Sahara. Pas de solution politique sans réunir toutes les parties (rapport Guterres)

Octobre est le mois du Sahara au Conseil de sécurité de l'ONU. Le rapport préliminaire du secrétaire général a été transmis le 3 octobre aux membres du conseil. Sans surprise, il met le doigt sur les deux évolutions

Sahara. Pas de solution politique sans réunir toutes les parties (rapport Guterres)

Le 8 octobre 2022 à 9h11

Modifié 11 octobre 2022 à 8h06

Octobre est le mois du Sahara au Conseil de sécurité de l'ONU. Le rapport préliminaire du secrétaire général a été transmis le 3 octobre aux membres du conseil. Sans surprise, il met le doigt sur les deux évolutions

Si on devait choisir un seul passage dans le rapport du secrétaire général de l'ONU sur la situation au Sahara, ce serait celui-ci: "Alors que je réaffirme le rôle crucial des Etats voisins dans la recherche d'une solution à la question du Sahara Occidental, je réitère l'expression de ma préoccupation face à la détérioration des relations entre le Maroc et l'Algérie. J'encourage les deux pays à rétablir le dialogue en vue d'un rétablissement de leurs relations et de redoubler d'efforts en matière de coopération régionale, notamment en vue d'un environnement propice à la paix et à la sécurité". Si l'on dépasse le langage diplomatique, ce paragraphe pointe tout simplement la responsabilité algérienne dans la situation passée, actuelle et future.

Le Conseil de sécurité de l'ONU consacre une partie de ses travaux au cours de ce mois d'octobre à la situation au Sahara. Une résolution est attendue entre le 27 et le 31 octobre. Traditionnellement, le secrétaire général diffuse un rapport factuel concernant les principaux événements dans la région au cours de l'année écoulée, en plus de briefings avec le chef de la Minurso et l'envoyé personnel Staffan De Mistura. Cette année, le rapport a été diffusé le 3 octobre aux membres du conseil de sécurité.

Au Maroc, nous savons ce qui a changé au cours des douze mois écoulés:

-l'affirmation publique, internationale, visible, du caractère bilatéral algéro-marocain et du rôle décisif joué par l'Algérie.

-l'existence d'une dynamique internationale, notamment en Europe, en faveur du plan marocain d'autonomie.

Et nous savons également que l'enjeu de la prochaine étape, ce sera la poursuite des tables rondes avec la pleine participation de l'Algérie.

Le constat de l'année écoulée, c'est que le dossier semble de nouveau dans l'impasse.

Un conflit bilatéral algéro-marocain

Le Maroc le répète depuis 1975 ou 1976.  C'est maintenant visible. C'est l'Algérie qui arme, qui finance, qui héberge et qui maintenant menace les pays qui soutiennent la marocanité du Sahara. Aujourd'hui, dans le concert international, on sait que soutenir la marocanité du Sahara ou même simplement le plan d'autonomie marocain, c'est s'exposer à de lourdes représailles algériennes.

Selon une copie préliminaire du rapport destinée pour l'information des membres du Conseil de sécurité, il ressort que l'Algérie maintient son rejet du processus des tables rondes auquel elle avait pourtant adhéré par le passé.

Cette position avancée, à plusieurs reprises, par le SG de l'ONU dans son rapport suite à des rencontres entre son envoyé personnel Steffan De Mistura et les hauts responsables algériens confirme le double discours de l'Algérie ainsi que le blocage du processus politique.

Voici quelques citations du document:

-Où l'Algérie joue sur les mots. Avec De Mistura, elle appuie le processus politique onusien, alors que celui-ci doit mener selon les résolutions de l'ONU à une solution politique réaliste et mutuellement acceptable. Voici un petit extrait:

"À Alger, le 5 septembre, mon Envoyé personnel a rencontré le ministre des Affaires étrangères Lamamra et l'Envoyé spécial Belani, qui ont longuement débattu de la question du Sahara occidental et réaffirmé le plein soutien de l'Algérie à ses efforts et au processus politique, soulignant qu'il devrait aboutir à l'autodétermination du peuple du Sahara occidental et notant la nécessité d'un dialogue direct entre le Maroc et le front polisario".

Rappelons que l'autonomie est une forme d'autodétermination admise par l'ONU.

-L'Algérie est citée 33 fois dans le document et la Mauritanie seulement 9 fois.

-Guterres annonce les développements diplomatiques et notamment, les nouvelles ouvertures de consulats à Dakhla; en insistant sur la nouvelle position prise par l'Espagne; il cite abondamment les représailles algériennes.

-Concernant la situation militaire, il cite "des hostilités de faible intensité", contrairement à la propagande adverse qui veut faire croire à des opérations d'envergure.

-Le rapport cite les élections du 8 septembre 2021 ainsi que les investissements en matière d'infrastructures.

-Le Maroc, le polisario, l'Algérie et la Mauritanie sont appelés "toutes les parties concernées" (paragraphe 21).

-Ce que Bourita a dit à De Mistura, selon le rapport de Guterres:

"Au troisième trimestre, mon Envoyé personnel a effectué une série de deuxièmes visites auprès de tous les acteurs concernés de la région. Lors d'une visite à Rabat du 2 au 7 juillet 2022, le ministre marocain des Affaires étrangères Bourita a en outre partagé son sentiment que le moment n'était pas venu pour son gouvernement de donner des détails sur sa proposition. Le Ministre a suggéré que mon Envoyé personnel devrait d'abord convoquer à nouveau des tables rondes avec la participation du Maroc, du front polisario, de l'Algérie et de la Mauritanie, pour une discussion basée exclusivement sur la proposition marocaine et dans le contexte de la "souveraineté nationale et de l'intégrité territoriale" du Maroc."

-Le document cite abondamment la politique de main tendue du Maroc à l'égard de l'Algérie, exprimée à plusieurs reprises par le Roi Mohammed VI.

Dans ses recommandations, Guterres confirme directement ou indirectement, les constats que nous signalons ci-dessus:

-il se déclare "profondément préoccupé" par la situation dans la zone.

-les incursions quotidiennes dans la zone tampon [de la part du polisario, faut-il le rappeler], "violent son statut de zone démilitarisée". Il évoque une évolution qui "menace la stabilité de la région, avec un risque d'escalade tant que les hostilités persistent".

-il appelle à la reprise des tables rondes, enjeu majeur de la prochaine étape; mais sans citer le terme tables rondes: "je reste convaincu qu'une solution politique à la question du Sahara occidental est possible à condition que toutes les parties concernées s'engagent de bonne foi et bénéficient d'un soutien continu de la part de la communauté internationale. L'ONU reste disponible pour convoquer tous ceux qui sont concernés par la question du Sahara occidental à la recherche d'une solution pacifique. Les efforts déployés par mon Envoyé personnel offrent une occasion que j'exhorte tous à saisir. Une volonté politique forte est nécessaire pour trouver une
solution politique juste, durable et mutuellement acceptable".

Ces différents éléments vont guider la rédaction de la résolution attendue pour fin octobre. En parallèle, une dynamique internationale, notamment européenne en faveur du plan d'autonomie, se fait jour. Il est possible qu'il y ait bientôt une initiative internationale en vue de promouvoir une solution politique basée sur l'autonomie.

Round up. Sahara : ce qui a changé depuis la dernière résolution du Conseil de sécurité

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