Hépatite aiguë de cause inconnue chez les enfants : ce que l’on sait (ministère de la Santé)

Bien qu’aucun cas n’ait été enregistré au Maroc, la Direction de l’épidémiologie et de la lutte contre les maladies du ministère de la Santé se penche sur l’alerte mondiale relative aux cas d’hépatite aiguë d’étiologie inconnue chez les enfants. 

Hépatite aiguë de cause inconnue chez les enfants : ce que l’on sait (ministère de la Santé)

Le 10 mai 2022 à 17h36

Modifié 10 mai 2022 à 17h54

Bien qu’aucun cas n’ait été enregistré au Maroc, la Direction de l’épidémiologie et de la lutte contre les maladies du ministère de la Santé se penche sur l’alerte mondiale relative aux cas d’hépatite aiguë d’étiologie inconnue chez les enfants. 

Daté du 6 mai 2022, un document officiel établi par la Direction de l’épidémiologie et de la lutte contre les maladies du ministère de la Santé se penche sur l’alerte mondiale relative aux cas d’hépatite aiguë d’étiologie inconnue chez les enfants.

Selon une récente publication du Dr Mourad Merabet, coordonnateur du Centre national des opérations d’urgence de santé publique au ministère de la Santé, aucun cas d’hépatite aiguë d’étiologie inconnue chez les enfant n’a été enregistré au Maroc.

Le document du ministère de la Santé revient sur les données épidémiologiques et les résultats préliminaires des enquêtes réalisées au Royaume-Uni, aux Etats-Unis et en Europe, où plusieurs cas ont été détectés, dont certains ont évolué vers une insuffisance hépatique aiguë nécessitant une greffe du foie.

Selon le document, le nombre de cas d’hépatite aiguë d’étiologie inconnue chez les enfants dans le monde est de 227, dont 145 au Royaume-Uni, 57 dans l’Union européenne et l’Espace économique européen, 12 aux Etats-Unis, 12 en Israël et 1 cas au Japon, sachant qu’un seul décès est à déplorer.

Au Royaume-Uni, aucun lien avec le vaccin du Covid-19 n’a été établi

Au Royaume-Uni, l’alerte initiale a été donnée le 5 avril 2022. Cela dit, l’augmentation des cas a été remarquée dès février 2022. La plupart des cas identifiés ont présenté des symptômes à partir de mars 2022.

Le tableau clinique fait état d’une “hépatite aiguë avec augmentation des taux d’enzymes hépatiques”. Certains cas ont évolué vers une insuffisance hépatique aiguë ; 10 enfants ayant nécessité une greffe du foie, bien qu’aucun décès n’ait été déploré et qu’aucun lien avec le vaccin contre le Covid-19 n’ait été établi, puisqu’aucun des cas confirmés au Royaume-Uni n’avait été vacciné. Il s’agit là de 145 cas, dont 108 en Angleterre. La majorité d’entre eux sont des enfants âgés de 3 à 5 ans (65,4%), et plus de la moitié sont de sexe féminin (54,3%).

Les signes cliniques observés sont les suivants : l’ictère (jaunisse) dans plus de 74% des cas, les vomissements (72,8%), les selles décolorées (58%), la diarrhée (49,4%), les nausées (39,5%), la léthargie (55,6%), la fièvre (29,6%) et, moins fréquemment, les signes respiratoires (19,8%). A noter que 53,1% des cas ont été déclarés guéris, dont 3 transplantés.

40 des 53 cas testés pour l’adénovirus se sont révélés positifs

Si aucun lien épidémiologique n’a été établi, les résultats préliminaires des enquêtes anglaises démontrent que 40 des 53 cas testés pour l’adénovirus se sont révélés positifs, avec une détection plus fréquente dans les échantillons de sang/sérum, puis dans les échantillons de selles ou respiratoires.

Les adénovirus forment un “groupe diversifié” qui touche les “voies respiratoires supérieures et les systèmes gastro-intestinaux”. Ils sont “très résistants dans l’environnement et donc facilement transmissibles entre individus”. Ils peuvent toucher les humains de tout âge, “mais le plus souvent la population pédiatrique, en particulier les jeunes enfants et nourrissons”.

“A l’âge de 10 ans, la plupart des enfants ont eu au moins un épisode d’infection à adénovirus”, lit-on dans le document du ministère de la Santé, selon lequel les “infections respiratoires” constituent la “forme la plus courante” chez l’enfant.

Ces infections sont “le plus souvent banales chez l’immunocompétent”, mais “graves chez le patient immunodéprimé et responsables d’hépatites, de pancréatites, de cystites hémorragiques, de myocardite, de cardiomyopathie et de méningoencéphalite de très mauvais pronostic”.

Par ailleurs, les adénovirus sont également “considérés comme d’excellents vecteurs pour le développement de vaccins” et peuvent “délivrer efficacement des antigènes cibles aux hôtes mammifères”.

Selon les résultats préliminaires des enquêtes anglaises, le SRAS-CoV-2 a été détecté chez 10 des 61 enfants testés, sans révéler la présence de nouveau variant. Néanmoins, “le nouveau variant” fait partie des cinq hypothèses expliquant cette hépatite aiguë d’étiologie inconnue.

En effet, les enquêtes anglaises ont permis de détecter les cinq hypothèses suivantes :

- un cofacteur affectant les jeunes enfants qui rend les infections à adénovirus plus graves ou les amène à déclencher une immunopathologie. Il peut s’agir d’une sensibilité accrue par manque d’exposition préalable pendant la pandémie, ou d’une infection antérieure par le Sras-CoV-2 ou une autre infection, y compris un effet restreint d’Omicron, ou bien d’une co-infection par le Sras-CoV-2 ou une autre infection, voire d’une toxine, un médicament ou une exposition environnementale ;

- un nouveau variant d’adénovirus ;

- une drogue, une toxine ou une exposition environnementale ;

- un nouvel agent pathogène agissant seul ou en tant que co-infection ;

- un nouveau variant du Sars-CoV-2.

Alabama : 9 cas d’hépatite d’étiologie inconnue et d’infection concomitante à adénovirus

Selon le document du ministère de la Santé, les cliniciens d’un hôpital pédiatrique de l’Alabama, aux Etats-Unis, ont notifié cinq enfants atteints d’hépatite sévère ainsi qu’une virémie à adénovirus. Une enquête épidémiologique rétrospective sur dossiers cliniques depuis le 1er octobre 2021, ainsi que la surveillance active à l’hôpital à la recherche des cas d’hépatite d’origine inconnue et d’une infection à adénovirus, ont permis d’identifier quatre autres enfants.

On dénombre au total 9 enfants atteints d’hépatite d’étiologie inconnue et d’infection concomitante à adénovirus entre octobre 2021 et février 2022, dont 7 de sexe féminin. Tous étaient immunocompétents sans comorbidités et, comme au Royaume-Uni, aucun lien épidémiologique n’a été détecté.

Là encore, tous les enfants ont été testés négatifs pour les virus de l’hépatite A, B et C, et pour l’infection par le Sras-CoV-2 ainsi que d’autres causes d’hépatite et d’infections pédiatriques. Aucun des enfants n’avait d’antécédents documentés d’infection antérieure par le Sras CoV-2.

L’adénovirus a été détecté dans des échantillons de sang total de tous les patients par test PCR en temps réel, et le séquençage réalisé sur des échantillons de cinq patients a révélé l’adénovirus de type 41. Sept patients étaient co-infectés par d’autres agents pathogènes viraux.

Selon le même document, trois patients ont développé une insuffisance hépatique aiguë, dont deux ont été traités avec du Cidofovir (utilisation hors AMM : autorisation de mise sur le marché) et des stéroïdes, et ont été transférés pour transplantation hépatique. A noter que tous les patients se sont rétablis ou sont en voie de guérison, y compris les deux greffés.

L’impact potentiel pour la population pédiatrique touchée est élevé

La Direction de l’épidémiologie et de la lutte contre les maladies du ministère de la Santé présente également l’évaluation des risques, établie par le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC). “L’incidence dans l’Union européenne/Espace économique européen est globalement très faible, bien qu’aucune surveillance systématique ne soit entreprise”, indique-t-elle.

Elle indique que les “preuves concernant la transmission interhumaine restent floues”, mais aussi que le “risque pour la population pédiatrique européenne ne peut actuellement pas être évalué avec précision”, sachant que la “probabilité d’observer une augmentation des hépatites aiguës sévères d’origine inconnue chez les enfants ne peut être quantifiée”.

Cela dit, “étant donné que certains des cas signalés ont nécessité une transplantation hépatique, l’impact potentiel pour la population pédiatrique touchée est considéré comme élevé”.

Pour l’ECDC, l’hypothèse principale est le “cofacteur affectant les jeunes enfants ayant une infection à adénovirus, qui serait bénigne dans des circonstances normales” et qui “déclenche une infection plus grave ou des lésions hépatiques à médiation immunitaire”.

Dans le même document, la Direction de l’épidémiologie et de la lutte contre les maladies du ministère de la Santé présente les définitions de cas respectivement établies par Santé publique-France et par l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

En France, un cas possible est défini comme étant celui :

- d’un enfant âgé de moins de 18 ans, ayant présenté depuis le 1er janvier 2022 une hépatite aiguë sévère, définie par : une cytolyse (ASAT et/ou ALAT) > 500 UI/L et un taux de prothrombine (TP) < 50% ;

- ou bien ayant un bilan étiologique de première intention négatif. A savoir un bilan toxicologique négatif : paracétamol, halothane, syndromes phalloïdiens, valproate de sodium, isoniazide, rifampicine, phénobarbital, sulfamides. Mais aussi pas d’hépatopathie chronique connue ou très fortement suspectée (déficit en a1AT, maladie de Wilson, hépatite auto-immune, cholestase intrahépatique familiale progressive), ni cause métabolique connue ou très fortement suspectée, ni de leucémie aiguë. Et n’ayant détecté aucun virus détecté parmi les suivants : VHA, VHB, VHC, VHE, HSV, HHV6/8, EBV, CMV, VZV, parvovirus, echovirus, cocksakie, Sars-CoV2, virus grippal ;

- ou bien avec un adénovirus positif, avec ou sans agent infectieux détecté, avec ou sans hépatopathie chronique, avec ou sans cause métabolique.

Le cas sous investigation, en France, est celui d’un “enfant âgé de 0 à 16 ans qui présente une hépatite aiguë sévère depuis le 1er janvier 2022 avec GOT ou GPT > 500 U/L, et chez qui les analyses des hépatites A, B, D, C et E sont négatives”.

Le cas avec un lien épidémiologique est, quant à lui, celui d’une “personne de tout âge qui présente une hépatite aiguë sévère avec GOT ou GPT > 500 U/L, chez qui les analyses des hépatites A, B, D, C et E sont négatives, et qui a été en contact étroit avec un cas symptomatique faisant l’objet d’une enquête depuis le 1er janvier 2022”.

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