Cimentiers : croissance molle et baisse de la profitabilité attendue cette année

| Le 2/6/2022 à 17:49
Le secteur devrait connaître un impact au niveau de ses marges causé par la hausse des cours du petcoke en 2022. Malgré un bon effet prix, il sera partiellement compensé par un tassement de la demande sur la période. Le secteur immobilier est dans l’incertitude et compte pour 75% des ventes de ciment. Une croissance sectorielle entre 0% et 2% devrait être observée cette année.

Les cimentiers de la cote ont annoncé leurs résultats trimestriels à fin mars. Les deux groupes Ciments du Maroc et LafargeHolcim Maroc affichent des hausses respectives de leurs chiffres d’affaires de 11% et 8% respectivement.

Une amélioration qui intervient dans un contexte compliqué où la demande de ciment à l’échelle nationale demeure atone, en croissance molle de 1% à 3,4 MT à fin mars 2022, par rapport à la même période une année auparavant. Il faut aussi rappeler que les cimentiers font également face à un contexte inflationniste fort.

Dans son dernier Stock Guide, la société de recherche BKGR a dressé ses perspectives et recommandations concernant les deux cimentiers de la cote. Parallèlement, un analyste de la place nous a livré sa vision sur l’évolution du secteur cimentier durant cette année et l’impact du contexte global sur l’activité des sociétés cotées du secteur.

Un impact sur la profitabilité mais des rendements intéressants

Le groupe Ciments du Maroc affiche une hausse de 11% de son chiffre d’affaires à fin mars à 955 MDH. Pour la société de recherche, le groupe cimentier dispose d’un maigre potentiel de croissance en bourse de 4,6% à 1 778 dirhams contre 1 706 dirhams actuellement.

BKGR rappelle que le groupe dispose d’une structure financière saine et est adossé à un des leaders mondiaux des matériaux de construction, à savoir, Heidelbergcement. Il est aussi à noter que le groupe dispose d’un bon maillage territorial, renforcé par l’acquisition d’Atlantic Cement à Settat et de l’unité de broyage Cimsud à Laâyoune. Le groupe pourrait également bénéficier « de la dynamisation attendue de la région du sud suite aux investissements étrangers attendus ». Le chiffre d’affaires de Ciments du Maroc est attendu en légère hausse de 3,2% à 4 279 MDH cette année.

Néanmoins, le groupe, à l’instar de son concurrent LafargeHolcim Maroc sera impacté par la hausse des prix des intrants, notamment le petcoke qui impactera les marges des cimentiers. D’ailleurs, BKGR anticipe une dégradation importante de la marge d’EBIT cette année à 35,7% contre 39,1% l’année dernière. Le RNPG est attendu en retrait de 11,5% à 1 059 MDH.

Le groupe sera également impacté par un tassement de la demande, notamment du fait du dynamisme morose du secteur immobilier qui représente 75% des ventes de ciment dans le pays. « Dans l’attente d’un apaisement des tensions autour du contexte internationale et d’une réelle reprise du secteur immobilier, nous recommandons de conserver le titre dans les portefeuilles » note la société de recherche. Un rendement de 5,9% est attendu cette année contre 5,3% en 2021.

Concernant son concurrent principal et leader du marché, LafargeHolcim Maroc, la société de recherche anticipe une hausse du cours en bourse de 20,2% à 2 163 dirhams et recommande le titre à l’accumulation. Un rendement de 3,7% est attendu cette année, contre 3% en 2021.

La société de recherche note que le groupe bénéficie d’un excellent positionnement, notamment sur les régions du nord, du centre et de l’est du pays qui sont les plus consommatrices de ciment (65%). Malgré la hausse des cours du petcoke et l’impact sur ses marges, BKGR anticipe un impact limité et une marge d’EBIT à 41,4% en 2022 contre 42,7% en 2021. « Le groupe devrait également subir un léger impact causé par les charges fixes de sa nouvelle usine d’Agadir » nous confie un analyste de la place. Le RNPG du groupe est attendu en diminution de 6% à 1 888 MDH.

Néanmoins, cela devrait être partiellement compensé par différents facteurs, notamment « l’intensification de l’utilisation de combustibles alternatifs avec l’objectif de porter le taux de pénétration à 20% à terme et une poursuite de la progression du taux d’utilisation qui devrait s’établir à plus de 60% en 2022 » souligne la société de recherche.

Un tassement de la demande dans le secteur du BTP qui impactera les cimentiers

Notre source de la place nous explique que cette année est assez particulière concernant l’industrie cimentière. « Nous sommes dans une période assez inédite parce que la hausse des matières premières ne devrait pas impacter tant que ça les cimentiers, excepté pour la hausse du petcoke. En réalité ce sont surtout leurs clients qui vont être touchés » explique notre source.

Même si les cimentiers devraient bénéficier d’un effet prix positif, du fait de la répercussion partielle des coûts de production, cela devrait être compensé par d’autres facteurs. L’impact principal, selon notre interlocuteur sera un tassement de la demande du fait que les promoteurs décalent leurs réalisations de projets pour temporiser la hausse des prix. « Nous ne savons pas dans quelles mesures ces reports seront importants ou pas et du coup, nous devrions observer une année stable par rapport à l’année dernière ou alors en légère hausse comprise entre 0% et 2% » conclut-il.

 

>>> Lire aussi : Immobilier : les perspectives d’évolution demeurent sombres (experts)

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