Au SIEL 2023, une rencontre avec l'éditeur Hicham Houdaïfa

Nous avons croisé au 28e Salon international de l'édition et du livre le journaliste et cofondateur de la maison d'édition En Toutes Lettres, Hicham Houdaïfa. Échange à bâtons rompus autour de l'évolution de ce rendez-vous culturel, de la place du livre en 2023 et des dernières tendances livresques au Maroc.

Au SIEL 2023, une rencontre avec l'éditeur Hicham Houdaïfa

Le 12 juin 2023 à 18h21

Modifié 12 juin 2023 à 18h43

Nous avons croisé au 28e Salon international de l'édition et du livre le journaliste et cofondateur de la maison d'édition En Toutes Lettres, Hicham Houdaïfa. Échange à bâtons rompus autour de l'évolution de ce rendez-vous culturel, de la place du livre en 2023 et des dernières tendances livresques au Maroc.

Pour Hicham Houdaïfa, le Salon international de l'édition et du livre (SIEL) se veut une occasion capitale pour de nombreuses raisons. "Le Salon est une fenêtre importante pour En Toutes Lettres, puisqu'il nous permet avant tout de rencontrer nos lecteurs. En tant que maison d'édition spécialisée dans les investigations journalistiques, nous avons une niche spécifique. C'est donc une superbe occasion pour la rencontrer sur place", explique Hicham Houdaïfa que nous avons croisé au tout premier stand de la maison d'édition En Toutes Lettres, dont il est cofondateur.

Selon notre interlocuteur, le SIEL est également l'occasion de présenter les activités d'En Toutes Lettres, en compagnie des auteurs qu'elle édite. "Nous profitons, enfin, du Salon pour faire la promotion de notre programme de formation, Openchabab, auprès des jeunes."

"La place du SIEL est à Casablanca"

Hicham Houdaïfa est revenu au micro de Médias24 sur l'évolution du SIEL. Si le journaliste reconnaît l'embellie du Salon depuis sa délocalisation à Rabat, il estime néanmoins que le SIEL est la particularité de Casablanca.

"C'est la deuxième fois que le SIEL se déplace à Rabat. Il y a de l'engouement pour les éditions rbaties ; les chiffres clés de la fréquentation du Salon communiqués par le ministère parlent d'eux-mêmes. Certes, le SIEL de Rabat est plus réussi sur le plan esthétique, il est mieux organisé d'autant que beaucoup plus d'argent a été déboursé pour son organisation. Nonobstant, je trouve que la place du SIEL est à Casablanca", souligne l'éditeur.

"Personnellement, je désapprouve cette délocalisation. Je pense que c'est important de ritualiser un événement. C'est comme si l'on prenait le Festival des musiques sacrées de Fès et qu'on le ramenait à Rabat. Cela n'a aucun sens", poursuit Hicham Houdaïfa.

"À mon avis, il fallait mettre en place un événement littéraire propre à Rabat et laisser le SIEL à Casablanca où se sont déroulées vingt-six de ses éditions. Le propre de la culture, c'est la ritualisation, c'est de consacrer un endroit spécifique aux manifestations culturelles où les gens peuvent revenir", insiste notre interlocuteur pour qui l'emplacement du SIEL casablancais dans l'ancienne médina conférait en outre au Salon un aspect plus populaire, 'chaâbi', tel que formulé par Houdaïfa.

Une chaîne nationale du livre disloquée 

À la question sur la place occupée par le livre au Maroc en 2023, le journaliste répond : "Il n'y a pas une grande différence par rapport aux années précédentes. Le livre reste le parent pauvre de l'industrie créative. Au sein de notre maison d'édition, nous avons dû rénover pour pouvoir résister, puisque le livre, hors cadre scolaire, ne se vend pas autant. Il est presque impossible de vivre du livre non scolaire."

Et Hicham Houdaïfa de préciser : "Ce n'est pourtant pas le cas des pays développés où des politiques culturelles incitatives sont disponibles, où les maisons d'édition sont aidées et où une véritable chaîne du livre existe. Au Maroc, cette chaîne est disloquée. Il y a des métiers qui n'existent même pas, comme celui de diffuseur. Les distributeurs que nous avons au Maroc distribuent le livre comme s'ils distribuaient un quelconque produit. Nous avons par ailleurs un tissu de libraires très faible ; les libraires sont souvent des papeteries qui vivent donc beaucoup plus du scolaire. La période qui leur est la plus rentable est la période scolaire."

Le cofondateur de En Toutes Lettres plaide pour que la chaîne nationale du livre au Maroc soit secourue, afin que le livre puisse prospérer. "Il y a aussi les marchés publics qui ne sont pas ouverts aux éditeurs marocains. Les livres de notre maison d'édition par exemple, pourtant d'utilité publique, ne trouvent pas leur place dans les librairies, dans les bibliothèques scolaires ou celles communautaires...", déplore-t-il.

Tendances livresques 

Nous avons également demandé à Hicham Houdaïfa quelles étaient les tendances livresques au Maroc.

"Le roman demeure le genre littéraire qui fidélise le plus de lecteurs. C'est un genre autant récréatif qu'intellectuel. Je pense qu'un bon roman restera toujours un livre incontournable. Je pense aussi que les Marocains, avec le déclin de la presse, sont de plus en plus à la recherche de livres qui leur expliquent ce qui se passe dans leur pays. Je remarque dans la même lignée que nos livres d'enquête par exemple sur la précarité féminine, la situation des enfants, la migration ou l'environnement marchent, puisqu'il y a un manque", souligne-t-il.

Quant au sort du livre à l'ère de l'intelligence artificielle, le journaliste estime que l'IA représente un défi énorme à la créativité en général, et au livre en particulier. Plutôt confiant, Houdaïfa prédit un avenir au livre.

"Je pense que le livre résistera. Je ne sais pas si c'est une question de génération, puisque j'appartiens moi même à une génération du livre. Le livre a résisté à la technologie, notamment aux smartphones et à Internet. Je pense qu'il y aura toujours quelque chose de magique dans le fait de prendre un livre, de le toucher et d'humer l'odeur de ses pages", conclut notre interlocuteur.

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