Huile : la guerre en Ukraine impacte à la hausse les prix des oléagineux
En cette période de Ramadan, les ménages sont fortement exposés à la hausse généralisée des prix concernant les biens alimentaires. L’huile fait partie des biens de consommation courante touchée par la hausse des prix. Cette augmentation s’est déjà manifestée en 2021 lors du redémarrage de l’économie mondiale. En novembre 2021, Brahim Laroui, directeur général de Lesieur Cristal nous expliquait dans une interview que le prix de la tonne de soja avait grimpé de 50% en 12 mois atteignant 1.400 dollars la tonne.
Depuis le début de l’année, le prix des oléagineux entrant dans la composition des huiles de tables a encore connu des hausses en raison de la guerre en Ukraine. En effet, la Russie et l’Ukraine sont deux grands fournisseurs d'oléagineux, notamment le tournesol, fortement consommé en Europe sous forme d’huile de table. Cela a également des répercussions au Maroc. Mi-février, des sources informées expliquaient à Medias24 que des hausses de prix sur les huiles seraient imminentes en raison de la forte hausse des cours internationaux.
Une hausse des prix conduite en partie par le déplacement de la demande
L’Europe est directement victime des répercussions de la guerre en Ukraine. Notamment du fait qu'elle consomme majoritairement de l’huile de tournesol, principalement fournie par l’Ukraine.
Un industriel du secteur nous confie que « cette guerre en Ukraine est venue perturber de façon directe l’une des principales sources d’huile alimentaire européenne qu’est le tournesol. L’Ukraine est l’un des principaux exportateurs de graine et d’huile de tournesol dans le monde. En raison de la guerre, la mise en marché de sa production est totalement compromise. Cela va donc in fine, réduire l’offre mondiale d’huile de tournesol ».
Premièrement, cela va donc faire augmenter le prix du tournesol de façon massive et impactera le prix des huiles de tournesol distribuées au Maroc. Mais in fine, cela demeurera marginal car cette huile n’est pas majoritaire dans la consommation nationale. En effet, 85% de l’huile consommée dans le royaume est de l’huile de soja.
Au-delà de cela, l’autre phénomène déclenché par la guerre en Ukraine est le report de consommation européenne vers d’autres huiles ce qui entraîne une hausse des cours. « Au-delà de la forte hausse du prix du tournesol, il y a un phénomène de report de consommation du tournesol vers d’autres huiles dont le soja, le maïs et autres. Cela va automatiquement se répercuter, notamment dans des pays où il n’y a pas d’intervention de l’Etat. Ce qui est le cas au Maroc » explique notre interlocuteur.
In fine, le cours du soja, largement majoritaire dans la confection de l’huile de table au Maroc, est impacté à la hausse, en raison de la forte demande des pays d’Europe qui peinent à s’approvisionner en tournesol. Désormais, notre source nous explique que la tonne de soja se négocie entre 1.750 dollars et 1.800 dollars. Pour rappel, fin novembre 2021, elle se négociait à 1.400 dollars la tonne, soit une hausse comprise en 25% et 28% en un trimestre. Mais il existe en plus de cela, d’autres facteurs aggravants.
La hausse des carburants et du dollar aggrave la situation
En YTD, le cours du Brent a progressé de plus de 30% à 107 dollars le baril au moment de l’écriture de ces lignes. Cela a impacté les coûts des oléagineux entrant dans la fabrication des huiles, notamment à cause de la hausse du fret.
« La hausse des prix du pétrole, durant les dernières semaines a fait fortement renchérir le coût du fret. Cela se ressent sur les importations. Puis il y a aussi la parité dollar/euro, qui a vu le dollar se renchérir courant des derniers mois. Il faut rappeler que ces commodités sont systématiquement négociées en dollars. Cela implique que les prix, ramenés en dirhams au Maroc, sont augmentés » explique notre interlocuteur. En effet, en fin d’année 2021, le dollar se négociait à un peu mois de 9 dirhams, mais désormais, il se négocie légèrement en deçà des 10 dirhams.
Mais si les cours des matières premières augmentent, les industriels tentent de limiter les répercussions sur les prix de vente. « Malgré tous ces impacts, nous limitons les impacts sur les prix de vente. Ils n’ont pas augmenté dans les mêmes proportions » nous assure notre source. Lors d’une interview en fin d’année 2021, le directeur général de Lesieur Cristal nous expliquait en ce sens : « Les prix de vente ont augmenté de moins de 30% environ alors que la matière première a progressé de plus de 50%. Nous sommes donc allés chercher des économies ailleurs ».
Il convient également de rappeler que cette situation pourrait être propice au renforcement du développement local des oléagineux qui permettrait de faire des stocks de sécurité suffisants et limiter la dépendance agroalimentaire du Maroc. Aujourd’hui, dépendant des années, entre 1% et 5% seulement d’oléagineux produits au Maroc sont utilisés pour confectionner les huiles de tables.
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