Moody’s maintient la note du Maroc et change la perspective de ‘négative’ à ‘stable’
Dans une note datée du 1er juillet, l’agence de notation financière Moody’s confirme la note d'émetteur à long terme Ba1 du Maroc, et change sa perspective de ‘négative’ à ‘stable’.
La société américaine indique que « le changement de perspective à ‘stable’ reflète la reprise du PIB réel aux niveaux d'avant la pandémie, et la capacité de gestion de crise du gouvernement marocain démontrée pendant la pandémie ».
L’agence de notation met en avant une amélioration des performances du Royaume dans ses mesures de gouvernance qui permettraient la mise en œuvre d’un assainissement progressif du budget ainsi que du ratio d’endettement et des comptes budgétaires. Le tout, « en maintenant la stabilité sociale face à l'exposition du Maroc au choc des prix des denrées alimentaires et de l'énergie déclenchée par l'invasion de la Russie en Ukraine ».
Pour Moody’s, le maintien de la note Ba1 reflète la résilience économique du pays, notamment traduite par l’accumulation de réserves de changes couvrant six mois d’importations (fin 2021, ndlr). Cependant, le profil de crédit est limité à cause d'un niveau d’endettement des administrations publiques plus élevé que la médiane des états souverains notés Ba.
« Le plafond de la monnaie locale reste à Baa1, trois crans au-dessus de la note souveraine, reflétant des institutions prévisibles et un faible risque de vulnérabilité externe, contrebalancé par une large empreinte du secteur public », souligne l’agence.
Une gouvernance qui a la capacité d’assurer le maintien budgétaire et la stabilité sociale
Moody’s note que les mesures ciblées d’investissement et de soutien ont permis un retour du PIB aux niveaux prépandémiques. « Après avoir ralenti à 2% en 2022 en raison de graves conditions de sécheresse et de l'impact économique négatif d'une inflation élevée, Moody's s'attend à ce que la croissance annuelle moyenne du PIB converge vers 3% à 3,5 % d'ici 2025 », explique l’agence.
Les améliorations menées en termes de gouvernance laissent entrapercevoir une capacité d’assainissement budgétaire, tout en conservant un climat social stable dans un contexte de hausse des denrées alimentaires.
« En outre, la réforme des subventions aux carburants précédemment achevée permet au gouvernement de faire face de manière ciblée à la flambée des prix de l'énergie. L'accent continu mis sur les améliorations de l'efficacité dans le secteur des entreprises publiques et sur les réformes de l'environnement des affaires encourage l'investissement privé et soutient le potentiel de croissance, renforçant ainsi la résilience économique », poursuit Moody’s.
L'endettement des administrations et entreprises publiques pèse sur le profil crédit
Le ratio d’endettement du Maroc a augmenté depuis la pandémie, ce qui est le cas de très nombreux états dans le monde. L’endettement a pris 10 points et a atteint, à fin 2021, 75% du PIB par rapport aux niveaux d’avant-Covid.
Moody’s explique que « en tenant compte de la dette consolidée des administrations centrales et locales et des caisses de sécurité sociale contrôlées par ces entités, l'encours de la dette est passé de 56% en 2019 à près de 70% du PIB. Pour l'avenir, Moody's s'attend à ce que le Maroc ratio dette de l'administration centrale/PIB se stabilise en dessous de 80% au cours des trois prochaines années (en dessous de 75% sur une base d'administration publique) ».
Néanmoins, concernant le déficit budgétaire, les projections de l’agence de notation, qui l’anticipent durant les années 2022, 2023 et 2024 à respectivement 6,2%, 5,8% et 5,3%, supposent des revenus résilients avec la possibilité de diminuer l’investissement public. « Bien que Moody's s'attende à ce que les paramètres de la dette du Maroc se stabilisent à des niveaux proches des niveaux actuels dans le scénario central, une détérioration de la solidité budgétaire reste le principal risque de crédit dans le profil de crédit du Maroc », note l’agence. L’évolution de la dette souveraine serait, selon Moody’s, sensible à la détérioration de la croissance économique et du rythme de l’assainissement budgétaire.
Elle note également que le profil crédit est limité par les niveaux d'endettement des administrations publiques, plus élevés que la médiane des souverains notés Ba. En général 70% à fin 2021 contre la médiane des pays Ba de 60%. Le profil crédit est également contraint « par son exposition aux passifs éventuels provenant des entreprises publiques avec un encours de dettes s'élevant à 18% du PIB, ainsi que des niveaux de revenu relativement faibles de la population avec un PIB par habitant d'environ 8 500 $ fin 2021 », note Moody’s. A noter que concernant ce paramètre, la médiane des pays notés Ba est d'environ 16 500 $.
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