L'étude en question établit une analyse de la dynamique du secteur textile et cuir marocain, au cours de la dernière décennie.

Dévoilée par l'Office des changes ce jeudi 14 mars, elle donne d'abord un aperçu de l'évolution de la balance commerciale du secteur. Première chose à retenir : le Maroc a plus importé qu'exporté durant la période étudiée.

Depuis 2006, les échanges commerciaux du secteur s'inscrivent dans une tendance haussière, atteignant 96,4 MMDH en 2022 contre une moyenne de 51,5 MMDH entre 2002 et 2005. Une tendance qui a bénéficié aux importations plus qu’aux exportations, note l'Office des changes.

Le taux de couverture et le solde commercial s'inscrivent depuis 2007 dans une tendance baissière, souligne l'étude de l'Office des changes. Le solde commercial devient déficitaire pour la première fois en 2019. En 2022, le déficit commercial s'établit à -3,7 MMDH contre -5,4 MMDH une année auparavant, soit un allégement de 1,7 MMDH.

Augmentation des exportations marocaines

Les exportations marocaines du secteur textile et cuir ont néanmoins enregistré un taux d’accroissement annuel moyen (TCAM) de 2,1%, atteignant 46,3 MMDH en 2022 contre 30,1 MMDH en 2002. Entre 2014 et 2019, les ventes du secteur ont atteint des niveaux record, avec un pic enregistré en 2018 (40,3 MMDH). En 2020, ces exportations ont régressé de 18,6% suite aux répercussions de Covid-19, avant d’augmenter de 15,3% en 2021 et de 22,6% en 2022.

La structure des principaux clients du secteur textile et cuir demeure stable, observe l'Office des changes. Ce dernier tient à nuancer : la part des principaux clients dans les exportations marocaines de ce secteur a significativement changé entre 2002 et 2022.

L'Espagne est devenue le premier client du Maroc en 2022, accaparant une part de 54%. Elle a détrôné la France, classé premier client du Royaume en 2002, avec une part de 41%. L'Hexagone est arrivé deuxième du classement en 2022, en s'appropriant une part de 17%.

Le Royaume-Uni demeure le troisième principal client du Maroc en matières de textile et cuir, malgré la baisse de sa part au fil des années (19% en 2002 contre 7% en 2022).

Faible compétitivité du secteur textile et cuir marocain

La compétitivité et la productivité nationales sont les autres aspects étudiés par l'Office des changes.

La part de marché mondiale figure parmi les indicateurs qui permettent de mesurer le niveau de compétitivité extérieure d’un pays. L’évolution de cet indicateur pour le Maroc, concernant les produits "textile et cuir" sur la période 2002-2022, affiche une légère baisse passant de 0,57% en 2002 à 0,4% en 2022, fait savoir l'étude.

L'évolution de la part marocaine de marché, au niveau mondial, cache une évolution mitigée : la part du Maroc sur le marché africain qui repart à la hausse à partir de l’année 2002 avant de s’établir à 0,2% en 2022. Et la part de marché du Maroc sur le marché européen qui s’est inscrite dans une tendance baissière le long de la période 2002-2022, se situant à 1,2% en 2022 contre 1,4% en 2002.

Pour mesurer la productivité du secteur textile et cuir au Maroc, l'Office des changes s'est intéressé à la productivité du travail en termes de valeur ajoutée, en calculant l’indice de volume de la valeur ajoutée et du facteur travail.

Au cours de la période 2010-2019, la valeur ajoutée du secteur textile et cuir est demeurée quasi stable, note l'Office. Au titre de l’année 2020, une baisse a été enregistrée due aux effets de la crise sanitaire liée à Covid-19, avant d’augmenter en 2021 et 2022 pour afficher un niveau similaire à celui de la période 2010-2019.

Cette quasi-stabilité corrobore les constats relevés précédemment selon lesquels l'offre exportable de ce secteur peine à réaliser les résultats escomptés et à assurer une montée en gamme de l’industrie marocaine du textile, et ce, malgré les efforts déployés, souligne l'Office des changes. En effet, le secteur souffre de la prédominance de la sous-traitance, de la faible diversification des partenaires commerciaux en sus d'une concentration des exportations sur quelques produits à faible valeur ajoutée.

L’analyse de la productivité du travail en termes de valeur ajoutée sur la période 2010-2021 laisse, quant à elle, apparaître une croissance positive annuelle moyenne de 1,4%. Cela signifie que la productivité du facteur travail dans le secteur textile et cuir se caractérise globalement par une tendance haussière, malgré sa volatilité constatée tout au long de la période en question, explique-t-on.

Pour remédier aux lacunes constatées au niveau de l'offre exportable marocaine du secteur textile et cuir, l'Office des changes recommande la promotion du made in Morocco, l'encouragement de l'innovation, la diversification des marchés et des produits, ainsi que la formation du capital humain.

Profil des exportateurs marocains actifs du secteur textile et cuir

L'Office des changes a également consacré une bonne partie de l'étude au profil des exportateurs marocains actifs du secteur textile et cuir.

Au cours de la période 2012-2022, le nombre des exportateurs marocains actifs du secteur textile et cuir a connu une évolution contrastée, souligne l'Office des changes. Après une hausse entre 2012 et 2014 passant de 917 à 949 opérateurs, une baisse du nombre des entreprises actives à l’export a été constatée à partir de l’année 2015. Ce recul est dû à la rude concurrence qu’a subie le secteur, surtout dans la composante "sous-traitance" assurée par des pays dont le prix travail (coût de la main-d’œuvre) est considérablement bas.

Après une reprise en 2017, le nombre des exportateurs actifs du secteur textile et cuir a augmenté entre 2018 et 2020 pour atteindre 962 opérateurs en 2020. En 2021 et 2022, le nombre de ces opérateurs baisse pour atteindre 941 en 2021, et 947 en 2022. Cette baisse est due principalement à la pandémie.

La majorité du CA est réalisé dans les régions de Casa-Settat, Tanger-Tétouan-Al Hoceima et Fès-Meknès

Le chiffre d'affaires réalisé par les exportateurs marocains actifs du secteur textile et cuir s’est inscrit dans une tendance haussière entre 2012 et 2018, enregistrant un TCAM de 2,3%. En 2020, le chiffre d'affaire à l’export du secteur a diminué en 2020 par rapport à 2019 pour atteindre 30,5 MMDH.

En 2021, avec la levée des restrictions liées à la crise sanitaire, une reprise remarquable du chiffre d’affaires à l’export a été constatée, atteignant 36,7 MMDH, note l'Office des changes. Cette reprise s'est poursuivie en 2022 ; année durant laquelle un nouveau record du chiffre d’affaires a été enregistré (les ventes se sont établies à 44,9 MMDH).

Le croisement des variables 'tranche de chiffre d’affaires à l’export' et 'tranche d’âge d’entreprise', au cours de la période 2012-2022, permet de déduire une présence importante des TPE dans la plupart des tranches d’âge, avec une forte concentration de cette population dans la tranche d’âge inférieure à 5 ans.

L'étude permet de constater que la majorité du chiffre d’affaires est réalisée dans les régions de Casa-Settat, Tanger-Tétouan-AL Hoceima et Fès-Meknès.

L’analyse de l’évolution du nombre d'exportateurs actifs du secteur textile et cuir, par âge d’entreprise sur la période 2012-2022, montre l’importance du poids des exportateurs actifs dont l’ancienneté est inférieure à 10 ans.