Ciments du Maroc a bien résisté à la conjoncture et devrait garder le cap d’ici fin 2022
A fin juin 2022, le groupe Ciments du Maroc a affiché un chiffre d’affaires consolidé en quasi-stagnation (+1%) à 2.024 MDH par rapport à la même période en 2021. Ce résultat s’affiche dans un contexte sectoriel tendu où la consommation de ciments connaît un ralentissement depuis le début de l’année, du fait de la mauvaise conjoncture économique et de la forte inflation.
D’après les derniers chiffres de l’Association professionnelle des cimentiers (APC), la consommation de ciment à fin juillet 2022 a reculé de 7,4% à 7,1 millions de tonnes par rapport à fin juillet 2021.
Une résilience affichée dans un contexte morose
L’année 2022 est attendue sous le signe de l’atonie. Depuis l’éclatement de la guerre en Ukraine et l’envolée des prix des matières premières, de nombreux chantiers ont été impactés du fait de ces hausses et de l’indisponibilité de certains produits sur le marché. La hausse des cours du petcoke, combustible dérivé du pétrole, a déjà impacté en partie la rentabilité des cimentiers en 2021 ; elle s’est encore aggravée cette année avec la forte hausse des cours du baril qui se maintient au-dessus des 100 dollars ce lundi 29 août contre 73 dollars à la même période l’an dernier.
Contacté par nos soins, un analyste de la place interprète les réalisations du groupe au premier semestre. Globalement, le groupe a bien résisté à la conjoncture et a affiché une dynamique attendue. « La consommation de ciment au Maroc a baissé de 4,4% à fin juin 2022, et on sait que les cimentiers ont bénéficié d’un effet prix positif durant le premier semestre, cependant pas dans ces mesures-là. Ce qui signifie que Ciments du Maroc a quelque part gagné des parts de marché et enregistré une croissance dans ses autres activités (bétons, agrégats, etc.). Cela a permis de compenser les baisses de volumes de ciment, et même d'enregistrer une légère hausse de leur chiffre d’affaires consolidé. »
Cependant, à fin juillet, le recul de la consommation de ciment à l’échelle nationale s’est accéléré plus vite que prévu. De fait, cela amènera les analystes à revoir légèrement leurs prévisions. « La baisse à fin juillet a été plus forte que ce que nous anticipions. Elle a atteint 7,5%, nous devrons donc mettre à jour nos prévisions et le potentiel impact sur les acteurs nationaux », explique notre source. Néanmoins, l’effet prix positif devrait permettre à Ciments du Maroc de continuer à compenser le ralentissement de la demande et le recul des volumes de ventes.
Une légère reprise d’activité attendue au second semestre
L’acteur cimentier devrait, malgré l’atonie sectorielle et la baisse de la consommation de ciments affichée à fin juillet 2022, conserver un trend de croissance globalement similaire à ce qui a été observé au premier semestre.
Cela vient notamment de la saisonnalité qui régit le marché des cimentiers et de la reprise des chantiers. « L’activité reprend et nous le savons. Un certain nombre de chantiers avaient été arrêtés en été dans l’espoir de voir les prix baisser. Mais constatant qu’aucune baisse significative n’arrivait, les promoteurs ont décidé de reprendre leur rythme », décrit notre source. Actuellement, les prévisions de l’analyste tablent sur un chiffre d’affaires de 4,4 MMDH de Ciments du Maroc cette année.
A fin juin, le groupe a réalisé un chiffre d’affaires de 2 MMDH. Il est à noter que le maintien anticipé de l’activité du cimentier découle également de la saisonnalité. « Généralement, le second semestre est plus important que le premier dans cette industrie. Cependant, avec la baisse observée à fin juillet, nous pourrions revoir cela légèrement à la baisse. In fine, le trend devrait demeurer quasi similaire avec une croissance quasi flat en 2022, autour de 2% ou 3% », précise notre source.
Concernant les ventes de ciments à l’échelle nationale, la consommation d’ici fin 2022 est attendue en retrait de 4% à 5%. « Il y a cependant beaucoup de variables à prendre en compte, qui rendent les projections assez complexes, donc il faut rester vigilant », conclut notre source. En effet, une hausse plus prononcée de l’inflation par exemple pourrait compromettre la croissance attendue au S2-2022.
Notons que le groupe a inauguré en juillet dernier son nouveau centre de broyage à Nador. Cela ne devrait pas lui permettre d’accroître ses ventes de ciment, mais plutôt de marquer sa présence dans le nord du pays.
« L’avantage logistique d’avoir le centre de broyage à côté du marché final, c’est une grande économie sur le coût du transport. Cela nous permet d’utiliser le clinker produit à Agadir, de l’envoyer à Nador, de le mélanger avec les minéraux locaux pour en faire du ciment que nous vendons sur le marché local », indiquait le directeur général du groupe, Matteo Rozzanigo, dans un précédent article.
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