Après la tomate, l’oignon et d’autres denrées alimentaires essentielles, c’est au tour de l’œuf. Son le prix a augmenté pendant le mois de Ramadan, contrairement aux prévisions des professionnels du secteur. Contactée quelques jours avant le mois sacré, la Fédération interprofessionnelle du secteur avicole (FISA) avait tablé sur une baisse des prix, sans pour autant la chiffrer.

Le prix de l’unité d’œuf varie entre 1,50 DH et 1,60 DH

Joint par Médias24, son président, Youssef Alaoui, nous confirme que le prix de l’œuf a augmenté. "Il est passé de 1,30 DH/unité avant le début du mois de Ramadan à 1,50 DH, voire 1,60 DH chez l’épicier actuellement."

"Le prix de l’unité, sortie ferme, est de 1,30 DH", ajoute-t-il. "Attention, cela ne veut pas dire que les éleveurs gagnent de l’argent", nuance toutefois notre interlocuteur.

"Avant la guerre en Ukraine, le coût de production était de 1 DH/unité. Après, il est passé à 1,30 DH/unité suite à la flambée des prix des matières premières. Cela signifie que les éleveurs retombent à peine sur leurs pieds."

La production varie entre 17 et 20 millions d’unités par jour

"Il faut savoir que Ramadan est le mois de plus forte consommation d’œufs" par rapport au reste de l’année, rappelle M. Alaoui. En effet, en moyenne, environ 195 unités sont consommées annuellement, soit entre 16 et 17 œufs par personne et par mois, un chiffre qui augmente légèrement durant le mois sacré.

"La production, qui était de 15 millions d’œufs par jour, oscille à présent entre 17 et 20 millions d’unités/jour". La disponibilité sur les marchés est donc assurée.

"Le problème, c’est que les prix des matières premières ne redescendent pas", impactant ainsi les prix des aliments composés. "Il s’agit notamment du maïs et du soja, dont les cours sont régulés par la bourse de Chicago. Nous n’avons aucune maîtrise sur leurs prix. Ces derniers restent élevés, et comme il y a une forte demande", le coût de revient est impacté.

Et de poursuivre : "Les œufs ne sont pas directement vendus aux détaillants. Ils passent par des grossistes et des semi-grossistes". Des marges sont donc ajoutées au prix sortie ferme, ce qui peut également expliquer la hausse des prix de vente au consommateur final.

En effet, les prix des aliments composés sont impactés par la hausse des cours des matières premières à l’international, qui dure depuis des mois, principalement ceux du maïs et du soja, qui représentent 80% de la formulation des aliments des poules. Les coûts de revient des éleveurs sont donc impactés, et par ricochet ceux des producteurs d’œufs. L’aliment composé représente 85% du coût de revient de l’œuf.

En temps normal, le Maroc importe 80 à 85% de son maïs d’Amérique du Nord et du Sud contre 15% d’Ukraine. En raison de la guerre avec la Russie, l’Ukraine ne peut plus exporter. Quant au soja, il est importé à 100% des Etats-Unis, du Brésil et de l’Argentine.

L’indice FAO (l’Organisation onusienne pour l’alimentation et l’agriculture), qui mesure les fluctuations mensuelles des cours internationaux d’un panier de produits alimentaires de base, démontre que durant le mois de mars 2023, les prix du maïs ont évolué. Ils ont été soutenus par la dégradation des conditions en Argentine, par des retards dans les semis de la seconde culture de maïs et par un rythme d’exportation soutenu au Brésil.

Les prix vont-ils diminuer ?

"Cela fait vingt ans que nous vendons l’œuf entre 1 DH et 1,20 DH/unité. Le prix de l’œuf a augmenté dans le monde entier, mais au Maroc, il reste relativement bas par rapport à plusieurs pays, notamment ceux du pourtour méditerranéen", poursuit M. Alaoui.

Les prix vont-ils baisser dans les jours qui viennent ? "Il est indispensable que l’éleveur gagne de l’argent pour pouvoir continuer à investir. Le coût de production de l’unité est de 1,30 DH actuellement, égal au prix sortie ferme. Le producteur retombe donc à peine sur ses pieds", conclut le président de la FISA.