Les agrumiculteurs confiants en l’avenir de leur secteur, dans l'attente du contrat-programme

Après trois années de reports successifs, l’Association des producteurs d’agrumes du Maroc tient finalement son assemblée générale annuelle à Casablanca. Un délai jamais vu dans les annales de la profession agrumicole. Elle a été marquée par la présence réduite au minimum des délégations venues de toutes les régions de production.

Sur les marchés extérieurs, l’orange s’exporte de moins en moins à cause de la concurrence agressive des oranges égyptienne et turque.

Les agrumiculteurs confiants en l’avenir de leur secteur, dans l'attente du contrat-programme

Le 24 mars 2022 à 15h26

Modifié 24 mars 2022 à 19h52

Après trois années de reports successifs, l’Association des producteurs d’agrumes du Maroc tient finalement son assemblée générale annuelle à Casablanca. Un délai jamais vu dans les annales de la profession agrumicole. Elle a été marquée par la présence réduite au minimum des délégations venues de toutes les régions de production.

L’heure était certes au bilan de trois campagnes jugées difficiles en termes financiers, mais il s’agissait également d’entrevoir l’avenir du secteur sur le triple plan de la production, des exportations et de la commercialisation.

L’urgence de rééquilibrer le profil variétal

A cet effet, l’unanimité est faite quant à la nécessité de rééquilibrer le profil variétal du verger agrumicole, de renforcer la diversification des marchés extérieurs et d’organiser le débouché local selon deux composantes : la consommation de bouche et la transformation.

Pour la majorité des représentants des sections régionales de l’Association des producteurs d’agrumes du Maroc (ASPAM), le contrat-programme 2009-2018 s’est soldé par des résultats satisfaisants, notamment en ce qui concerne les plantations, mais sans prendre en considération "l’équilibre du profil variétal et les spécificités régionales".

Par conséquent, les campagnes de production et d’exportation se sont réduites aussi bien sur le front de la précocité que de la tardiveté. Et les évaluations réalisées par les marchés extérieurs montrent que l’origine Maroc enregistre, d’année en année, des pertes de parts de marché au profit de la concurrence du pourtour méditerranéen, en particulier celle de l’Espagne, de la Turquie et de l’Egypte.

D’où la nécessité de "relever le défi de la commercialisation et de la diversification sur le double front des marchés traditionnels et de l’ouverture de nouveaux débouchés", tranche Abdallah Jrid, président de l’ASPAM. Sinon, comment assurer la pérennité du secteur agrumicole si, sur une production qui dépasse 2,3 millions de tonnes, moins du tiers est exporté tandis que le reste est commercialisé sur le marché local. Il y a donc urgence à rectifier le tir.

Les concertations menées avec le ministère de l’Agriculture et l’interprofession agrumicole, Maroc-Citrus, ont abouti à la conclusion d’un contrat-programme 2020-2030. Il tarde cependant à être signé par le gouvernement.

Les objectifs du nouveau contrat-programme

Ses objectifs se résument au maintien de la superficie totale des plantations à 130.000 ha, sans aucune extension. En revanche, il est proposé un renouvellement des vieux vergers avec reconversion variétale, moyennant une prime de 25.000 DH/ha.

Sur ces bases, la production attendue devrait se stabiliser autour de 3 millions de tonnes, dont 1 million à l’exportation, alors que 300.000 tonnes seront destinées à la transformation. Cette dernière composante doit être soutenue par une prime de 0,50 DH/kg à l’écrasement par les usines du jus. L’objectif est de les encourager à utiliser davantage les agrumes marocains au lieu du concentré importé.

Actuellement, les importations du concentré et jus portent sur l’équivalent de 150.000 tonnes d’agrumes. Pour inverser la donne, certains producteurs n’hésitent pas à réclamer une forte taxation de ces achats à l’extérieur. Et ce, d’autant que depuis quelques années, ils proviennent d’origines concurrentes (Egypte et Turquie) liées au Maroc par des accords commerciaux préférentiels.

Pour développer la consommation des agrumes sur le marché intérieur avec une offre normalisée, notamment à travers la distribution moderne, la profession demande une subvention de 0,50 DH/kg pour l’emballage dédié au consommateur (1, 2, 3 et 5 kilos en filet ou carton).

Organisation du marché intérieur

Il faut noter par ailleurs que "la problématique de l’organisation du marché intérieur reste posée depuis de nombreuses années malgré les nombreuses tentatives menées par la profession, l’association des conditionneurs et les usines de jus", souligne le rapport d’activité du conseil d’administration de l’ASPAM, consulté par nos soins.

"Plusieurs facteurs de blocage persistent, dont l’importance de l’informel, la difficulté de maîtriser l’offre qui reste très éparpillée, en plus de la dimension sociale du petit commerce des fruits et légumes. Par ailleurs, les volumes d’agrumes livrés à la transformation se révèlent insignifiants par rapport au niveau de la production", souligne la même source.

Diversification et ouverture de nouveaux marchés

En attendant, l’espoir reste fondé sur l’amélioration de la part exportable. Pour atteindre à terme le 1 million de tonnes, les agrumiculteurs sont de plus en plus nombreux à demander un plan d’action ciblant spécifiquement ce volet. A commencer par l’octroi d’une compensation de 1 DH/kg pour les exportations destinées à l’Union européenne, la Grande-Bretagne et les marchés lointains.

Mais la profession reconnaît aussi "qu’un effort de sensibilisation des producteurs à s’orienter davantage vers l’export devrait être mené en parallèle" - d’autant que beaucoup de producteurs restent en marge de l’exportation.

Pour y remédier, l’ASPAM, en collaboration avec Morocco-Foodex, a organisé des réunions de sensibilisation pour ces producteurs sur les démarches à suivre pour intégrer le processus de l’export. Il en est de même des séances d’initiation aux pratiques de certifications, organisées en partenariat avec l’Office national de sécurité sanitaire des produits alimentaires (ONSSA). Sauf que les contraintes liées aux délais de paiement après exportation, et autres risques, continuent de dissuader la majorité des producteurs à se détourner du marché local, qui leur assure une trésorerie immédiate.

Bonne campagne d’exportation

Au-delà, l’optimisme prédominait ce mercredi 23 mars parmi les représentants des agrumiculteurs, probablement stimulé par les perspectives favorables qui s’offrent à l’actuelle campagne d’exportation, malgré la guerre que mène la Russie à l’Ukraine. Selon de nombreux intervenants, la demande exprimée par les marchés extérieurs reste orientée à la hausse. Et l’objectif d’exportation de 650.000 tonnes d’agrumes sera atteint, voire dépassé.

Déjà au 11 mars, le volume réalisé s’est établi à 602.250 tonnes, dont 546.885 de petits fruits et 48.300 d’oranges. La note d’optimisme provient du fait que de grandes quantités ont été réalisées sur les marchés à contrat, comme les Etats-Unis (100.000 tonnes), le Canada (73.000 tonnes), la Grande-Bretagne (44.300 tonnes), ainsi que l’Europe du Nord et les pays du Golfe.

Quelques incertitudes pèsent cependant sur le marché russe, qui a absorbé 190.000 tonnes, et dont le paiement n’a pas encore été totalement apuré.

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