Un projet de feuille de route de la réforme de l’Education en cours de finalisation
La feuille de route sera enrichie par les sessions de consultation que le ministère mènera sur le terrain. Elle entend agir à la fois sur l’élève, l’enseignant et l’établissement.
Un projet de feuille de route de la réforme de l’Education en cours de finalisation
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Yahya Benabdellah
Le 23 mars 2022 à 19h58
Modifié 24 mars 2022 à 18h10La feuille de route sera enrichie par les sessions de consultation que le ministère mènera sur le terrain. Elle entend agir à la fois sur l’élève, l’enseignant et l’établissement.
La feuille de route pour la réforme de l’Education - l’un des grands chantiers du gouvernement Akhannouch et l’un des piliers du Nouveau Modèle de développement (NMD) - est en cours de finalisation. Elle a été présentée à différents acteurs et parties prenantes de l’écosystème éducatif.
Ses grandes lignes ont également été dévoilées aux médias lors d’une rencontre avec la presse.
Selon Chakib Benmoussa, ministre de l’Education nationale, du préscolaire et des sports, la mise en œuvre de cette future réforme devra commencer par une phase expérimentale dans certains établissements.
Cette feuille de route constitue une rupture par rapport aux anciennes réformes. Elle marque en effet un changement de paradigme, car elle est centrée sur les résultats et non sur les moyens.
Dans ce sens, trois objectifs fondamentaux ont été retenus. Pour le gouvernement, il s’agira :
- de réduire l’abandon scolaire de 50%. Actuellement, le nombre d’élèves qui quittent le système scolaire avoisine les 330.000 chaque année.
- d’améliorer la qualité de l’apprentissage des matières fondamentales. L’objectif est de parvenir à un taux de réussite pour le primaire (consistant à savoir lire, écrire et compter) de deux tiers des élèves, alors que le taux actuel n’est que de 30%.
- d’améliorer la formation à la citoyenneté. Celle-ci consiste à renforcer les soft skills (qualités humaines, ndlr) et l’épanouissement des enfants, en particulier à travers la pratique d’activités extrascolaires dans le sport, la culture, le digital, etc. Actuellement, moins de 25% des élèves exercent des activités extrascolaires.
Pour atteindre ces objectifs, la réforme devra agir simultanément sur les trois éléments principaux que sont l’élève, l’enseignant et l’établissement.
Le ministre a précisé que la réforme avait déjà démarré sur certains aspects, à travers l’adoption de trois décrets. Rien que pour cette première année, elle a nécessité une enveloppe de 220 millions de dirhams.
La feuille de route a été préparée par les cadres du ministère, en se fondant sur les orientations contenues dans le Nouveau Modèle de développement. Elle a déjà été partagée avec les Académies régionales d’éducation et de formation (AREF), les directions régionales et provinciales, et les directeurs des établissements.
Le ministère prévoit d’élargir la concertation afin de l’enrichir, dans une logique de co-construction avec les parties prenantes, par le biais de rencontres dans les différentes provinces du Royaume. La réforme se veut plus bottom-up que top-down (de bas en haut, et non de haut en bas), tout en étant cohérente avec la réforme précédente, notamment la loi-cadre.
Chakib Benmoussa dit espérer que les résultats de cette réforme se feront sentir "deux ou trois ans" après sa mise en œuvre, et qu’elle aboutira au retour de la confiance du citoyen marocain dans l’école publique. Il prend l’exemple de la généralisation du préscolaire qui, en peu de temps, a convaincu plusieurs parents de retirer leurs enfants des établissements privés.
L’élève au centre de la réforme
La feuille de route place l’élève, en tant que bénéficiaire du système, au centre de cette stratégie. Ses objectifs relèvent plus du plan qualitatif que quantitatif.
Une série d’indicateurs de mesure, élaborés dans ce sens, s’inspirent d’expériences à l’international, entre autres. Chakib Benmoussa nous apprend d'ailleurs que le Maroc a décidé de participer continuellement aux différents classements internationaux fondés sur ces indicateurs. Parmi eux, le Programme international pour le suivi des acquis des élèves (le fameux classement PISA) et le Trends in International Mathematics and Science Study (TIMSS), une enquête internationale sur les acquis scolaires portant sur les mathématiques et les sciences.
La mesure continue des résultats doit permettre de détecter les écarts et de poser des diagnostics ; le but étant, in fine, de trouver des solutions conçues et implémentées au niveau local ou national.
L’enseignant, un acteur majeur à impliquer
"Il n’y a pas de réforme sans une grande mobilisation et implication des enseignants. C’est un facteur primordial si l’on vise les résultats", a poursuivi le ministre.
Dans un premier temps, il sera question d’améliorer leur formation. Les résultats obtenus à l’époque où les enseignants sortaient des instituts de formation spécialisés, tels que les Ecoles normales supérieures (ENS) ou les Centres pédagogiques régionaux (CPR), sont jugés meilleurs que ceux recensés actuellement. Par ailleurs, la formation pédagogique faisant appel à d’autres compétences, les licences dans les autres spécialités au niveau des facultés ne sont pas suffisantes, a précisé le ministre.
Le ministère travaillera ainsi à la création de nouveaux parcours post-bac, plus attrayants pour les étudiants. L’ingénierie de la formation sera également révisée au niveau des licences des sciences de l’éducation dans les facultés. La formation des CPR a d’ailleurs déjà été revue cette année.
Le Maroc ne produit actuellement que 1.300 licenciés dans les sciences de l’éducation, alors qu’il recrute annuellement 17.000 nouveaux enseignants.
De plus, la feuille de route prévoit que le parcours de formation passe par les AREF, à travers des stages pratiques effectués en classe. L’étudiant pourra ensuite commencer à enseigner en classe, tout en étant accompagné par un enseignant expérimenté. Ce n’est qu’à l’issue de ce processus qu’il pourra être confirmé en tant qu’enseignant.
Et ce n’est pas fini : la formation continue est la pierre angulaire de cette réforme. Les enseignants devront se former aux nouvelles méthodes, aux nouveaux outils, aux nouveaux programmes, aux langues étrangères ou encore au digital.
Par ailleurs, le statut unifié de l’enseignant, que le ministère veut coconstruire avec les syndicats, notamment les représentants des cadres des Académies, prévoit de lier l’aspect incitatif aux résultats qualitatifs en classe.
Les établissements scolaires, plus autonomes et incités à innover
Le dernier élément sur lequel agit la réforme est l’établissement scolaire. Ce dernier devra bénéficier d’une plus grande autonomie. L’idée est de le décharger du poids de la conformité aux règles et aux programmes pour libérer les énergies, notamment en l’incitant à prendre des initiatives innovantes.
Cette démarche implique de faire davantage confiance à l’établissement, mais aussi de l’évaluer de façon continue sur les résultats et les objectifs fixés. L’établissement devra ainsi mobiliser ses énergies propres et son environnement extérieur, en l’occurrence les partenaires locaux, la société civile, les institutions, etc.
Enfin, les établissements devront mieux s’équiper en espaces pour développer les activités extra-scolaires, qui permettent de développer les soft skills et de renforcer le bien-être de l’élève. C’est d’ailleurs l’une des raisons qui ont impulsé l’intégration du département des Sports au sein du ministère de l’Education nationale.
La réforme s’inscrit dans la philosophie du Nouveau Modèle de développement
Interrogé sur la cohérence avec les orientations du Nouveau Modèle de développement, dont il a été le chef d’orchestre, Chakib Benmoussa a indiqué que la feuille de route était imprégnée de la philosophie du NMD, à savoir "un Etat fort et une société forte".
L’Etat régule et définit le cap, tandis que la société, composée des acteurs territoriaux, notamment l’établissement scolaire et son environnement, est appelée à libérer ses énergies pour innover.
Le tout est orienté vers les résultats en promouvant l’approche participative, l’autonomie sur le terrain et la durabilité ; et en faisant en sorte que les moyens mobilisés soient utilisés à bon escient, car ils sont payés par l’argent du contribuable.
Cette feuille de route fait aussi la part belle à l’expérimentation, qu’il faudra veiller à développer, conclut le ministre.
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