue plus tard cette année
De plus, la stagnation du taux directeur depuis mars 2023 a impliqué une certaine accalmie au niveau des taux créditeurs et débiteurs. "Les conditions de financement de l’économie demeurent actuellement assez stables. Les taux obligataires sur le marché reflètent totalement les anticipations d’un statu-quo de BAM et sont dans une zone stable, voire légèrement baissière du fait de la baisse des exigences de rentabilité des investisseurs", explique notre source.
Une version corroborée par une autre source du marché qui considère que le marché a anticipé une baisse du taux directeur cette année, mais pas aussi tôt. "Le marché dans sa globalité pense qu’une baisse surviendra cette année. Cependant, il est plus probable qu’elle survienne en fin d’année. Même une baisse au mois de juin étonnerait. Les anticipations sont plutôt fixées sur la fin d’année", explique-t-il.
D’ailleurs, pour l’une de nos sources, sur le court terme, la baisse du taux directeur est pricée sur les taux obligataires. "Une baisse de 25 pbs qui pourrait se faire en septembre ou décembre est déjà prise en compte sur la partie courte des taux", conclut-il.
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