Nadia Larguet lance son nouveau jeu “1001 questions sur le Maroc”

L'univers médiatique marocain est peuplé de visages et de voix qui ont marqué l'imaginaire du public. Parmi ces figures emblématiques, Nadia Larguet se distingue par son engagement en faveur de la culture et de la jeunesse, depuis le démarrage de sa carrière en 1997. Dans cet entretien accordé à Médias24, elle nous parle de son nouveau jeu et revient sur son parcours, et les projets qui l'animent. Elle évoque également des souvenirs poignants. Une plongée dans l'univers d'une femme passionnée et déterminée.

Nadia Larguet lance son nouveau jeu “1001 questions sur le Maroc”

Le 16 octobre 2023 à 15h04

Modifié 16 octobre 2023 à 17h10

L'univers médiatique marocain est peuplé de visages et de voix qui ont marqué l'imaginaire du public. Parmi ces figures emblématiques, Nadia Larguet se distingue par son engagement en faveur de la culture et de la jeunesse, depuis le démarrage de sa carrière en 1997. Dans cet entretien accordé à Médias24, elle nous parle de son nouveau jeu et revient sur son parcours, et les projets qui l'animent. Elle évoque également des souvenirs poignants. Une plongée dans l'univers d'une femme passionnée et déterminée.

Médias24 : Vous avez pris votre temps pour concevoir ce jeu. Quelle est sa genèse ?

Nadia Larguet : J'ai d'abord lancé, il y a quelques années, un jeu en collaboration avec Attijariwafa bank intitulé "Maghribouna". Ce jeu était destiné aux Marocains résidant à l'étranger et a été distribué dans les agences bancaires de Paris. Cette expérience m'a initiée à la réalisation de jeux de culture générale.

L'inspiration pour les "1001 questions sur le Maroc" est née de ma rencontre en 2020 avec Othmane El Ferdaous, l'ancien ministre de la Culture. Il était enthousiaste à l'idée que je conçoive un jeu, et j'étais également sur cette lancée. On est en 2023, donc cela a mis presque trois ans. La raison est simple : j'ai eu malheureusement durant cette période deux douloureux décès, ce qui a freiné les choses. Mais surtout dans des projets comme celui-là, portant sur la culture générale, il faut être très vigilant et ne pas se précipiter parce qu'on n'a pas le droit à l'erreur. Même si personne n'est à l'abri des fameuses coquilles.

- Comment avez-vous sélectionné les questions ?

- Cela s'est fait très simplement. Il y a huit rubriques : art & culture, cinéma, géographie, histoire, musique, patrimoine & architecture, personnalités et sport. On a réparti les rubriques en fonction des rédacteurs. Je leur ai laissé carte blanche. Ils étaient libres dans leur choix de questions, en gardant une petite marge si on avait envie d'en changer certaines. Othmane El Ferdaous avait, suite à ma demande, désigné une personne de son ministère pour superviser le tout. Evidemment, il y a eu des petits ajustements en cours de route. Le ministère qui a commandé ce jeu avait le dernier mot dans le choix des questions, ce qui était tout à fait normal.

- Le jeu a un caractère particulièrement ludique. Avez-vous l'intention d'en faire profiter les écoliers ?

- Le ministère a commandé 4.000 unités. Personnellement, chaque fois que je réalise un projet, il est très important pour moi que le produit soit vivant. Aujourd'hui, on commence à délaisser le papier et à opter davantage pour le numérique, pour des raisons écologiques que je peux aussi comprendre. Mais, à mon avis, il est important que l'enfant ait quelque chose à tenir dans les mains, et pas seulement un écran. Quand je m'entretiens avec un partenaire, je demande à chaque fois que le produit sorte en premier en format papier avant de passer à un format digital, et pas l'inverse. Le fait qu'on puisse avoir quelque chose de palpable à offrir aux jeunes est pour moi important.

- Quand pensez-vous pouvoir lancer le jeu en application ?

- J'espère le plus rapidement possible. C'est effectivement mon souhait de créer une application digitale libre d'accès, en plusieurs langues.

- Pourquoi avoir si tôt arrêté la télé ?

- Ce n'était pas mon choix. On m'a fait arrêter fin 2003, ce n'est pas pareil ! Après le départ de Nour-Eddine Saïl, le directeur qui lui a succédé m'a mise au placard, où je suis restée de longs mois. On a fait ensuite petit à petit sortir "la bande à Nour-Eddine Saïl". Et puis les émissions en français ont commencé à disparaître. Beaucoup de personnes de talent ont disparu du paysage médiatique, ce qui est regrettable car quand Nour-Eddine Saïl est arrivé à la tête de 2M, il a déclaré : "Le Marocain est friand de toutes les langues. Donnez-lui le français, donnez-lui l'arabe, donnez-lui aussi l'anglais !" D'ailleurs l'animateur de Cinéstars à l’époque, Brahim Sallaki, informait Nour-Eddine Saïl qu'il y avait parfois dans Cinéma Cinéma des extraits de films en anglais. Saïl lui répondait : "Laissez-les ! Le Marocain est capable de comprendre plusieurs langues. Si vous ne donnez à un téléspectateur à consommer que des burgers, vous l'habituez à cela. Donnez-lui aussi du caviar. Il saura l'apprécier."

- Et l'après-2M ?

- C'est Charles Aznavour qui résume le mieux les choses : "Il faut savoir quitter la table." J'ai quitté 2M en 2004 et j'ai travaillé pendant dix ans dans une boîte de production à Rabat où j’ai développé des concepts d’émissions. Ce qui m'a sauvé, c’est que je n’ai jamais été obsédée par l'antenne. Je me suis retirée, j'ai produit des émissions, et j'ai mis à l'antenne d'autres visages. Je ne suis pas nostalgique car aujourd'hui encore on se souvient de moi. Les gens me disent souvent : "Vous étiez en avance sur votre temps et vous avez marqué la télévision." C'est un témoignage touchant et la preuve indéniable que les émissions Entr'Act et Bande à part ont marqué l'imaginaire des Marocains.

D'ailleurs, récemment, je me suis retrouvée à côté d'un homme d'une quarantaine d'années. Il m'a immédiatement reconnue et a exprimé sa joie de me rencontrer. Notre génération a laissé une empreinte indélébile sur la télévision marocaine. Personnellement, et ce que je dis n'engage que moi, je trouve que la télévision a connu son âge d'or de 1989 jusqu'en 2004, au départ de Nour-Eddine Saïl.

- Vous souciiez-vous de l'audience pour évaluer la portée de vos émissions à l’époque ?

- Non, nous n'étions pas très sensibles à cela. Peut-être que c'était le cas pour les équipes qui plaçaient la publicité. Personnellement, je mesurais mon audience à travers les nombreuses lettres et cartes postales reçues. C’était énorme. J'étais aussi très suivie par un public qui venait chaque semaine assister aux tournages en studio et qui, parfois, ne parlait pas le français, mais qui me disait : "Vous nous faites rêver". C'était très touchant.

- Vous avez fait de la télé, publié deux livres, réalisé un court-métrage. Quel est votre rapport à la culture ?

- Dès que j'ai démarré en 1997 avec Entr'Act, je me suis dit que je voulais m'adresser aux jeunes, leur parler de culture, d'événements, et de ce qui se passait autour d'eux. Je voulais les inciter à sortir, à aller voir des expositions, des représentations... Et je suis toujours restée sur ce créneau-là. Depuis que j'ai arrêté la télé, tous les projets que je développe ont une certaine dimension culturelle.

J'ai produit par exemple un carnet de voyage pour les enfants sur les sites inscrits au patrimoine mondial de l'UNESCO ou encore un coffret de fiches pour les juniors sur nos étoiles du sport. Dans tous les projets que j’entreprends, mon principal objectif est d’intéresser les gens à la culture, et de les encourager à participer ou à s’investir dans des événements culturels.

- On ne peut pas interviewer Nadia Larguet sans lui poser une question sur feu Nour-Eddine Saïl. Vous le surnommiez "l’extra-terrestre". Pourquoi lui avoir attribué ce surnom ?

- Je l'ai surnommé l’extra-terrestre parce qu'il y a très peu d'hommes qui sont capables d'être ce qu'était Nour Eddine Saïl. C'était un visionnaire, un homme totalement à part, courageux, d'une grande intégrité qui est resté droit dans ses bottes. C'était un homme qui n'a jamais cherché à profiter de ses positions pour s'enrichir, il avait des qualités morales très rares. Les seuls cadeaux qu'il gardait pour moi (rires), c'étaient les boîtes de chocolat. Mon mari n'avait ni intérêt, ni société, ni propriété, il avait le vrai sens de la liberté absolue. Il ne possédait qu'une simple voiture d'occasion. Il aimait dire : "La voiture représente l'immobilité, donc la liberté, et la maison représente la mobilité donc l'ennui." 

- Quelles sont les ressemblances entre Nour-Eddine Saïl et son fils Suleïman Alexandre ?

- Il m'arrive parfois de voir Nour-Eddine dans le regard de Suleïman, donc c'est assez déstabilisant. Son papa mettait beaucoup de distance avec les personnes, c'est aussi le cas de mon fils. Il est beaucoup dans la retenue et la discrétion.

À l'image de son père, c'est un grand lecteur. J'ai de la chance aujourd'hui d'avoir un fils qui me demande si je lui ai acheté un livre lorsque je rentre à la maison. Certes, comme tous les enfants de sa génération, il aime les écrans, mais son goût pour la lecture est très prononcé. C'est aussi un bon élève, contrairement à moi qui était très mauvaise à l'école. Je suis une ancienne dyslexique, et le système français ne me correspondait pas vraiment car cela allait parfois trop vite. Dans ce système, si tu rates le train, tu restes à la traîne pendant longtemps. Mais j'étais une élève très calme, pas du tout perturbatrice. Présente, mais à part. J'ai même redoublé une année et j'ai eu le bac au rattrapage, c'est dire... mais le plus important était que j'avais une passion !

La télé était mon rêve depuis toute petite, et je disais à qui voulait l'entendre que c'est ce que je ferais, quand je serai grande.

- Quels sont les futurs plans de Nadia Larguet ?

- Mon fils est ma priorité absolue. Je me suis limitée à un projet par an, afin de lui consacrer le maximum de temps. J'attends qu'il termine son année de collège pour envisager de reprendre un rythme de travail plus soutenu et, pourquoi pas, refaire de la télévision sur Facebook (rires) !

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