Les stocks marocains de blé couvrent quatre mois au moment où les cours flambent à l’international
Si l’approvisionnement en blé pour le marché marocain ne semble pas menacé, les opérateurs continuant à alimenter leurs stocks grâce à la mesure de restitution, le budget de l’Etat risque d’être impacté.
Les stocks marocains de blé couvrent quatre mois au moment où les cours flambent à l’international
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Yahya Benabdellah
Le 8 mars 2022 à 18h10
Modifié 8 mars 2022 à 23h18Si l’approvisionnement en blé pour le marché marocain ne semble pas menacé, les opérateurs continuant à alimenter leurs stocks grâce à la mesure de restitution, le budget de l’Etat risque d’être impacté.
Le niveau des stocks de blé couvre quatre mois de consommation nationale, selon une source autorisée de l'ONICL. Contacté par Médias24, le président de la Fédération nationale des minoteries (FNM), Abdelkader Alaoui, l’estime quant à lui à cinq mois.
Le stock est constitué partiellement à partir de la production nationale d’orge et de blé, estimée en 2021 à 103 millions de quintaux. Le gouvernement marocain a mis en place une série de mesures incitatives afin de favoriser la collecte de la production nationale de blé tendre (prime de stockage, prime forfaitaire, prix de référence).
Les opérateurs continuent d’alimenter leurs stocks, tandis que la hausse des cours est supportée par l’Etat
Le conflit militaire russo-ukrainien a impacté à la hausse toutes les bourses internationales du négoce de blé (Euronext, Chicago, etc.). Les prix ont même franchi un sommet de 450 dollars la tonne. Mais cela n’empêche pas les opérateurs marocains d’acheter, selon Abdelkader Alaoui, grâce aux mécanismes d’incitation mis en place par l’Etat, comme la suppression des droits de douanes et le dispositif de restitution d’importation de blé.
Il convient de rappeler que les importations en matière de blé tendre et blé dur se font intégralement via les opérateurs privés. A l’exception des appels d’offres concernant l’orge subventionnée pour le bétail, l’Etat, lui, n’intervient pas directement dans l’importation.
Ainsi, l’importateur vend le blé tendre aux minoteries au prix fixe de 270 dirhams le quintal. La différence est supportée par l’Etat, ce qui amène les opérateurs à se soucier davantage de la disponibilité de la marchandise et d'alimenter leurs stocks, que du niveau des prix sur le marché.
Les capacités de stockage nationales sont estimées à 46 millions de quintaux, sous forme de silos et d’entrepôts de différentes natures. Là encore, le gouvernement a mis en place des mesures incitatives d’investissement dans la construction de silos de stockage dans le cadre du Fonds de développement agricole (FDA), à hauteur de 10% du coût de l’investissement.
Ci-dessous, feuilletez notre dashboard des céréales et légumineuses
D’après Abdelkader Alaoui, le Maroc importe habituellement 600.000 tonnes de blé du marché ukrainien (6 millions de quintaux). Les opérateurs marocains se sont positionnés, dès le mois d’octobre, pour une livraison de 550.000 tonnes en novembre 2021. Il se tournent à présent vers d’autres marchés tels que l’Argentine, le Brésil et la France, notre plus grand fournisseur, auprès desquels ils continuent d’acheter en vue de prochaines livraisons en mars, avril et mai.
Les opérateurs marocains, aguerris aux bourses internationales, se positionnent d’ores et déjà sur des contrats à terme pour les prochaines moissons en Europe, en juillet et en août. En effet, sachant qu'une grande partie de la campagne marocaine est compromise, ils devront continuer à importer toute l’année.
La concurrence dans le secteur privé pousse les opérateurs à constituer des stocks
Libérés des contraintes de l’achat grâce à la mesure de restitution, les opérateurs marocains concentrent leurs efforts pour conserver leurs parts de marché. C’est la raison pour laquelle ils sont focalisés sur le niveau de leurs stocks.
D’autant que le marché marocain est très compétitif et segmenté. "Nous sommes peut-être l’un des rares pays à avoir 14 types de farines de blé tendre sur la marché", souligne Abdelkader Alaoui. Pour subvenir aux besoins des consommateurs, les industriels achètent différentes variétés de blé. Des propriétés telles que la couleur ou la "force boulangère" varient en fonction des besoins, notamment pour s’adapter à des usages comme la biscuiterie, la boulangerie ou la pâtisserie.
C’est la raison pour laquelle le blé marocain, même pendant les bonnes moissons comme celle de 2021 où la production a dépassé en quantité la consommation nationale, reste insuffisant pour subvenir aux besoins du marché. Car le blé tendre marocain est hétérogène et n’a pas toujours les caractéristiques recherchées par les industriels.
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