Attijari devient la première capitalisation de la Bourse de Casablanca

| Le 13/3/2023 à 19:05
L’opérateur Maroc Télécom, détenteur du titre de première capitalisation boursière au Maroc depuis son introduction en bourse en 2004, cède sa place à Attijariwafa bank. Un point d’inflexion majeur au sein de la place casablancaise.

C’est un changement majeur qui s’opère au niveau du marché boursier. L’opérateur historique était, depuis près de vingt ans, le poids lourd de la Bourse de Casablanca. Il perd sa position de première capitalisation boursière en faveur d'Attijariwafa bank.

Maroc Telecom, qui était valorisé par le marché début 2020 à plus de 150 milliards de dirhams, a baissé depuis. Sa capitalisation boursière, à l’heure où ces lignes sont écrites, est de 78,2 MMDH, soit un gap de près de 7 MMDH par rapport à la valeur d’Attijariwafa bank (84,9 MMDH).

L'opérateur télécom a cédé sa place lors de la séance du 30 décembre 2022. L’écart entre les deux capitalisations était alors de 821 MDH. Mais les choses sont vite rentrées dans l’ordre le 2 janvier 2023, première séance de l’année 2023, où Maroc Telecom a retrouvé son rang, dépassant la capitalisation d’Attijariwafa bank de 2,8 MMDH.

"La séance du 30 décembre 2022 était une première sur le marché, car jamais Maroc Telecom n’avait été dépassé depuis son IPO en 2004 par une autre valeur de la place. C’était un premier signal que l'opérateur allait un jour ou l’autre perdre son statut de première capitalisation de la Bourse. Ce n’était pour nous qu’une question de temps…", nous confie un analyste financier.

Creusant encore le gap avec Attijariwafa bank à plus de 5 MMDH, le titre de l’opérateur télécom a pu remonter la pente en janvier et maintenir son rang jusqu’au 7 février où, pour une seule séance, le titre se voit dépasser par la valeur bancaire pour un gap de valorisation de 675 MDH. Un deuxième signal est émis. Le lendemain, la valeur se redresse encore une fois et efface ce gap. Mais cela ne durera que neuf journées de cotation. Le 21 février, Attijariwafa bank remonte et dépasse pour la troisième fois Maroc Telecom… Une position que la valeur bancaire ne lâchera plus, creusant de jour en jour l’écart de valorisation avec l’opérateur télécom, qui est passé de 3,9 MMDH le 21 février à plus de 7 MMDH ce lundi 13 mars.

Les lourdes amendes de l’ANRT derrière la descente aux enfers

Et ce changement de position est dû principalement à la descente aux enfers de l’action Maroc Telecom, beaucoup plus qu'à une performance exceptionnelle d’Attijariwafa bank, qui passe également par une mauvaise période en bourse (le titre a perdu 20% de sa valeur depuis 2020).

La chute du titre, et de la capitalisation boursière de Maroc Telecom, a commencé dès 2020, avec les effets conjugués de la crise du Covid, mais surtout la lourde amende de 3,3 MMDH prononcée la même année par l’ANRT contre l’opérateur pour "un abus de position dominante", en lien avec le processus de dégroupage de la boucle locale.

Une seconde amende de 2,4 MMDH, décidée fin juin 2022 par l’ANRT pour "pratiques discriminatoires contre les concurrents", est venue accélérer la chute libre du titre, qui a entre-temps perdu la moitié de sa valeur, passant d’un pic de 176 dirhams le 20 janvier 2020 à 89 dirhams le lundi 13 mars 2023.

En deux ans, Maroc Telecom a donc perdu la moitié de sa valeur en bourse. Ce sont pas moins de 72 MMDH de capitalisation qui se sont évaporés.

A cette mauvaise passe qui a fait fondre les bénéfices de l’opérateur (ils ont baissé de 54% en 2022), et les dividendes qu’il distribue à ses actionnaires, s’ajoute une perte de vitesse sur le marché local, notamment sur le segment mobile, où Maroc Telecom est de plus en plus concurrencé par les deux autres acteurs du marché.

En 2022 par exemple, le chiffre d’affaires des activités au Maroc a baissé de 1,8% par rapport à 2021. Une baisse imputable, selon les analystes de BMCE Capital Research, au repli des revenus Mobile de 3,9%, et en particulier de la Data Mobile de 5,6%.

Selon la société de recherche, "le ralentissement se fait également ressentir sur le parc client national, avec un repli de 3,3% en glissement annuel à 19,3 millions d’abonnés, consécutivement à une contraction de 4% sur le prépayé Mobile, vraisemblablement attribuable aux offres agressives des concurrents, qui a été atténuée par une progression de +2,3% du parc Mobile postpayé", détaille la société de recherche dans une note publiée après la publication des résultats de l’opérateur. Une note où la société de bourse recommande d’alléger le titre dans les portefeuilles.

La baisse des dividendes fait perdre au titre son attrait historique

La valeur qui pond de l’or, comme on l’appelait sur le marché, perd de son prestige et de son attrait. Et elle est immédiatement sanctionnée par le marché depuis qu’elle a décidé de baisser son taux de distribution de dividendes qui est passé de près de 100% du résultat net à 70% pour cet exercice.

"Le grand attrait de Maroc Telecom résidait dans sa politique généreuse de distribution de dividendes. Ce qui en faisait une valeur de fond de portefeuille par excellence. Mais depuis 2020, son payout (taux de distribution des dividendes) a baissé, passant de 97% historiquement à 63% en 2020, à 75% en 2021 et à 70% pour cette année. Le tout avec la baisse du dividende de la moitié. Ce qui a poussé plusieurs investisseurs à se désengager du titre pour se positionner sur d’autres valeurs qui livrent un meilleur rendement", explique un analyste financier consulté par Médias24.

Mais rien n’est définitif, tient à souligner notre analyste, qui pense que Maroc Telecom pourrait facilement retrouver sa place de première capitalisation du marché si elle résout une fois pour toutes ce dossier du dégroupage.

"Maroc Telecom reste une bonne valeur sur le plan fondamental. Sa perte de vitesse en bourse est liée essentiellement aux amendes exceptionnelles de l'ANRT. Une fois ce dossier résolu, l’opérateur retrouvera des niveaux de résultats normaux et pourra alors renouer avec sa politique de distribution des dividendes. Fondamentalement, si le titre est sous-valorisé actuellement, il a un bon potentiel de croissance sur le moyen terme", estime notre source.

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