Fiction. Ce vendredi 9 décembre 2022 à Doha...

Le Maroc a écrit une magnifique page dans son livre d'or à la Coupe du monde au Qatar. Mais ses rêves de demi-finale se sont brisés face au génie de Neymar, ce qui constitue un exploit en soi. Récit imaginaire.

Fiction. Ce vendredi 9 décembre 2022 à Doha...

Le 22 novembre 2022 à 17h18

Modifié 23 novembre 2022 à 9h15

Le Maroc a écrit une magnifique page dans son livre d'or à la Coupe du monde au Qatar. Mais ses rêves de demi-finale se sont brisés face au génie de Neymar, ce qui constitue un exploit en soi. Récit imaginaire.

Une larme mêlée à la sueur perle sur le visage d’un Romain Saïss dépité et exténué. “Perdre de cette manière, c’est vraiment rageant”, s’emporte le capitaine de l’équipe nationale, au micro du diffuseur officiel de la Coupe du monde 2022, avant de souligner “le parcours exceptionnel réalisé par l'équipe nationale”. En arrière-plan, ses coéquipiers sont affalés sur la pelouse, perclus de crampes ou de regrets. Certainement un peu des deux à la fois.

Il est 18 heures passées, ce vendredi 9 décembre, au stade Al Rayyan au Qatar. Le Maroc a vu ses espoirs de demi-finale s’envoler aussi vite et haut que le retourné acrobatique victorieux de Neymar, sur une erreur de marquage inhabituelle de Saïss. Car jusqu’ici, l’équipe nationale avait fait un sans-faute.

Une victoire fondatrice

Pour son entrée en lice face à la Croatie, les hommes de Walid Regragui ont déjoué les pronostics et fait vibrer le stade, baigné dans une ambiance de folie. Au point que le héros du jour se croyait à domicile. “A un moment donné, je me suis demandé si nous étions vraiment à des milliers de kilomètres du Maroc”, exulte Yahya Jabrane.

D’une frappe tendue des 25 mètres, le récent champion d’Afrique avec le Wydad de Casablanca a nettoyé la lucarne de Dominik Livakovic au bout des arrêts de jeu, offrant la première victoire à l’équipe nationale en phases finales de la Coupe du monde depuis l’édition 1998.

Pourtant, l’histoire avait mal commencé pour Jabrane et ses coéquipiers, menés dès la 5’ sur une tête de Joško Gvardiol, consécutive à un corner largement évitable. A cet instant, le spectre du mondial russe a surgi pour tétaniser  les velléités offensives entrevues dès la première minute, lorsque la demi-volée de Youssef En-Nesyri, étrangement esseulé au second poteau, a frôlé la lucarne adverse.

Ce mercredi 23 novembre, l’équipe nationale a vu son plan de jeu voler en éclats après l'ouverture du score de la Croatie. Mais le doute qui s’est immiscé dans les esprits marocains n’a été que de courte durée. Le temps pour Soufiane Boufal d'être fauché par Duje Caleta Car dans la surface de réparation adverse (10’).

Premier dans la hiérarchie des tireurs, l’ailier du SCO d’Angers n’a pas tremblé et a pris à contre-pied le gardien adverse. Après deux buts en dix minutes, le match avait des allures de guerre de tranchées au milieu de terrain. Une bataille rangée dont le Maroc est finalement sorti vainqueur, grâce au coaching bien senti de Walid Regragui.

En remplaçant à l’heure de jeu Soufiane Boufal par Yahya Jabrane afin de passer en 4-4-2, avec Selim Amallah décalé sur le côté gauche, le rapport de force s’est équilibré. Renforcé, l’entrejeu de l’équipe nationale a annihilé le pouvoir de nuisance du milieu de terrain croate, notamment celui de Luka Modric.

La supériorité numérique marocaine dans ce compartiment de jeu a offert, en phase offensive, de l’espace et du temps à Yahya Jabrane pour reprendre un ballon mal repoussé par la défense croate dans l’axe, et offrir une victoire inespérée au Maroc.

Trop forts ces Belges 

Quatre jours plus tard, c’est la stupeur. Certains se sont frotté les yeux. D’autres ont actualisé frénétiquement les pages de leur navigateur, sans rien y changer. Ce dimanche 27 novembre, Hakim Ziyech s’est blessé et n’est pas du groupe qui s'opposera à la Belgique dans moins d’une heure, au stade Al-Thumama. Son absence se fera sentir dans la maîtrise collective.

Revanchards, après leur défaite d’entrée face au Canada (2-0), les Belges ont pris le jeu à leur compte et mis sous pression la défense marocaine pour ne plus jamais la laisser sortir la tête de l’eau. Bien aidé par l’expulsion de Yassine Bouno, qui a mal jugé la trajectoire du ballon avant de le toucher de la main hors de sa surface de réparation (30’).

Le coup franc a magnifiquement été transformé par Kevin De Bruyne. Double peine pour l’équipe nationale. Puis triple sur la remise en jeu, lorsque Nayef Aguerd, positionné défenseur central axe droit, a totalement raté sa relance, lui le gaucher. Une bévue monumentale dont a profité Eden Hazard (35’) pour doubler le score.

A dix et mené 2 à 0, le onze national semble résigné sans être abattu. A voir les hommes de Walid Regragui défendre comme si c’était le dernier match de leur vie, on a compris que les têtes étaient déjà tournées vers le dernier match du groupe F face au Canada, et que leur qualification pourrait dépendre de la différence de but.

Une qualification tout en maîtrise 

“Pour une fois, nul besoin de calculatrice”, s’amusent les fans sur les réseaux sociaux. Habitués aux calculs d’épicier pour évaluer les chances de l’équipe nationale de se hisser au second tour de la CAN, les Marocains ont cette fois-ci leur destin entre les pieds. Et en Coupe du monde s’il vous plaît.

Un succès contre le Canada serait synonyme de qualification en huitièmes de finale. Du jamais vu depuis le Mondial 1986 au Mexique. Avec ou sans Hakim Ziyech ? C’est la principale interrogation qui accompagne les heures précédant la rencontre. "Nous n’avons pas encore pris de décision concernant Hakim”, lâche Walid Regragui en conférence de presse d’avant-match. Le sélectionneur national n’est pas dupe. Avec ou sans son maître à jouer, l’affaire n’est pas la même.

La réponse tombe à trois quarts d’heure du match décisif. Hakim Ziyech fait bel est bien parti du groupe et, en prime, il sera titulaire sur la droite de l’attaque marocaine, menée par Abderrazak Hamed-Allah. Le natif de Safi remplace un Youssef En-Nesyri très peu inspiré jusqu'ici en pointe (aucun tir cadré en 120’ de jeu).

Alors que le Canada n’a besoin que d’un point pour assurer sa place au second tour, après avoir notamment tenu en échec la Croatie (1-1), le Maroc doit absolument gagner pour prolonger l’aventure au Qatar et tirer profit du succès face à ces mêmes Croates.

Tendu à souhait, le premier acte, où le score xG cumulé des deux équipes n’a pas volé bien haut (0,55), n’a pas été du goût des supporters ni des sélectionneurs. Au retour des vestiaires, Walid Regragui a encore une fois changé de système, passant du 4-3-3 au 4-2-3-1. Hakim Ziyech, qui en a été le principal bénéficiaire, se retrouve au soutien de Hamed-Allah.

Une liberté que le milieu de Chelsea a parfaitement exploitée sur l’ouverture du score de Hamed-Allah. D’une merveille de passe lobée, il trouve à l’heure de jeu Achraf Hakimi dans le dos de la défense canadienne. La glissade d’Alfonso Davies a offert au latéral droit la latitude de trouver, d’une passe en retrait millimétrée, l’avant-centre, qui a parfaitement ajusté du plat du pied le gardien adverse.

A 1-0, le Maroc tenait sa qualification pour ne plus la lâcher. Malgré quelques frayeurs, dont un tir de Jonathan David qui est passé à quelques centimètres des cages de Munir Mhamdi (75'), les nationaux ont tenu bon et même doublé la mise par l’intermédiaire de Ounahi, dans un stade Al-Thumama incandescent, scellant définitivement leur présence en phases finales de la Coupe du monde 2022.

Les supporters de l’équipe nationale étaient en transe, malgré la déception de devoir quitter le Qatar, dès le lendemain, pour ceux d'entre eux qui n'avaient pas imaginé un tel scénario. Difficile de leur en tenir rigueur tant le Maroc nous avait habitués aux déconvenues.

Des corps fragiles…

Au lendemain du jour de repos accordé par le staff, les nationaux sont arrivés à l'entraînement par grappes. Décidés à reprendre le cours de leur épopée là où ils l’avaient laissé. Bien qu’axée sur la récupération, la séance a mis à nu la condition physique précaire de certains joueurs.

Nayef Aguerd a été le premier à quitter ses coéquipiers après avoir ressenti une gêne à la cheville qu’il avait soignée des mois durant. Prudent, le staff médical a préféré raccompagner le défenseur aux vestiaires pour lui prodiguer des soins.

Quelques minutes plus tard, ce sera au tour de Achraf Hakimi d’écourter sa séance suite à un choc avec Noussair Mazraoui. L'inquiétude, déjà pesante, a atteint des sommets lorsque Soufiane Amrabet s’est tenu la cuisse sur un changement de direction anodin.

A moins de 72 heures du huitième de finale face à l’Allemagne, ce sont trois titulaires inamovibles qui se retrouvent sur le flanc. Une contrariété qui va, in fine, alimenter la hargne et la volonté de se surpasser des Lions de l’Atlas.

… mais des esprits solides

Deuxième du Groupe F derrière la Belgique qui a fini sa phase de poules en giflant la Croatie (4-0), le Maroc a hérité du leader du Groupe E : l’Allemagne. Les champions du monde 2014 restent sur trois victoires convaincantes, dont une face à l’Espagne (3-1).

On dit souvent que “le football est un sport qui se joue à onze contre onze, et à la fin, c'est l'Allemagne qui gagne”. Malgré les forfaits de Saïss et Aguerd, l’équipe nationale avait de la réserve et a pu compter sur une paire de défenseurs aux automatismes affirmés.

Alignée en charnière centrale, El Yamiq et Benoun ont une chance inestimable à saisir. D’abord hésitante sur quelques interventions, l’ancienne défense centrale du Raja de Casablanca a pris de l’assurance au fil des minutes, bien aidée par un milieu de terrain travailleur, composé de Soufiane Amrabet, remis de sa blessure, de Yahya Jabrane et de Abdelhamid Sabiri.

Très peu d’occasions seront concédées de part et d'autre. Il aura fallu attendre les derniers instants de la seconde mi-temps pour voir Yassine Bouno, de retour dans les buts après sa suspension, s’envoler pour détourner une magnifique frappe enroulée de Thomas Müller. L’attaquant allemand, qui a pourtant tout tenté, s’est emmêlé les pinceaux à plusieurs reprises et n'a pas toujours fait les bons choix.

Quoi qu’il en soit, le Maroc et l’Allemagne jouent leur qualification en quarts de finale de la Coupe du monde, au bout d’une séance de penalties asphyxiante. Hakim Ziyech, dont ce n’est décidément pas la spécialité, a raté son tir au but en voulant réaliser une panenka parfaitement lue par Manuel Neuer.

Le gardien allemand stoppa le second tir au but marocain, en allant chercher au ras du poteau droit un tir parfaitement placé ou presque, par Selim Amallah. En parallèle, les Allemands ont transformé leurs deux tentatives. Mais ça, c'était avant le début du show Bounou.

Le Sévillan a sorti les trois tentatives allemandes suivantes pour offrir à ses coéquipiers, qui ont enfin réussi à tromper le portier munichois, une qualification historique en quarts de finale où les attendent les Brésiliens.

Le Brésil, des regrets et des souvenirs    

Affronter la Seleçao représente un idéal pour tout footballeur. Mais cet état d’esprit peut être à double tranchant comme en témoigne l’élimination du Maroc. L’équipe nationale, trop timorée, a péché offensivement par manque de personnalité et de prise d’initiative.

“Nous les avons trop respectés et on les a regardés jouer", déplore Nayef Aguerd en interview d’après-match. Le défenseur était l’un des rares joueurs marocains à oser prendre des initiatives, que ce soit via des passes laser à l’intérieur du jeu ou sur des montées rageuses sur corners.

Le trio d’attaque, Ziyech-Boufal-Hamed-Allah, a manqué de justesse dans son expression collective et individuelle. Le Maroc a tenu bon jusqu’au retour des vestiaires. Mais à la 48’, Neymar s’est envolé dans le ciel du stade de la Cité de l’éducation, pour inscrire d’un formidable retourné acrobatique, l’unique but de la rencontre et l’un des plus beaux du tournoi.

Le Maroc a poussé et failli égaliser sans l’intervention de Alisson (60’) ou de son poteau gauche (89’). Mais le onze national n’en a pas assez fait pour se donner les chances d’aller plus loin, ce vendredi 9 décembre.

Il est vrai que l’élimination en quarts de finale de la Coupe du monde 2022 n’était pas au programme, et qu’elle constitue un exploit en soi. Cependant, la déception sera longue à digérer, car il y avait de la marge pour franchir le plafond de verre auquel se heurte le continent africain en Coupe du monde. Ce rêve paraît décidément inatteignable. D’autant que le réveil a sonné, trois heures nous séparent du match face à la Croatie.

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