Grogne dans le secteur de la santé : Khalid Aït Taleb fait une nouvelle proposition, la CDT demande plus

Ce mois de janvier a été tendu entre le ministère de la Santé et les syndicats du secteur. À l'origine de ces tensions, les demandes d'augmentation de salaire. De nouvelles rencontres ont eu lieu entre les deux parties ce vendredi 19 janvier, durant lesquelles le ministère a dévoilé sa seconde proposition, refusée encore une fois par certains syndicats, notamment celui affilié à la CDT.

Grogne dans le secteur de la santé : Khalid Aït Taleb fait une nouvelle proposition, la CDT demande plus

Le 21 janvier 2024 à 11h01

Modifié 21 janvier 2024 à 9h40

Ce mois de janvier a été tendu entre le ministère de la Santé et les syndicats du secteur. À l'origine de ces tensions, les demandes d'augmentation de salaire. De nouvelles rencontres ont eu lieu entre les deux parties ce vendredi 19 janvier, durant lesquelles le ministère a dévoilé sa seconde proposition, refusée encore une fois par certains syndicats, notamment celui affilié à la CDT.

Les personnels de santé protestent pour réclamer une hausse des salaires. Le ministère de la Santé a répondu aux revendications le 16 janvier par une première proposition, qui a été refusée par tous les syndicats du secteur.

Celle-ci a été jugée "maigre" et a poussé les syndicats à monter au créneau, en programmant de nouvelles formes de protestation, dont des grèves nationales des infirmiers, des administrateurs et des techniciens de santé, pouvant paralyser le secteur.

Pour contenir leur colère et éviter le scénario du secteur de l’enseignement, ces syndicats ont été rapidement conviés ce vendredi 19 janvier par le ministère de la Santé à des rencontres one to one. Sa nouvelle proposition est la suivante, selon le Syndicat national de la santé (SNS), affilié à la CDT :

- Une augmentation nette de 1.500 DH des salaires mensuels des infirmiers, via une indemnisation sur les risques professionnels.

- Une augmentation nette de 1.200 DH des salaires mensuels des administrateurs et techniciens de santé, également via une indemnisation sur les risques professionnels.

- Ces augmentations seront versées en deux tranches, à partir du 1er janvier 2025.

- La création d'un nouveau grade pour toutes les catégories du secteur à partir de 2026 : médecins, pharmaciens, chirurgiens dentistes, infirmiers, techniciens de santé, infirmiers assistants, administrateurs et techniciens, techniciens assistants, administrateurs assistants et assistants de santé notamment (techniciens d'urgence, assistants de soins, assistants dentistes...).

- L'amélioration des conditions de promotion pour toutes les catégories.

- Une prime d'au moins 1.000 DH nets par mois pour les fonctionnaires des établissements SRES.

- L'indemnisation sur l'encadrement d'au moins 1.000 DH nets par mois.

- La création d'un cadre de santé supérieur avec ses nouvelles indemnisations.

"Peut mieux faire"

Dans un communiqué (ci-dessous) publié à l'issue de sa réunion avec le ministère, le SNS-CDT estime que "la seconde proposition du ministère est meilleure que la première, mais qu'elle nécessite encore des améliorations, en particulier sur le volet financier".

Le syndicat propose également que "toute augmentation entre en vigueur à partir de janvier 2024, au lieu de janvier 2025".

Une réponse du ministère devra leur être adressée dans deux jours, conclut le communiqué.

Les revendications des syndicats et la première proposition du ministère

Rappelons que cette nouvelle proposition fait suite à une première, qui avait été refusée par tous les syndicats du secteur dont les principales revendications, d’ordre financier, se déclinent comme suit :

- une augmentation générale nette de 3.000 DH pour toutes les catégories du secteur ;

- une augmentation de la prime de risque à 4.000 DH ;

- unifier cette prime de risque à tous les professionnels du secteur ;

- la création d’un cadre supérieur ;

- l’instauration du 13e et du 14e mois.

Il s’agit là des revendications communes. Le reste diffère d’une catégorie à l'autre.

Les différents dossiers revendicatifs ont été adressés au ministère de la Santé pour examen en décembre, et des protestations d’avertissement avaient été organisées en ce mois de janvier, à la suite desquelles le ministère avait dévoilé sa première proposition.

Le 16 janvier dernier, le ministère avait principalement proposé ce qui suit :

- une augmentation nette des salaires des infirmiers de 800 DH via les indemnisations pour risque professionnel ;

- une augmentation nette des salaires des administrateurs et techniciens de santé de 600 DH ;

- l’amélioration des conditions de promotion ;

- l’ajout d’un nouveau grade à toutes les catégories de santé à partir de 2027 ;

- l’augmentation de l’indemnisation sur la garde et l’astreinte ;

- l’examen de l’unification du système des retraites lors de la session d’avril du dialogue central…

Le ministère avait également approuvé le maintien du statut de fonctionnaires du secteur public et de toutes les garanties prévues par ce dernier, notamment en ce qui concerne les postes budgétaires, ainsi que la préservation des acquis, que ce soit au niveau de la stabilité professionnelle, la mobilité, le recrutement par concours, les procédures disciplinaires et les situations administratives.

Les raisons du refus

Cette proposition avait été jugée "maigre" par tous les syndicats, estimant qu’elle ne correspondait pas à leurs revendications.

"Nous revendiquons une augmentation générale nette de 3.000 DH au profit de tous les infirmiers et techniciens de santé", nous a expliqué ce vendredi matin un représentant du Syndicat indépendant des infirmiers et techniciens de santé, joint par Médias24.

"La dernière augmentation dont nous avons bénéficié remonte à 2006, et était de l’ordre de 100 DH. Ces 3.000 DH sont donc un rattrapage de toutes ces années où notre salaire est resté inchangé", ajoute notre interlocuteur.

"Outre cette augmentation, nous appelons à l’amélioration de la situation des victimes du décret de 2017, relatif à l'équivalence administrative des infirmiers et techniciens de santé, en vue de régulariser leur situation administrative ". Et d’expliquer : "En 2017, les titulaires d’un Bac+3, qui étaient à l’échelle 9, étaient passés à l’échelle 10, tandis que les titulaires d’un Bac+5 étaient passés de l’échelle 10 à l’échelle 11. D’autres infirmiers n’avaient cependant pas bénéficié de cette régularisation. Leur situation doit donc être améliorée".

"Nous appelons aussi à la création d’un cadre supérieur. Certains infirmiers qui ont des formations en gestion ou en pédagogie sont toujours considérés comme infirmiers. Le ministère doit alors créer un nouveau cadre, fixer ses fonctions, les catégories qui y seront intégrées et leurs indemnisations".

En ce qui concerne la prime de risque, qui semble être le dossier le plus épineux, notre source déplore le fait que "les infirmiers, qui encourent le plus de risques, sont ceux qui touchent la plus faible indemnisation". "Celle-ci s’élève à 1.400 DH, et est incluse dans notre salaire mensuel de 6.200 DH".

"Tout le personnel de la santé encours un seul et même risque. Le VIH ou l’hépatite ne différencient pas entre un médecin et un infirmier ou un technicien de santé. Les médecins touchent entre 2.900 DH et 5.900 DH, selon leurs grades. Nous demandons alors, d’abord, l’augmentation de cette prime de risque professionnel, mais aussi de l’unifier pour tout le secteur, d’autant plus que de nombreux chantiers sont en cours dans le cadre de la réforme de la santé. Le secteur sera ainsi productif et générateur de revenus. Le ministère peut alors se permettre une telle augmentation des salaires", poursuit notre interlocuteur.

Et de conclure : "Même si l’on aboutit à un accord à l’issue de la rencontre de ce vendredi avec le ministère, nous maintiendrons notre grève prévue ce samedi 20 janvier, mais nous suspendrons le reste de notre programme de protestation. Nous nous sommes déjà organisés, et les infirmiers et techniciens de santé affiliés à notre syndicat sont en place pour protester. Dans le cas contraire, tout notre programme sera maintenu".

Programme de protestation prévu par le Syndicat indépendant des infirmiers et techniciens de santé.

Le SNS-CDT avait, lui, prévu une grève nationale le 24 janvier prochain, accompagnée de sit-in régionaux le même jour. Au moment de la publication de cet article, nous ignorons encore si cette grève sera maintenue.

Pour sa part, dans un communiqué publié le mercredi 17 janvier sur sa page Facebook, le Syndicat indépendant des cadres administratifs et techniciens de santé explique son mouvement de protestation notamment par l'entrée en vigueur prochaine du nouveau système de groupements territoriaux de santé, et les risques qu’il représente pour les acquis des professionnels du secteur.

Outre le SNS-CDT, les autres syndicats n'avaient, au moment où nou smettions en ligne, pas encore exprimé leur position par rapport à la nouvelle proposition du ministère.

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