Le développement dans les pays du Sahel, non seulement une opportunité mais une nécessité

INITIATIVE ATLANTIQUE. Face aux nombreux problèmes que vivent les pays du Sahel, l’initiative royale paraît comme un plan audacieux à l’ampleur stratégique qui a le potentiel de contribuer à une solution durable et de transformer la perception qu’a le monde de cette région.

Les premiers ministres de l'Alliance des Etats du Sahel réunis au Niger, le 31 décembre 2023

Le développement dans les pays du Sahel, non seulement une opportunité mais une nécessité

Le 1 janvier 2024 à 11h10

Modifié 2 janvier 2024 à 7h46

INITIATIVE ATLANTIQUE. Face aux nombreux problèmes que vivent les pays du Sahel, l’initiative royale paraît comme un plan audacieux à l’ampleur stratégique qui a le potentiel de contribuer à une solution durable et de transformer la perception qu’a le monde de cette région.

Insécurité, changement climatique, pauvreté, sanctions économiques… le Sahel fait face à des défis de grande taille dont les répercussions dépassent les pays de la région et menacent son environnent proche et plus lointain. Des problèmes qui ne peuvent être ignorés par la communauté internationale, et qui appellent à une réponse adéquate et surtout co-construite avec les Etats de la région.

Bien plus qu’une simple manœuvre diplomatique comme tentent de la dépeindre les adversaires du Maroc, l’initiative royale s’inscrit dans la vision stratégique qui vise à faire du Royaume une porte économique pour l’Afrique, mais contribue aussi bien à répondre de façon plus intelligente aux difficultés auxquelles font face les pays du Sahel.

Au-delà de l’urgence d’agir, l’initiative royale redessine le paradigme, en explorant les opportunités de développement et en jetant les bases d’un partenariat durable, gagnant-gagnant et qui repose sur la confiance mutuelle et le respect de la souveraineté des Etats, tenant compte ainsi du contexte politique et du sentiment national chez les populations de cette région.

La démographie galopante autant une menace qu’une opportunité

Selon les projections des Nations-Unis, les 4 pays concernés par l’initiative marocaine, à savoir le Mali, le Burkina Faso, le Niger et le Tchad compteront en 2050 près de 190 millions d’habitants, soit le double de la population actuelle des pays du Maghreb. En 2021, leur population totale n’était que d’environ 86 millions.

En effet, c’est la région où la population croit le plus vite au monde. Le Niger par exemple est le champion mondial de la fécondité avec 7 enfants par femme. Le taux le plus faible d’entre les 4 pays est celui du Burkina, avec 4,8 enfants par femme, soit le double du chiffre au Maroc.

Si jusque-là, la construction de routes et autres infrastructures de connectivité au bon milieu du Sahara pouvait ne pas se justifier au vu de la faible densité de la population, ce n’est plus le cas aujourd’hui et encore plus dans les décennies à venir. Cette région a non seulement le potentiel de devenir un marché important, mais aussi d’exporter des biens manufacturés en valorisant sur place les nombreuses ressources minières et naturelles dont elle dispose.

Lors de la première réunion ministérielle de coordination, organisée le 23 décembre à Marrakech, Nasser Bourita a déclaré qu’ "au commerce mercantile, le Souverain préfère l’investissement créateur de véritables richesses communes et durables". Ce qui laisse penser que l’initiative royale ne concerne pas seulement la création de nouvelles routes commerciales mais aussi le développement des chaînes de valeur en se basant sur le potentiel de synergies entre les économies de la région.

L’inaction ne peut qu’accentuer les problèmes économiques et sociaux

En l’absence d’une stratégie de développement sérieuse pour ces pays, le risque est que la croissance économique ne soit pas suffisante pour couvrir la croissance démographique, aggravant ainsi la pauvreté dans ces pays qui est déjà à des niveaux très élevés. Il s’agit actuellement de 40% de la population qui vit dans une pauvreté extrême, et ils seront près de 13,5 millions de personnes qui pourraient basculer dans la pauvreté selon la Banque mondiale d’ici 2050.

La région est aussi parmi les plus touchées par les effets du réchauffement climatique qui, faut-il le rappeler, est essentiellement causé par les pays industrialisés. Au Sahel, la température augmente 1,5 fois plus rapidement que dans le reste du monde, alerte la Banque mondiale. L’aggravation de la sécheresse et de la désertification risque d’amplifier les mouvements de migration des populations vers d’autres pays africains mais également vers l’Europe.

Malgré la crise sécuritaire, la région n’est pas prête à sacrifier sa souveraineté

Depuis l’effondrement de l’Etat en Libye en 2011 et la profusion d'armes qui s’en est suivie, le Sahel a connu une grande déstabilisation qui se poursuit à nos jours. Les groupes terroristes affiliés à Al Qaida et l’Etat islamique qui gangrènent la région, causent insécurité, exode des populations, affaiblissement du pouvoir central et renforcement des mouvements séparatistes.

De tous ces maux dont souffrent les pays du Sahel, c’est la montée en puissance des groupes terroristes qui inquiète le plus les puissances occidentales. En tout cas, c’était l’alibi de la France pour y intervenir à travers les opérations de Serval et Barkhane. Après des années de présence française, le dernier soldat français a quitté le Niger en décembre en même temps que la fermeture de l’ambassade française à Niamey a été annoncée.

Il faut dire que cet environnement d’insécurité couplé au sentiment d’ingérence des puissances étrangères a érodé au fil du temps la légitimité des pouvoirs en place. Cela a abouti à des coups d’Etat successifs, au Mali en 2020 et 2021, au Burkina en 2022 et au Niger en 2023. Les nouveaux régimes revendiquent une souveraineté retrouvée, notamment après l’exigence du départ de l’armée française.

A chaque putsch, la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cedeao) a suspendu le pays concerné et imposé des sanctions économiques, aggravant ainsi la crise sociale. La Cedeao invoque des raisons de respect de la constitution, alors que les pays suspendus accusent l’organisation régionale d’être à la solde des occidentaux.

Plus unis que jamais, les pays de l’Alliance des Etats du Sahel en recherche de partenaires fiables

Le 16 septembre 2023, alors que les spéculations sur une intervention militaire de la Cedeao appuyée par l’Occident étaient à leur comble, les trois pays ont annoncé la création de l’Alliance des Etats du Sahel (AES), une alliance militaire destinée à faire front commun contre le terrorisme mais aussi contre toute agression étrangère. A présent, on parle même de fédération qui réunit les trois nations, de projet d'intégration économique et de monnaie commune qui viendra se substituer au Franc CFA, considéré comme instrument colonial.

Encore une fois, lors de la réunion de Marrakech, les trois pays semblaient parler de la même voix, insistant à chaque occasion sur l’importance du respect de leur souveraineté. C’est d’ailleurs l’une des raisons qui les ont poussés à adopter l’initiative royale. Leurs ministres des affaires étrangères ont salué l’approche marocaine qui s’inscrit dans un cadre d’intégration africaine, de coopération sud-sud et de partenariat gagnant-gagnant et non pas de relation paternaliste ou de rapport de force, comme d’autres pays essayent de le faire croire.

La diplomatie marocaine semble avoir bien compris l’état d’esprit qui règne chez les populations du Sahel et de leurs dirigeants. Dans son allocution lors de la réunion ministérielle, Nasser Bourita avait déclaré que « le sécuritaro-militaire aussi important soit-il, reste parcellaire, et seul le développement apporte une réponse spécifique qui ne fait fi ni de l’environnement propre au pays du Sahel, ni de leur souveraineté politique et décisionnelle », ajoutant qu’ « à l’assistanat anesthésiant, le Souverain préférait les projets structurants et gagnant-gagnant ».

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