Bientôt, une plateforme agricole “Satellites et intelligence artificielle”, avec accès gratuit aux agriculteurs

Grâce à l’imagerie satellitaire et à l’intelligence artificielle, le Pôle digital agricole ambitionne d’améliorer la relation entretenu par les professionnels du secteur avec la data. Une plateforme dédiée à cet effet sera accessible en décembre 2023, avec pour commencer, un outil de reconnaissance automatique des cultures. Le point avec Loubna El Mansouri, directrice du Pôle digital agricole.

Bientôt, une plateforme agricole “Satellites et intelligence artificielle”, avec accès gratuit aux agriculteurs

Le 6 août 2023 à 8h16

Modifié 6 août 2023 à 8h16

Grâce à l’imagerie satellitaire et à l’intelligence artificielle, le Pôle digital agricole ambitionne d’améliorer la relation entretenu par les professionnels du secteur avec la data. Une plateforme dédiée à cet effet sera accessible en décembre 2023, avec pour commencer, un outil de reconnaissance automatique des cultures. Le point avec Loubna El Mansouri, directrice du Pôle digital agricole.

Créé il y a quelques mois pour renforcer le virage vers l'agriculture digitale au Maroc, en application des principes de la stratégie agricole Generation Green, le Pôle digital de l'agriculture, de la forêt et observatoire de la sécheresse, affiche déjà ses grandes ambitions, notamment incarnées par la plateforme "Satellites et intelligence artificielle", dédiée au développement de géo-services agricoles, à la production de la data agricole et foncière et au monitoring de l’irrigation

Le Pôle digital est un groupement d’intérêt public composé de 11 établissements qui représentent le monde de la recherche, les services publics dédiés à l’agriculture et les services financiers.

Amené à révolutionner le monde agricole à travers la digitalisation et la mise à disposition de données à un large éventail d’organismes et autres professionnels du secteur, ce projet a également pour objectif d’améliorer le niveau de vie des agriculteurs, "en les aidant à adopter une vision entrepreneuriale dans la gestion de leurs exploitation agricoles", affirme à Médias24 le Professeur Loubna El Mansouri, directrice du Pôle digital.

Un budget de 21 millions de dirhams

Afin de développer la plateforme "Satellites et intelligence artificielle", une enveloppe budgétaire de 21 millions de dirhams (MDH) sera nécessaire. Le financement s’articulera autour d’un partenariat public privé (PPP), qui n’a pas laissé insensible l’Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO). 

"Nous avons soumis ce projet à Rome, au siège de la FAO. Ils ont été convaincus et ont accepté de financer la première phase du projet à hauteur de 4 MDH. D’autres participations financières sont en cours de finalisation", indique Loubna El Mansouri.  

"Le premier livrable est prévu pour décembre 2023. A cette date, la plateforme sera accessible mais uniquement pour certains services comme la reconnaissance automatique des cultures par satellites qui facilitera la gestion du patrimoine agricole du pays", ajoute-t-elle.

Au moment du lancement de la campagne agricole d’automne, au mois d’octobre, des experts de la FAO se rendront au Maroc pour assister l’ensemble des parties prenantes lors des tests qui seront effectués dans le bassin de Oum Errbia, lequel alimente trois périmètres irrigués pour tester l’efficacité des procédures et évaluer leur pertinence.

"Avec l’aide des directions régionales de l’Agriculture, nous allons également procéder à des tests grandeur nature à Béni Mellal et Doukkala. Ces essais seront aussi lancés au mois d’octobre, lors du démarrage de la campagne agricole".

Prévisions météorologiques, maladies et ravageurs

Plus de dix stratégies digitales internationales ont été étudiées avant d’établir la feuille de route relative à la création de la plateforme. "Les études ont mis en évidence le besoin d’opter pour des plateformes software, basées sur l'intelligence artificielle et la Data Satellite", explique la directrice du Pôle digital agricole. 

Un constat corroboré par les spécificités du monde agricole national, établies via une étude stratégique, sous forme de mapping de consultation qui a concerné 28 organismes dont les agrégateurs et les établissements étatiques. "D'après nos études, il s'est avéré que les besoins des agriculteurs en termes de Data tournent autour de différents services, dont les prévisions météorologiques, les besoins en eau des cultures et les données sur les maladies et autres ravageurs des plantes", affirme notre interlocutrice. 

Des informations essentielles à la bonne conduite des cultures. Même si elles sont disponibles, il n’est pas simple de les réunir car l’une des plus grandes limites du secteur agricole en matière de Data, réside dans la fragmentation des données.

"Les plateformes existantes ne sont pas communicantes et les services digitaux ne sont pas interopérables en général", regrette Mme El Mansouri. "C’est aussi l’une des raisons pour laquelle nous allons lancer la plateforme digitale", souligne Loubna El Mansouri. Pour simplifier, les objectifs de ce projet se déclinent comme suit : 

- Développer des procédures automatiques de parcellisation et de cartographie des cultures basées sur les satellites et le Deep Learning ; 

- Valider les bases de données WaPOR (FAO), à l’échelle du Bassin à une résolution de 30 m pour estimer la productivité de l’eau à l‘échelle de la parcelle ; 

- Valider les bases de données WaPOR à l’échelle du Bassin à une résolution de 250m et 100m pour le suivi de la sécheresse dans le pluvial et développer des géo-services pour l'aide à la gestion des périmètres irrigués.

Implanter une vision entrepreneuriale

Sur le plan socio-économique, la plateforme "Satellites et intelligence artificielle" est dans la droite lignée des exigences de la stratégie Génération Green. "Notre objectif est avant tout d’améliorer les conditions de vie des agriculteurs en mettant à leur disposition un outil qui leur permette de mieux gérer leurs exploitations agricoles", assure Mme El Mansouri. 

Une aide capitale dont les avantages prennent la forme de e-services directs, pour prévenir notamment les agriculteurs des événements météorologiques extrêmes à venir (grêle, chergui). "Indirectement, la plateforme permettra au ministère de l’Agriculture de fournir des informations aux agriculteurs en matière d'assolement, en les conseillant sur les cultures à planter en fonction des conditions pédoclimatique de chaque région", explique la directrice du pôle digital. 

In fine, l'intérêt de cette plateforme de data agricole sera de renforcer l’actif de l’agriculteur tout en l’aidant à s’intégrer dans une vision entrepreneuriale. "C’est un outil de gestion qui nous permettra d’aboutir à une transformation de paradigme et de changer la relation qu’entretient l’agriculteur avec sa terre", souligne Mme El Mansouri.  

L’accès à la plateforme sera gratuit 

Vous l’aurez certainement compris, la plateforme est destinée aux exploitants agricoles et à l’exécutif public, notamment le ministère de l’Agriculture et les 34 organismes sous sa tutelle. Mais pas uniquement. Les impulseurs de technologies sont également concernés.  

"L'outil leur fournira des modules sous formes de data as a service (DAS), afin de fournir des jeux de données à un écosystème que l’on souhaite dynamiser. Les informations fournies donneront aux impulseurs l’occasion de tester leurs algorithmes et entraîner leurs modèles. Par exemple, en fournissant des informations relatives au rendement de telles ou telles cultures sur une zone délimitée", explique Mme El Mansouri. 

"Nous allons également nous ouvrir sur le monde de la recherche. Le digital n’est pas un secteur qui est basé sur le savoir mais sur la connaissance. Il faut développer ce secteur pour ne plus être uniquement des consommateurs de technologies importées", poursuit-elle. 

A priori, l’accès à la plateforme sera gratuit. "Il est vrai que parmi les financements que reçoit le Pôle digital du ministère de l'Agriculture, une partie provient du privée et d’investisseurs qui souhaitent sans doute un retour sur investissement. Mais il n’est pas prévu de monétiser la plateforme, du moins pour le premier livrable. Surtout que nous ciblons 95% des agriculteurs du Maroc, qui sont petits et moyens".

En résumé, la plateforme disposera de droits d’accès différents pour chaque catégorie d’utilisateurs, à travers différents modules. "Nous réfléchissons également à mettre en place un accès pour le grand public à la data agricole", annonce la directrice du Pôle digital.  

L’importance de l’imagerie satellite 

D’un point de vue technique, la plateforme développée par le Pôle digital, avec le concours de plusieurs organismes tel que l’Institut national de la recherche agronomique (INRA), s’appuie sur l’intelligence artificielle mais en particulier sur l’imagerie satellitaire.  

"Plus de 90% de la data qui circule dans le monde provient des satellites. Il était logique que l’on opte pour cette technologie. D’autant que la fréquence de visite du satellite est importante et chaque semaine, on peut avoir une imagerie satellite actualisée d’une qualité qui offre une meilleure compréhension du terrain", estime Loubna El Manssouri.

"A condition d’avoir l’expertise nécessaire", nuance-t-elle. "En ce sens, nous avons créé un pool d'experts au sein du Pôle digital agricole, dédié au traitement des images satellites". Un groupe de travail qui aura fort à faire, puisque ce sont des milliers de giga-octets de données qui devront être traitées, du fait de la multitude de sources choisies. 

Outre les données libres d’accès du satellite Copernicus, "nous allons recevoir des données fournies par le satellite Mohamed VI ce qui est un atout majeur. Nous allons également collaborer avec l’Agence spatiale européenne, premier producteur de données satellite au monde, devant la NASA", se réjouit la directrice du pôle digital. 

Ainsi, la task force qui mène ce projet novateur est composée d’une pléiade de compétences nationales et internationales. "Il faut dire que nous n'allons pas créer cette plateforme à partir d’une page blanche", tient à préciser Loubna El Mansouri. "Nous nous appuyons également sur l’expertise de l’INRA et de l’ICARDA notamment."

L'Agence nationale de la conservation foncière, du cadastre et de la cartographie (ANCFCC) est elle aussi fortement impliquée dans cette révolution agricole. Membres du Conseil d’administration du Pôle digital agricole, "ils détiennent toutes les données satellitaires en rapport avec le foncier agricole du pays", conclut notre interlocutrice.

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