LafargeHolcim Maroc : une reprise incertaine causée par le flou autour du secteur immobilier
Le premier cimentier du pays a terminé l’année 2022 avec un chiffre d’affaires en baisse de 2,6% à 7.985 MDH. Une baisse liée notamment à celle des volumes vendus, partiellement compensée par la hausse des prix de vente.
Le groupe a également connu une forte baisse de sa capacité bénéficiaire, notamment avec un résultat d’exploitation courant à 2.696 MDH à fin décembre 2022, en baisse de 23% par rapport à la même période en 2021. Le résultat net du groupe a baissé de 31% sur l’année passée du fait de la baisse des marges, impactées par la hausse des intrants.
Cette année, l’opérateur devrait encore évoluer dans un environnement compliqué car, en tout état de cause, la reprise ne se fait pas sentir. Les derniers chiffres de l’Association professionnelle des cimentiers à fin avril font ressortir une baisse de 8,5% des ventes à un peu moins de 4 Mt. Une baisse qui s’est accentuée par rapport à la fin du premier trimestre où la baisse n’était que de 5,3% sur 12 mois glissants.
Un secteur immobilier dans le flou, qui retarde la reprise
Il est à rappeler que 70% des ventes de ciment dans le Royaume sont absorbées par le secteur immobilier. Ce dernier est à la peine depuis le début de l’année, affecté par le coût toujours important des matières premières, le resserrement monétaire qui renchérit les coûts des crédits des ménages et l’attente de la mise en place des nouveaux dispositifs préparés par le ministère.
Un manque de visibilité qui pèse au redémarrage du secteur cimentier, comme nous l’explique une source de la place. "Le secteur cimentier est ce qu’il est actuellement. On ne peut pas compter sur une reprise de l’immobilier pour le moment. Il faudrait un facteur qui booste le secteur, relance les crédits promoteurs, etc.", indique notre interlocuteur. D’ailleurs, à fin mars, l’encours des crédits aux promoteurs affichait une baisse de 6,1% depuis le début de l’année.
"A priori, le temps que cela se débloque, il est difficile de savoir comment l’activité cimentière va se passer. Cela va donc peser sur LafargeHolcim naturellement", poursuit-t-il.
La marge devrait s’améliorer cette année, mais l’incertitude plane sur les volumes
Malgré la crise, notre interlocuteur souligne que "le groupe demeure solide et pâtit moins de la crise que son concurrent direct, du fait du maintien de son dividende par rapport à l’année précédente à 66 dirhams". Au cours actuel de 1.450 dirhams l’action, le groupe propose un rendement de 4,5%.
Avec la fin de la phase d’investissement et le démarrage de son usine dans les environs d’Agadir, le groupe "devrait améliorer sa capacité de génération de cash, indépendamment de la conjoncture assez compliquée", explique notre interlocuteur.
Une amélioration des marges devrait se manifester notamment avec un effet prix favorable des intrants, particulièrement au premier semestre. "Il est possible que le niveau des marges s’améliore, particulièrement au premier semestre du fait d’un soulagement sur les prix des intrants. Ces derniers avaient beaucoup progressé au S1-22 suite à l’éclatement de la guerre en Ukraine. Cependant, concernant une croissance soutenue par les réalisations, il est probable que l’effet volume soit très faible car le secteur se porte mal", indique notre source.
Les principaux leviers de croissance restent donc les grands projets d’infrastructure, notamment l’accompagnement du développement des provinces du Sud, où le groupe est venu prendre des parts de marché à son concurrent Ciments du Maroc historiquement présent dans la région, avec l'ouverture de son usine près d'Agadir.
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