Comment la tranche d’urgence de l’autoroute de l’eau est financée

Le préfinancement bancaire est de 3 milliards de dirhams. CDGK est le chef de file du financement avec CIH et Bank of Africa. Une prise de risque adossée aux flux financiers du projet.

Comment la tranche d’urgence de l’autoroute de l’eau est financée

Le 28 juin 2023 à 13h32

Modifié 28 juin 2023 à 18h39

Le préfinancement bancaire est de 3 milliards de dirhams. CDGK est le chef de file du financement avec CIH et Bank of Africa. Une prise de risque adossée aux flux financiers du projet.

Le financement de projets d’infrastructures soulève des défis importants aussi bien pour les donneurs d’ordres que pour les prestataires.

Il s’agit à la fois d’atténuer les risques de financement et ceux liés à la réalisation des projets. D’autant plus si ce sont des travaux importants qui se font dans l’urgence. C’est le cas par exemple du projet d’interconnexion des bassins du Sebou et du Bouregreg, dans ce qui est communément appelé "l'autoroute de l’eau".

Il s'agit d'une infrastructure de 66,7 km permettant de raccorder le barrage de garde de l’oued Sebou excédentaire en ressources hydriques au barrage Mohamed Ben Abdellah se situant sur l’oued Bouregreg déficitaire avec la succession des périodes de sécheresse ; un projet de l’ordre de 6 milliards de DH, hors frais d’acquisition de l’assiette foncière, et réalisé en un temps record ne dépassant pas les 6 mois.

Les travaux devront en effet être livrés au plus tard le mois d’août 2023. Cette interconnexion devra mobiliser 400 millions de m3 supplémentaires qui normalement finissaient dans l’océan Atlantique. Elle permettra de renforcer l’approvisionnement en eau pour les agglomérations de Casablanca et Rabat tout en dégageant des ressources supplémentaires permettant d’irriguer près de 176.000 hectares selon les précisions du ministre Nizar Baraka lors d’une récente sortie en réponse aux questions orales au Parlement début juin.

Pour assurer le démarrage rapide des travaux, mais aussi pour pouvoir importer les composantes du projet, essentiellement les canalisations métalliques de 3.200 mm et les stations de pompage, un préfinancement de projet a été accordé à IRVER, le consortium chargé de la réalisation du projet pour le compte de l’Office régional de mise en valeur agricole du Gharb (ORMVAG).

IRVER est détenu à parts égales par la Société générale des travaux du Maroc (SGTM), la Société nouvelle des conduites d’eau (SNCE), la Société maghrébine de génie civil et Conseil ingénierie et développement (CID).

C’est un montage peu courant dont le chef de file est CDG Capital, avec CIH et Bank of Africa. Il s’agit "d’un prêt bancaire de préfinancement de 50% de la valeur du marché couvrant la première phase des travaux. L’objectif était de financer la période où le consortium chargé du projet n’a pas encore encaissé les paiements dus par l’ORMVAG", nous explique une source proche du dossier.

En gros, c’est une facilité de caisse de près de 3 milliards de DH, débloquée dès le début des travaux. "De par l’urgence du projet, nous avons opté pour ce mode de financement pour accélérer la procédure et éviter les risques liés au financement", explique la même source.

Le nantissement a été fait sur les flux du projet public en faveur de ce même marché. Un compte séquestre a été mis en place pour recevoir les paiements de l’ORMVAG et ainsi diminuer le risque bancaire. Les divers paiements du donneur d’ordres sont ainsi versés sur ce compte et placés, ce qui génère des intérêts à même de faire baisser le coût du financement pour les prestataires.

Les préfinancements de projets ne couvrent jamais une part aussi importante du montant du projet. En général, ils ne dépassent pas les 10% contre des cautions importantes apportée par les prestataires. Les montants sont par la suite débloqués au fur et à mesure de la réalisation du projet et la présentation par le prestataire des droits constatés. Sinon, le prestataire a recours au factoring pour baisser au maximum les délais de paiement, ce qui implique des charges et des procédures supplémentaires. "La nature du projet a fait que tous les acteurs ont joué le jeu, aussi bien l’acteur public que les détenteurs du marché ou les banques du consortium."

Au niveau du coût de financement, notre interlocuteur n’est pas entré dans les détails. "Le taux n’est pas vraiment un enjeu dans ce cas puisque c’est un prêt à très court terme, il est aligné sur les taux du marché."

Un autre type de financement innovant a dernièrement été accordé. C'était un "project bond" ou obligation de projet pour lancer les travaux du port de Dakhla."Un marché de 12 milliards de DH. Cette fois-là, il s'agissait d'un placement privé d’une obligation de 750 millions de DH, structurée par CDGK. Une première sur le marché marocain où ce genre de financement n’est pas encore totalement prévu par la loi.

Des mécanismes de financement de plus en plus innovants devraient se développer progressivement, notamment avec l’entrée en lice de fonds d’investissement comme le Fonds Mohammed VI pour l'investissement.

Le projet d’interconnexion entre le Sebou et le Bouregreg sera achevé durant l’été 2023

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