Censée répondre à l’objectif stratégique de réinventer le tourisme marocain dans un délai de quatre années, la feuille de route 2023-2026 s’articule autour de trois axes que développe ci-après la ministre Fatim-Zahra Ammor à Médias24. Mme Ammor était par ailleurs l'invitée, mardi 21 mars 2023, à une conférence débat très réussie, organisée par La Vie Eco portant sur les enjeux du tourisme à l'horizon 2026.

Une offre repensée autour de l’expérience client

La première conclusion préconise le passage d’une logique de destination à une segmentation en neuf filières thématiques. Elles correspondent aux produits touristiques les plus demandés et que le Maroc est à même d'offrir :

• Ocean Waves : positionner le Maroc comme une destination phare de sports nautiques dans des destinations comme Dakhla ou Essaouira (kitesurf, windsurf, surf…).
• Nature, Trekking and Hiking : développer des expériences structurées de tourisme vert, avec une ou plusieurs journées de randonnée dans des reliefs montagneux (Imlil…).
• City Break : consolider le positionnement de la destination sur le segment du voyage de courte durée dans des destinations urbaines comme Rabat.

• Beach & Sun : renforcer l’offre balnéaire existante à Agadir, Taghazout…

• Desert & Oasis Adventure : compléter et démultiplier l’offre d’escapade authentique dans le désert d’Agafay à la sortie de Marrakech.

• Tourisme d’affaires : ériger le Maroc en destination MICE d’envergure à Casablanca.

• Circuits culturels : multiplier les expériences insolites d’immersion au cœur de l’héritage historique comme dans la capitale ismaélienne de Meknès ou spirituelle de Fès.

• Tourisme interne - Bord de mer : stimuler le développement du tourisme domestique autour des activités estivales à Saïdia ou dans la région Tanger-Tétouan-Al Hoceïma, en cohérence avec la demande.

• Tourisme interne - Nature & découverte : développer de nouvelles expériences adaptées aux besoins et au budget du touriste local.

Hormis les neuf filières précédentes qui permettront aux visiteurs étrangers et aux touristes locaux de mieux sélectionner leur destination finale, la feuille de route comprend aussi cinq filières transverses. Leur but est de valoriser le patrimoine immatériel, avec des produits ayant trait à la gastronomie et aux produits du terroir, aux nombreux festivals et moussems, au développement durable, à l’artisanat et au savoir-faire local, et enfin à un hébergement alternatif qui soit responsable et authentique.

Six leviers de compétitivité 

Pour faire décoller la nouvelle offre touristique, six leviers de compétitivité seront actionnés à travers :

• un plan offensif et ambitieux pour l’aérien visant à doubler la capacité du réseau ;
• un plan marketing et promotion renforcé, avec un focus sur le digital et sur les partenariats avec les prescripteurs de voyages et les tours opérateurs étrangers ;
• la stimulation des investissements du secteur privé dans l’animation et les services touristiques ;
• la mise à niveau de l’offre hôtelière et la création d’une nouvelle capacité d’hébergement ;
• le renforcement du capital humain, pour une qualité de service aux standards internationaux ;
• un meilleur pilotage du secteur en renforçant le rôle de l’Observatoire national du tourisme.

                 Un financement d’ores et déjà sécurisé

La réussite de la feuille de route passera nécessairement par le déblocage d’un budget supplémentaire qui viendra s’ajouter à celui du département ministériel décidé par le PLF 2023.

L’enveloppe dédiée à la réalisation de la feuille de route sera de 6,1 MMDH sur la période 2023-2026, budget qui, selon Fatim-Zahra Ammor, a déjà été sécurisé avec le ministère de l’Économie et des finances.

                Une nouvelle gouvernance sera mise en œuvre

Pour remplir les objectifs, un système de gouvernance de la feuille de route a été mis en place au plus haut niveau de l’exécutif, avec la création de trois commissions nationales et de douze commissions de suivi régionales qui permettront de faire des bilans d’étape et de corriger les erreurs, le cas échéant.

Dans ce sens, une commission nationale interministérielle du tourisme, présidée par le chef du gouvernement, aura pour mission d’évaluer l’avancement de la feuille de route au niveau national et régional, d’émettre les orientations d’ordre stratégique, de réaliser les arbitrages nécessaires et, enfin, de coordonner l’intervention des différentes parties prenantes.

Coprésidée par la ministre du Tourisme et de l’artisanat et par son collègue du Transport et de la logistique, une commission aérienne aura pour mission de définir les lignes aériennes à consolider ou à mettre en place, et de valider les mécanismes d’accompagnement et de soutien.

Une commission Produit Offre/Demande présidée par la ministre, évaluera l’avancement des plans d’action pour développer les filières touristiques et leur déclinaison au niveau des régions.

Enfin, douze commissions de suivi des plans régionaux, présidées par les walis (préfets de région) seront chargées de suivre les réalisations des projets touristiques prioritaires au niveau des régions.

Mieux suivre le déploiement de la feuille de route

Pour renforcer la dynamique de suivi, dix laboratoires d’impulsion, constitués chacun d’une équipe multidisciplinaire public-privé, seront chargés de l’animation des filières thématiques.

En dernier lieu, une structure d’animation centrale et des structures régionales, avec des relais locaux, devront suivre le déploiement des chantiers de la feuille de route et des différents plans d’action.

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