Les créations d’entreprises à fin mai reculent de 18% (OMPIC)

Siège de l'Office marocain de la propriété industrielle et commerciale à Casablanca.
| Le 7/7/2022 à 16:44
La baisse des créations d’entreprises demeure stable à fin mai 2022. D’après Amine Diouri, directeur des études et de la communication chez Inforisk Dun&Bradstreet, cette tendance devrait se poursuivre sur le reste de l’année. Le climat économique maussade et le manque de visibilité ne suscitent guère la confiance. Au premier semestre 2022, les défaillances d’entreprises ont augmenté de 10% par rapport à la même période en 2021.

Selon les derniers chiffres disponibles auprès de l’Office marocain de la propriété industrielle et commerciale (OMPIC), les créations d’entreprises continuent de baisser à fin mai 2022 par rapport à la même période en 2021. Sur la période, 39.734 entreprises ont été créées, soit une baisse de 18% par rapport à la même période en 2021. Le recul demeure stable par rapport à la baisse observée durant le mois d’avril.

Par rapport à fin mai 2020, le nombre de créations a progressé de 58,5%. A rappeler que cette année-là avait été frappée par le confinement total à partir du 20 mars. Les créations d’entreprises sur l’unique mois de mai 2020 atteignaient 680 créations contre 7.175 créations sur l’unique mois de mai 2022. Par rapport à une année normative comme 2019, les créations d’entreprises à fin mai 2022 affichent une baisse de 12%. Durant l’unique mois de mai 2022, une baisse de 19% des créations d’entreprises a été observée par rapport au mois de mai 2021 avec 7.175 créations contre 8.839 en mai 2021.

Par nature d’entreprises, 27.812 entreprises personnes morales et 11.922 entreprises personnes physiques ont été créées à fin mai 2022. Par rapport à la même période en 2021, le nombre d’entreprises personnes morales a baissé de 17,4%, et celui des entreprises personnes physiques accuse un recul de 19,4%. Sur la période, les formes juridiques des entreprises créées étaient des Sociétés à responsabilité limitée à actionnaire unique (SARLAU) à hauteur de 62,5% et des SARL à hauteur de 37,2%. A la même période l’an dernier, les SARLAU comptaient pour 54,3% des entreprises créées et les SARL pour 45,2%, ce qui démontre un engouement de plus en plus marqué pour l’entreprise unipersonnelle.

Mais quels sont les facteurs qui expliquent ce recul des créations d’entreprises depuis le début de l’année ? Contacté à ce sujet, Amine Diouri, directeur des Etudes et de la Communication chez Inforisk Dun&Bradstreet impute cette baisse à un contexte économique extrêmement défavorable. D’ailleurs, il nous confie que d’après une étude menée par Inforisk, dont les détails paraîtront dans quelques semaines, le nombre des défaillances d’entreprises durant le premier semestre 2022 a augmenté de 10% par rapport au premier semestre 2021.

« Il faut rappeler que la création d’entreprise repose principalement sur la visibilité. Si l’on rajoute à la crise du Covid de laquelle nous ne sommes pas sortis, la guerre en Ukraine, avec les effets que ça entraîne, les perspectives sont très incertaines. Cela crée naturellement un impact sur l’investissement et la volonté d’entreprendre », explique-t-il.

Pour notre interlocuteur, cette tendance maussade et cette forte incertitude devraient se maintenir tout au long de l’année. « Le contexte ne changera probablement pas d’ici la fin de l’année, il ne faut pas trop espérer. Nous traversons une crise Covid qui n’est pas derrière nous et un ralentissement économique net. Il est difficile de prédire pire. Je pense que cette tendance actuelle de retrait des créations autour de -18% à -20% sera celle qui se maintiendra sur la seconde moitié de l’année. Prévoir une amélioration serait illusoire, car fondamentalement, nous ne voyons pas de leviers économiques qui permettraient d’inverser la tendance », décrypte notre interlocuteur.

Casablanca rassemble 28,4% des entreprises créées, Tanger et Rabat au coude à coude avec près de 14% chacune

La région de la capitale économique a dénombré 11.305 créations d’entreprises à fin mai 2022. Cela correspond à 28,4% du total des créations dans le pays. Ce nombre affiche cependant une baisse de 15,3% par rapport à la même période en 2021.

A fin mai de cette année, la région de Tanger-Tétouan-Al Hoceïma rassemblait un total de 5.472 créations d’entreprises, soit 13,7% du total. Par rapport à la même période en 2021, le nombre de créations dans cette région a reculé de 6,3%.

La région de Rabat-Salé-Kénitra qui arrive en troisième position, quasiment ex æquo avec la région précédente, affiche 5.438 créations d’entreprises à fin mai 2022. Par rapport à fin mai 2021, le nombre de créations a connu une baisse significative de 23,6%.

Les créations dans le secteur du commerce continuent de diminuer au profit des services et du BTP

Les secteurs de créations d’entreprises à fin mai 2022 demeurent globalement traditionnels avec les trois mêmes piliers que sont le commerce, le BTP et activités immobilières et les services divers. Pour notre interlocuteur, cette tendance durable « vient probablement du fait que le commerce est très concurrentiel et est soumis à des délais de paiement très élevés, ce qui n’incite plus autant les gens à se lancer sur ce secteur ».

Et de fait, la part des entreprises créées dans le secteur du commerce diminuent progressivement. Cette tendance se poursuit encore à fin mai 2022. A titre d’exemple, en 2019, de janvier à mai, 43,42% des entreprises créées s’inscrivaient dans ce secteur. Sur les cinq premiers mois des années 2020, 2021 et 2022, la part des entreprises créées dans le secteur du commerce a progressivement baissé, passant respectivement à 40,31%, 37,15% et 35,89%.

A l’inverse, la part des sociétés créées dans le BTP et activités immobilières affiche une hausse constante sur la même période. A fin mai 2020, 16,41% des entreprises créées œuvraient dans ce secteur. Cette part a continué d’augmenter jusqu’à atteindre 18,45% des entreprises créées à fin mai 2022. Néanmoins, cette tendance ne devrait pas se poursuivre durablement selon Amine Diouri. « Le secteur du BTP a bénéficié de certaines facilités, mais cela ne va probablement pas durer, car les matières premières ont beaucoup pris en termes de prix. De plus, le dynamisme s’affaisse et la consommation de ciments diminue. Un immeuble qui coûtait 100 hier, coûtera 150 ou 200 aujourd’hui », explique-t-il.

Par rapport à la même période l’année dernière, la part des entreprises créées dans le secteur des services divers a progressé, passant de 15,51% à 17,25% cette année.

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