IAM : les explications de la forte croissance du titre

| Le 13/12/2023 à 17:02
Le marché spécule suite à l’accord de partenariat entre le Maroc et les Emirats arabes unis. Maroc Telecom a pris plus de 11% depuis le 5 décembre. Une progression qui, fondamentalement, n’est pas justifiée. Certains OPCVM et institutionnels se repositionnent sur le titre du fait de cette récente progression.

Maroc Telecom, la deuxième plus grosse capitalisation de la place (92 MMDH), connaît un rallye haussier important depuis le 5 décembre.

Depuis cette date, la valeur est passée de 92,3 dirhams le titre à 102,8 dirhams à la clôture de la séance du 13 décembre, soit une progression de plus de 11%.

Source : medias24.com

Pourtant, aucune annonce particulière n’a été faite par le groupe et les résultats à fin septembre ont été publiés fin octobre. Comment expliquer cet engouement du marché pour l’opérateur téléphonique coté ?

Le rapprochement Maroc-Émirats et le doute sur la sanction poussent le titre

Factuellement, il n’y a pas de raisons fondamentales connues qui peuvent expliquer cette hausse du titre. L’un des facteurs susceptibles de l’influencer est l’annonce, le 4 décembre dernier, de l’accord sur le partenariat d’exception entre le Royaume et les Émirats arabes unis.

Plusieurs chantiers de collaboration ont été évoqués et le marché y a été sensible, notamment du fait que l’actionnariat majoritaire de Maroc Telecom est émirati, à hauteur de 53%. Il s’agit de la Société de participation dans les télécommunications (SPT) qui avait été cédée fin 2013 par Vivendi à Etisalat, opérateur historique des Émirats.

"Le partenariat conclu entre le Maroc et les Émirats a une incidence positive sur le titre", nous explique une source de la place. C’est d’ailleurs le cas également de Taqa Morocco, société cotée dont 86% du capital est détenu par les Émirats.  Elle aussi a connu une forte progression de son cours depuis l’annonce de l’accord de partenariat. Son cours en bourse a ainsi progressé de 9% sur la période.

Source : medias24.com

Concernant Maroc Telecom, la hausse observée peut également s'expliquer par "une spéculation du marché". "Certains investisseurs se disent que l’amende potentielle qui plane sur le groupe pourrait être réduite à la suite de la visite d’État. Ceci dit, ce scénario ne semble pas plausible et n’est que pure spéculation", explique notre interlocuteur.

Cette sanction en question concerne Maroc Telecom dans son litige face à Wana. Le propriétaire de la marque Inwi estime ses pertes à 6,7 MMDH du fait d’un abus de position dominante de Maroc Telecom sur le marché. "Un retard est observé et aucune décision n’est prise concernant cette sanction ; les investisseurs se posent des questions. Certains pensent que cette dernière sera revue", corrobore une autre source du marché.

Un marché optimiste avec plus de cash

Une autre raison, plus mécanique cette fois-ci, provient "du fait que les investisseurs sont sous-pondérés sur le titre ; c’est-à-dire que la valeur pèse autour de 10% à 11% de l’indice alors que peu de gens sont implémentés à ce niveau-là. Donc quand le titre grimpe, cela pénalise pas mal de gens et engendre un effet rattrapage", nous explique une source du marché.

Cette sous-pondération est principalement causée par le désengagement de certains investisseurs suite au newsflow négatif concernant la valeur en 2022 avec les différentes sanctions du régulateur impactant la profitabilité du groupe.

Il convient de préciser que le marché entier affiche une croissance depuis quelques jours, que l’un de nos interlocuteurs explique par le fait que "depuis plusieurs mois, il y a une grande pression sur le cash. Il y a eu l’opération de Cosumar, l’émission obligataire d’OCP, l’IPO de CFG Bank… Cela étant désormais passé, le marché peut reprendre légèrement. Si l’on ajoute le léger recul des taux obligataires, cela explique en partie le redémarrage sur le marché et naturellement, en plus de cette spéculation, Maroc Telecom profite de cette hausse".

Des perspectives de croissance limitées pour Maroc Telecom

Maroc Telecom a pourtant affiché des résultats convenables à fin septembre avec des revenus consolidés en hausse de 4,7% à 18,4 MMDH. La marge d’EBITDA ajusté s’établit à 32,9%, en hausse de 0,4 pt à taux de change constant. In fine, sur la période, le groupe génère un RNPG à 2,93 MMDH, en hausse de 2,3% ou 1,2% à taux de change constant.

Le groupe affiche toujours des réalisations stables au Maroc et en croissance plus prononcée sur ses autres filiales internationales. Il y réalise un chiffre d’affaires de près de 9,7 MMDH, en progression de 1,2% à fin septembre, et des revenus en hausse de 8,5% à 9,3 MMDH.

Cependant, avec une compétition de plus en plus rude, un contexte réglementaire plus contraignant et un marché national mature avec un taux de pénétration mobile au-delà des 140%, les perspectives de croissance nationale sont limitées.

A l’exception de certains marchés subsahariens où le taux de pénétration du mobile est encore faible, le groupe dispose d’assez peu de leviers de croissance. "Maroc Telecom est une société mature de fonds de portefeuille avec peu d’histoires à raconter. Fondamentalement, la croissance est limitée sur ce titre", conclut l’une de nos sources.

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