Leçons de la guerre ukrainienne : ce qu'elle nous dit des capacités militaires algériennes

Comme tous les conflits armés, la guerre russo-ukrainienne a mis à jour les forces et les faiblesses des armements utilisés. Les explications de l'expert militaire Abdelhamid Harifi sur les leçons à tirer de ce conflit, notamment les lacunes de l'armement algérien.

Le chasseur Soukhoï Su-30 de l'Armée de l'air russe a montré de grosses lacunes, en étant notamment vulnérable aux missiles Manpads et étant sous-équipé.

Leçons de la guerre ukrainienne : ce qu'elle nous dit des capacités militaires algériennes

Le 28 mars 2023 à 19h10

Modifié 28 mars 2023 à 20h49

Comme tous les conflits armés, la guerre russo-ukrainienne a mis à jour les forces et les faiblesses des armements utilisés. Les explications de l'expert militaire Abdelhamid Harifi sur les leçons à tirer de ce conflit, notamment les lacunes de l'armement algérien.

La guerre en cours en Ukraine a montré les faiblesses dont pâtit l’armée algérienne, qui utilise un armement essentiellement d'origine russe. L’armée ukrainienne, beaucoup moins équipée que la Russie, a déjoué tous les pronostics en montrant une capacité de résistance et de riposte remarquable. L’Algérie, avec des capacités militaires bien en deçà de celles de la Russie, a pris conscience de ses limites.

Toute guerre ou affrontement militaire apporte son lot d'enseignements pour les armées et les experts en défense. La guerre du Haut-Karabakh avait fait prendre conscience de l’importance des drones dans les guerres modernes.

Mais l’affrontement sur le terrain ukrainien a apporté encore plus d’éclairage sur la complexité des guerres modernes, notamment en ce qui concerne l’importance de la défense anti-aérienne, des capacités de combat au sol, de la défense anti-drone, de la logistique, de la capacité de mobilisation et des systèmes de défense intégrés, comme nous l’explique l’expert militaire Abdelhamid Harifi.

L’aviation militaire russe a montré ses limites

L’aviation russe s’est révélée vulnérable aux capacités de défense anti-aériennes ukrainiennes, et n’a pas pu se déployer 'correctement' dans le ciel ukrainien. Des armes aussi légères que les Manpads, missiles de défense qui se portent sur le dos, peuvent causer des dégâts considérables aux avions russes, a-t-on constaté. Grâce à ces engins au prix abordable et faciles à utiliser, les Ukrainiens ont pu détruire des hélicoptères, des chasseurs et des bombardiers russes.

L’aviation russe a également échoué dans sa tentative de neutraliser l’aviation ukrainienne et ses capacités de défense anti-aérienne. C’est pourtant censé être le premier rôle de l’aviation dans une attaque comme celle de la Russie sur l’Ukraine. A titre d’exemple, l’aviation est connue pour lancer entre 1.000 et 1.500 missiles dès la première salve, ce que n’ont pu faire les Russes, note Harifi.

L’armée de l’air algérienne, équipée quasi exclusivement de matériel russe, va connaître les mêmes limites. Pendant les exercices militaires que montrent la télévision algérienne, on remarque des Su-30 obligés de voler à très basse altitude pour viser des cibles terrestres, en l’absence de bombes guidées, signale l’expert militaire.

"Ce sont des lacunes qui montrent que l’Algérie n’est pas prête à faire la guerre à une armée qui a des dispositifs de défense technologiquement avancés", affirme-t-il. En revanche, le Maroc a, ces dernières années, commencé à investir davantage dans les capacités de défense anti-aérienne, avec l’objectif d'acquérir des systèmes multi-couche intégrés avec des moyens de courte, moyenne et longue portée.

Les drones sont importants, mais les forces au sol restent indispensables pour gagner du terrain

Les drones se sont, encore une fois, révélés déterminants dans les conflits modernes. Leur utilisation, par les deux camps, a surtout jeté la lumière sur l’importance de disposer de moyens anti-drones pour les contrer. Abdelhamid Harifi insiste sur la nécessité de combiner différents moyens anti-drones pour une meilleure efficacité.

Mais, dans cette guerre, l’utilisation des drones a aussi montré que la suprématie aérienne ne garantissait pas l’occupation du terrain. Par conséquent, les forces terrestres, notamment celles de l’artillerie, de l’infanterie et des blindés ont toujours leur importance. Dans cette guerre d’usure où l'on grignote du terrain de part et d’autre, elles sont plus que jamais indispensables.

Le Maroc a d’ailleurs engagé, depuis quelques années, une modernisation dans ce sens. Il s'est doté de plusieurs systèmes avancés et a réorganisé ses régiments et ses brigades d’infanterie de telle sorte que chaque secteur militaire soit autonome pour faire face aux menaces le plus rapidement possible.

L’interconnexion des différents équipements

Concernant les fortes demandes de l’Ukraine pour les chars de combat occidentaux, Abdelhamid Harifi estime qu’ils ne seront pas très utiles sans un système technologique complet permettant de communiquer en temps réel avec tous les autres équipements, tels que les drones, les avions, les radars, les systèmes de défense anti-aériens, etc.

Si les Occidentaux ont hésité à fournir leurs chars à l’Ukraine, c’est à cause de l’absence de ce genre de système dans l’armée ukrainienne ; ce qui rendrait leurs chars particulièrement vulnérables aux missiles anti-tank russes, et pourrait par conséquent entacher leur réputation.

L'échange de données en temps réel permet d’optimiser le fonctionnement de tout le système, de prendre les meilleures décisions et d’amplifier ainsi l’efficacité des équipements au combat. Le Maroc a la chance de disposer d'ores et déjà de ce genre de système.

Alors que les exercices militaires algériens montrent des chars portant des drapeaux permettant de distinguer leurs véhicules de ceux de l'ennemi. Un méthode archaïque qui découle de l'absence de ces systèmes de communication électronique avancée entre les différents équipements militaires algériens, selon l’expert militaire.

La capacité de mobilisation des troupes est décisive

Dans cette guerre en Ukraine, il est clair que la supériorité russe en matière d’armement n’est pas suffisante. L’invasion d’un territoire aussi grand que celui de l’Ukraine nécessite un effectif important. Le fait de ne pas avoir mobilisé suffisamment d’hommes dès le début de l’opération est l’une des principales erreurs du côté russe, estime Abdelhamid Harifi.

Ce dernier note que l’armée algérienne ne dispose que de 350.000 hommes, avec peu de réservistes, et dont la formation laisse à désirer. Dans le cas d’un conflit de grande ampleur, l’Algérie ne pourra pas maintenir son offensive durablement.

L’Algérie dépendante de la maintenance russe

L’armée algérienne souffre également de sa dépendance vis-à-vis de la maintenance et de l’entretien de ses équipements par les Russes. Ces derniers refusent tout transfert de technologie à leurs clients lors de la vente d'armes, y compris s'agissant de la maintenance et de l’entretien des équipements.

C’est la principale raison pour laquelle le Maroc avait refusé de conclure un contrat avec les Russes pour l’achat d’hélicoptères en 2006. Car, contrairement à l’Algérie, il insiste sur l’importance de maîtriser lui-même la réparation et l’entretien de son matériel. C’est le cas avec les récents achats de chasseurs F-16, de chars Abrams et d’hélicoptères Apache. Le Royaume a en effet appris de ses expériences passées et refuse que ses appareils restent cloués au sol à cause de l’impossibilité de les réparer.

Pour ce qui est du conflit en Ukraine, la Russie se devait d'accorder la priorité à ses propres équipements au détriment de ceux de ses alliés. Quant à l’Algérie, en cas de conflit majeur, elle aura du mal à remettre rapidement en état ses appareils sur le terrain.

Vous avez un projet immobilier en vue ? Yakeey & Médias24 vous aident à le concrétiser!

Si vous voulez que l'information se rapproche de vous

Suivez la chaîne Médias24 sur WhatsApp
© Médias24. Toute reproduction interdite, sous quelque forme que ce soit, sauf autorisation écrite de la Société des Nouveaux Médias. Ce contenu est protégé par la loi et notamment loi 88-13 relative à la presse et l’édition ainsi que les lois 66.19 et 2-00 relatives aux droits d’auteur et droits voisins.

A lire aussi


Communication financière

Upline Capital Management: FCP “UPLINE CROISSANCE” Rapport du commissaire aux comptes exercice du 10 Février 2023 au 31 Décembre 2023

Médias24 est un journal économique marocain en ligne qui fournit des informations orientées business, marchés, data et analyses économiques. Retrouvez en direct et en temps réel, en photos et en vidéos, toute l’actualité économique, politique, sociale, et culturelle au Maroc avec Médias24

Notre journal s’engage à vous livrer une information précise, originale et sans parti-pris vis à vis des opérateurs.

18e congrès du parti de l'Istiqlal