Lord Daniel Hannan : “Je ne vois pas d'alternative à la reconnaissance de la souveraineté marocaine au Sahara”

Dans cet entretien, le membre de la Chambre des Lords au Royaume-Uni, mais aussi président de l’Institut pour le libre-échange, évoque les axes de collaboration et les opportunités de développement des relations bilatérales entre les deux Royaumes.

Lord Daniel Hannan : “Je ne vois pas d'alternative à la reconnaissance de la souveraineté marocaine au Sahara”

Le 25 janvier 2024 à 19h16

Modifié le 25 janvier 2024 à 19h23

Dans cet entretien, le membre de la Chambre des Lords au Royaume-Uni, mais aussi président de l’Institut pour le libre-échange, évoque les axes de collaboration et les opportunités de développement des relations bilatérales entre les deux Royaumes.

Auteur, chroniqueur, homme politique britannique et membre actuel de la Chambre des Lords, Daniel Hannan, lord de Kingsclere, est également président de l’Institut de libre-échange, qui collabore avec l’ambassade du Maroc à Londres dans le cadre de projets visant à améliorer les relations bilatérales entre les deux Royaumes.

Pour Lord Hannan, des améliorations en termes d’exportation, de financement d’investissement, etc. se feront aussi par la reconnaissance totale de la souveraineté marocaine sur son territoire du Sud. Une reconnaissance à laquelle lord Hannan ne voit pas d’alternative sur le long terme.

Médias24 : Vous avez plusieurs casquettes, dont celle de président de l’Institut pour le libre-échange. Pouvez-vous nous parler davantage de cet organisme de recherche ?

Lord Hannan  : L’Institut du libre-échange existe pour promouvoir le libre-échange, éliminer les obstacles, etc. Nous considérons cela comme une tâche vraiment urgente à l’heure actuelle. Depuis la pandémie, il y a eu beaucoup de protectionnisme, beaucoup de tentatives de substitution aux importations, pour être autosuffisants ; ce qui est très mauvais pour l’économie mondiale.

Nous considérons également que le commerce offre l'occasion de profiter de certaines opportunités du Brexit, car lorsque nous étions dans l’Union européenne, nous n’avions pas le droit de mener d’autres politiques commerciales que celles contrôlées par Bruxelles. Donc, très souvent – je pense que le Maroc en est un bon exemple –, nous nous sommes retrouvés avec un accord qui ne convient pas vraiment à notre pays. Et nous pouvons maintenant améliorer cela d’une manière qui, je pense, serait meilleure pour le Maroc également.

- L’Institut est en collaboration avec l’ambassade du Maroc à Londres. Sur quoi portent vos projets de collaboration ?

- En effet, nous aimerions améliorer les échanges commerciaux bilatéraux entre le Royaume-Uni et le Maroc. Par exemple, l'année dernière, il y a eu une pénurie de tomates dans les magasins britanniques, et même s'il y avait une pénurie de tomates, nous appliquions toujours un quota aux tomates marocaines. Les Marocains ne sont donc autorisés à vendre qu’une certaine quantité de tomates. C'est incroyables, car les tomates britanniques sont rares, chères et doivent être produites dans des serres qui consomment énormément d’énergie. De plus, la saison n'est pas la même que la saison de production marocaine, donc il n'y a même pas de concurrence directe.

Nous pouvons négocier des accords plus ambitieux avec le gouvernement marocain

Pourquoi avons-nous ce quota ? Parce que l'UE a évidemment imposé la protection des producteurs de tomates au Portugal et en Espagne. Maintenant que nous ne sommes pas dans l’UE, pourquoi gardons-nous toujours les tomates marocaines à l’écart, dans l’intérêt des producteurs de tomates espagnols ? Il s’agit là d’un exemple spécifique, mais il y en a bien d’autres pour lesquels nous pouvons aller plus loin que ce que nous avons pu faire dans l’UE, et négocier des accords plus ambitieux avec le gouvernement du Maroc.

Je dois dire que le Maroc se montre bien plus ambitieux que les autres pays de la région en la matière. Il y a ici un véritable plan de développement et de croissance.

- Que représente votre visite au Maroc, en termes d’opportunités de développement et de renforcement des relations entre les deux Royaumes ?

- Si je peux revenir avec un plan que nous pourrions mettre en œuvre prochainement pour apporter quelques améliorations, ce sera une bonne chose. Toute suppression d’obstacles est une bonne chose. Cela fait baisser les prix, donne aux gens de l’argent à dépenser, etc.

Je suis conscient de ce que les gouvernements peuvent faire et de ce qu’ils ne peuvent pas faire. Je ne peux donc pas convaincre une entreprise britannique de démarrer une fabrication à Tanger, cela dépend d’elle. En revanche, je peux identifier s’il existe une raison législative ou réglementaire pour laquelle elle ne le fait pas. Et voir ensuite si nous pouvons la changer.

Je ne vois pas d’alternative à long terme à la reconnaissance de la souveraineté marocaine

- L’accord d’association Maroc-UK, qui couvre l'entièreté du territoire marocain, s’est montré particulièrement bénéfique. Pensez-vous que UK export-finance va étendre le financement aux porteurs de projets d’investissements britanniques souhaitant investir dans le sud du Maroc ?

- Je ne suis pas porte-parole du gouvernement, mais finalement je ne vois pas d’alternative à long terme à la reconnaissance de la souveraineté marocaine. Il arrive un moment où il faut dire que c’est la meilleure offre disponible. Rien n’est parfait dans ce monde, mais le plan d’autonomie est un plan juste et équilibré avec lequel toutes les parties devraient pouvoir vivre.

Et bien sûr, si nous faisons cela, cela ouvrira la porte à tout ce dont vous parlez : exportation, financement, et tout le reste. Vous pourrez, je suppose, aborder la question par étapes en disant que ceux-ci bénéficient d’une reconnaissance de facto, mais j’aimerais être plus ambitieux et voir si nous pouvons viser une reconnaissance totale.

- Selon vous, comment le Maroc peut renforcer sa position stratégique de “Gateway to Africa” ?

- C'est une question pour vous, mais vous semblez plutôt bien vous en sortir. Il s’agit d’abord d’infrastructures primaires, donc la construction d’installations portuaires et de transport que le Maroc associe à un rapprochement politique avec les pays africains, ce qui est très utile et très précieux. Je pense donc que le Maroc, par son histoire et sa géographie, est extrêmement bien placé comme racine entre l’Afrique de l’Ouest et l’Europe.

Par ailleurs, il est important pour moi de relever que, chaque fois que je viens au Maroc, je suis impressionné par le fait que le Maroc devient de plus en plus anglophone. Il existe de grandes économies anglophones en Afrique de l’Ouest ; le fait que le Maroc soit en réalité trilingue est un atout sous-estimé.

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