Le cash en circulation a augmenté de 222 milliards de DH en une décennie
Le cash en circulation s'est accélérée après la pandémie de Covid-19. C'est l'un des éléments que l’on peut relever en observant l’évolution des statistiques monétaires sur les cinq dernières années publiées par Bank Al Maghrib.
Au-delà de ce constat, on remarque aussi que la progression de ce cash en circulation est plus rapide que la progression des dépôts à vue auprès des banques.
Le cash en circulation a progressé de 130% en dix ans
Structurellement, dans le Royaume, la hausse du cash en circulation est globalement de l’ordre de 6% à 8% par an. Mais depuis la pandémie, la tendance haussière s’est accélérée. Durant l’unique année 2020, le cash en circulation bondissait de 20,4%, soit 51 MMDH en valeur pour atteindre la barre symbolique des 301 MMDH. Une poussée anormale provoquée par un effet de panique qui a conduit les gens à retirer de l’argent en masse, mais également du fait des aides directes de l’Etat versées aux ménages.
Fin 2023, d’après les derniers chiffres de BAM, ce sont près de 100 MMDH additionnels qui circulent avec 393 MMDH. Sur l’année 2023 uniquement, le cash en circulation s’est alourdi de près de 11%. Une hausse similaire à celle observée durant l’année 2022.
Si l’on rallonge l’échelle de temps et que l’on observe la tendance sur les dix dernières années, à savoir de janvier 2014 à fin décembre 2023, le cash en circulation a progressé de 130%. En valeur, on parle de 222 MMDH additionnels en circulation sur une décennie.
Les dépôts à vue ont doublé sur la même période
Mais parallèlement, les statistiques de BAM montrent que sur les dix dernières années, les dépôts à vue auprès des banques, eux, n’ont progressé que de 101% pour se fixer à 812 MMDH, alors qu’ils atteignaient 403 MMDH en janvier 2014.
De fait, c’est une hausse bien moins rapide que la progression du cash en circulation. Si l’on observe également la part qu’occupent les dépôts à vue auprès des banques dans l’agrégat monétaire M1, qui représente la masse monétaire au sens étroit, recensant les actifs liquides, divisibles, transférables et avec un coût de transaction nul, on constate que cette part décroît. De janvier 2014 à décembre 2023, la part des dépôts à vue auprès des banques dans M1 est passée de 65% à 63%.
Dans le même temps, par rapport au même agrégat, la part du cash en circulation s’est alourdie, passant de 27% à 30%.
Contactée, une source du marché fournit quelques explications : "Cela raconte le phénomène social de l’informel, qui constitue toujours une part importante de notre économie. Et cela ne semble pas s’améliorer ; ce qui est mis en place pour lutter contre la propagation du cash ne fonctionne donc pas. De plus, c’est un manque à gagner énorme pour l’économie car c’est de l’argent qui est en dehors du circuit bancaire. C’est un manque de recettes fiscales, IS, TVA… C’est moins d’impôts, moins d’investissements. On gagnerait beaucoup à faire rentrer cet argent dans le système, rien que pour la croissance économique".
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