Projets de barrages, stations de dessalement et contrats de nappes pour faire face à la situation hydrique

ROUND UP. La sécheresse et la baisse des précipitations impactent lourdement la situation des barrages, dont les réserves continuent de diminuer. Pour y faire face, de nombreux projets d'envergure sont prévus en 2024 par le ministère de l'Équipement et de l'eau, dont certains, déjà en cours, devraient être achevés l'an prochain. Le point sur la situation hydrique nationale.

Projets de barrages, stations de dessalement et contrats de nappes pour faire face à la situation hydrique

Le 10 novembre 2023 à 11h52

Modifié 10 novembre 2023 à 16h06

ROUND UP. La sécheresse et la baisse des précipitations impactent lourdement la situation des barrages, dont les réserves continuent de diminuer. Pour y faire face, de nombreux projets d'envergure sont prévus en 2024 par le ministère de l'Équipement et de l'eau, dont certains, déjà en cours, devraient être achevés l'an prochain. Le point sur la situation hydrique nationale.

Le ministère de l'Equipement et de l'eau a récemment présenté son projet de budget pour l'année 2024. Il a ainsi fait le point sur les grands projets prévus dans les différents secteurs dont il a la charge. Dans cet article, nous allons nous focaliser sur le volet hydrique.

Une situation hydrique difficile

A cette occasion, Nizar Baraka a d'abord fait le point sur la situation hydrique du pays, qui continue de se dégrader, vu la baisse des précipitations en cette période de l'année.

→PRECIPITATIONS. Selon le ministre de l'Eau, les précipitations enregistrées au Maroc entre le 1er septembre 2022 et le 31 août 2023 s'élèvent à 134,05 millimètres (mm), contre 102,05 mm durant la saison précédente, soit une amélioration de 31,4%. Cependant, le déficit persiste par rapport à une année normale, où les précipitations atteignent jusqu’à 188,4 mm. Ce déficit est estimé à -29,2%.

→BARRAGES. Au 7 novembre 2023, et en comparaison avec une année normale, la baisse des réserves est ainsi constatée au niveau de tous les bassins. Dans le détail, les réserves des barrages des principaux bassins s’élevaient à cette date à :

- Tensift : 85,2 millions de m3 (Mm3), soit 37,5% de remplissage. Ce bassin couvre totalement la préfecture de Marrakech et les provinces d’Al Haouz, de Chichaoua et d’Essaouira ;

- Souss-Massa : 83,4 Mm3, soit 11,4% de remplissage. Ce bassin s’étend sur les sous-bassins du Souss et du Massa, les bassins côtiers nord de Tamri-Tamraght et la plaine de Tiznit ;

- Sebou : 2,14 milliards de m3 (MMm3), soit 38,6% de remplissage. Ce bassin couvre la quasi-totalité du Gharb-Chdara-Beni Hssen et partiellement les zones de Fès et de Boulmen ;

- Loukkos : 621,5 Mm3, soit un taux de remplissage de 36,1%. Ce bassin couvre principalement les provinces de Tanger, Tétouan, Larache et partiellement Chefchaouen, Al Hoceima, Kénitra, Sidi Kacem et Taza ;

- Oum Er-Rabia : 346,3 Mm3, soit un taux de remplissage de 7%. Ce bassin couvre notamment les zones de Beni Mellal, Khouribga, Azilal, El Jadida, Safi et une partie de Khénifra et Settat ;

- Bouregreg-Chaouia : 288,4 Mm3, soit 26,6% de remplissage. Ce bassin couvre une partie de la région de Casablanca-Settat, Rabat-Salé-Kénitra et une partie de Beni Mellal-Khénifra.

Le stock des barrages au niveau national, qui s'élevait au début de l’année hydrologique en cours (1er septembre 2023) à 4,33 MMm3 (26,84% de remplissage), est tombé au 7 novembre 2023 près de 3,98 MMm3, (24,7% de remplissage), quasiment le même niveau de l’année passée.

Cinq contrats de nappes prêts à la signature, 11 autres en cours d'élaboration

Cependant, M. Baraka assure que malgré le déficit enregistré, les besoins en eau potable ont été stisfaits, en recourant notamment :

- au dessalement de l’eau de mer, grâce aux stations d’Agadir (34 Mm3/an destinés à l'eau potable), d'Al Hoceima (6 Mm3/an), et de Safi (exploitée progressivement depuis début septembre 2023) ;

- aux eaux souterraines, qui étaient également utilisées pour l'irrigation, en particulier celles du Souss, Errachidia, Tadla, Berrechid et d'Al Haouz. Cette surutilisation a entraîné la baisse du niveau des nappes, notamment celles de Tadla (-5 m), Beni Amir (-4 m), Souss (-4 m) et Chetouka (-1,5 m).

Cette situation a ainsi incité le ministère à protéger ces nappes, à travers la mise en place de contrats de nappes. Trois contrats ont déjà été établis et signés, à savoir ceux d’Al Haouz-Mejjat, Rmel et Meski-Boudnib. Cinq autres sont prêts à être signés, à savoir le contrat de nappe Fayja, Trifa, Berrechid, Elmnasra, Drader, et Souir, tandis que 11 nouveaux contrats de nappes sont en cours d'élaboration par le ministère.

Six stations de dessalement en cours de réalisation, 16 autres à l'étude

En ce qui concerne le dessalement de l'eau de mer, six projets sont en cours de réalisation, qui permettront au ministère de renforcer l'approvisionnement du pays en eau potable, et d'éviter d'éventuelles coupures dans les régions concernées. Il s'agit, comme le montre la carte ci-dessous, des stations de :

- Jorf Lasfar, avec une capacité de production 52 Mm3/an, dont 45 Mm3/an pour l’eau potable ;

- Safi (plus de 50 Mm3/an, dont 20 Mm3/ an destinés à l’industrie et 30 Mm3/an à l’eau potable) ;

- Sidi Ifni (3,15 Mm3/an destinés à l’eau potable) ;

- Amgriou (0,16 Mm3/an destinés à l’eau potable) ;

- Dakhla (37 Mm3/an destinés à l’eau potable et l’irrigation ) ;

- El Guergarate (0,16 Mm3/an destinés à l’eau potable).

Un total de 14 stations ont déjà été réalisées à ce jour avec une capacité totale de 192 Mm3 par an, tandis que 16 autres stations sont  à l'étude, dont la capacité de production d'eau s'élèvera à 1,5 MMm3 par an.

Par ailleurs, le ministère dévoile que la station de dessalement de Jorf Lasfar, actuellement en cours de réalisation, et dont la capacité de production s'élève à 30 Mm3 par an, sera exploitée à partir de fin 2023, pour approvisionner la ville d’Al Jadida en eau potable. Les travaux pour la construction de celle de Casablanca doivent démarrer début 2024, affirme-t-il.

Près de 4,7 MMDH pour plus d'une vingtaine de grands barrages en 2024

Sur le volet des barrages, et pour améliorer la capacité de stockage hydrique au Royaume, un budget de 4,745 milliards de DH (MMDH) sera alloué à :

- l’achèvement des barrages M'dez (Sefrou), Ghiss (Al Hoceima) et Kodiet El Berna (Sidi Kacem) ;

- la poursuite de la réalisation de 16 grands autres barrages ;

- le démarrage de la réalisation du barrage Boukhmiss à Khémisset, avec une capacité de production d'eau de 650 Mm3, et un budget de 1,5 MMDH. L'appel d'offres pour sa réalisation a déjà été lancé ;

- le lancement de l’appel d’offres pour la réalisation des barrages Sidi Mansour (Tétouan), Sidi Ghighaya (Al Haouz) et Toughza (Azilal). Ces deux derniers barrages seront réalisés par l'Agence de développement du Haut Atlas, dans le cadre du développement des provinces touchées par le séisme d'Al Haouz.

Notons qu'entre octobre 2021 et octobre 2023, 18 grands barrages étaient en cours de réalisation au niveau de plusieurs bassins, et sont prévus d’être finalisés entre 2023 et 2029. Il s’agit notamment des barrages :

-Fask (Guelmim), d'une capacité de production de 79 Mm3. Sa réalisation nécessite un investissement de 1,4 MMDH. Les travaux sont à 95,1%, et il est prévu d’être finalisé en 2023 ;

- M'dez (Sefrou), d'une capacité de production de 700 Mm3, dont la réalisation nécessite 1,7 MMDH. Il est à 82%, et est prévu d’être finalisé en 2024 ;

- Surélévation du barrage Mohammed V à Taourirt pour atteindre une capacité de production de 980 Mm3, avec un budget de 1,5 MMDH. Il est à 25% d’avancement, et est prévu d’être finalisé en 2026 ;

- Kheng Grou  (Figuig), avec une capacité de production de 1 MMm3, dont la réalisation nécessite un budget de 1,2 MMDH. Il est à 27,5 % d’avancement et est prévu d’être prêt en 2027 ;

- Erretba (Taounat), avec une capacité de production de 1 MM3, dont la réalisation nécessite un budget de plus de 4 MMDH. Il est à peine à 7% d’avancement et est prévu d’être achevé en 2029.

Le Royaume sera ainsi doté d'une capacité de stockage supplémentaire estimée à 5,7 MMm3, avec une enveloppe budgétaire de 29 MMDH. Pour résumer, il s'agit de deux barrages dont la capacité de production dépasse 1 MMm3, deux barrages dont la capacité de production varie entre 600 Mm3 et 1 MMm3, quatre barrages dont la capacité de production varie entre 200 et 600 Mm3 et 10 barrages dont la capacité de production est inférieure à 200 Mm3.

D'autres projets de petits barrages et de barrages moyens sont prévus en 2024

Par ailleurs, d'autres projets de petits barrages et de barrages moyens sont prévus durant 2024 par le ministère de l'Equipement et de l'Eau. Baraka prévoit ainsi de lancer les appels d’offres pour la réalisation de deux barrages de taille moyenne, avec un budget de 692 MDH, à savoir le barrage Tassa Ouirgane dans la province d’Al Haouz, et le barrage Ain Kesb dans la province de Benslimane, mais aussi ceux de Sidi Yaacoub (Tiznit), Mssalit (Tata) et Lemdad (Taroudant).

Pour ce qui est des petits barrages, les travaux de construction de nouveaux barrages, dans le cadre d'un cofinancement entre les ministères de l’Intérieur et de l’Eau sont prévus d'être lancés, ainsi que la poursuite des travaux de réalisation du barrage Fem Zguid à Tata (63 MDH), et le lancement des appels d’offres pour la réalisation de 10 petits barrages (415 MDH).

Notons que cinq petits barrages sont déjà en cours d'achèvement, dont la construction a nécessité une enveloppe budgétaire de 233,15 MDH.

Bientôt le raccordement du barrage Oued El Makhazine au système hydrique du Grand Tanger

Enfin, Baraka prévoit durant l'an prochain de finaliser les études de réalisation du projet de raccordement du bassin de Sebou au barrage Sidi Mohammed Benabdellah (bassin de Bouregreg) et au barrage d'Al Massira (bassin d'Oum Er-Rabia), avec un débit de 30 m3/s, mais aussi la réalisation du projet de raccordement du barrage Oued El Makhazine au système hydrique du Grand Tanger.

Vous avez un projet immobilier en vue ? Yakeey & Médias24 vous aident à le concrétiser!

Si vous voulez que l'information se rapproche de vous

Suivez la chaîne Médias24 sur WhatsApp
© Médias24. Toute reproduction interdite, sous quelque forme que ce soit, sauf autorisation écrite de la Société des Nouveaux Médias. Ce contenu est protégé par la loi et notamment loi 88-13 relative à la presse et l’édition ainsi que les lois 66.19 et 2-00 relatives aux droits d’auteur et droits voisins.

A lire aussi


Communication financière

SRM: LES INDICATEURS TRIMESTRIELS AU 31 MARS 2024

Médias24 est un journal économique marocain en ligne qui fournit des informations orientées business, marchés, data et analyses économiques. Retrouvez en direct et en temps réel, en photos et en vidéos, toute l’actualité économique, politique, sociale, et culturelle au Maroc avec Médias24

Notre journal s’engage à vous livrer une information précise, originale et sans parti-pris vis à vis des opérateurs.