Délais de paiement : Pour les jeunes entrepreneurs, pas d’amélioration perceptible cette année
La crise économique découlant des répercussions de la crise sanitaire a fortement rallongé les délais de paiements pour les PME et TPE en 2020.
Ces difficultés sont venues se greffer à une problématique déjà ancienne. Dans une interview donnée à Médias24 le 9 septembre 2021, Chakib Alj, président de la CGEM a évoqué le sujet. « Les PME, quant à elles, ont souffert d’une légère détérioration des délais de paiement avec en moyenne 3 jours supplémentaires pour ce qui est des délais clients. Cependant, l’analyse des sous-segments de la PME indiquait des écarts importants avec une tendance de dégradation accélérée, sur les dernières années, pour les plus petites PME, en particulier celles réalisant 10 à 50 millions de dirhams de chiffre d’affaires et 50 à 100 millions de dirhams de chiffre d’affaires » expliquait-il.
Si aucun chiffre officiel n’est encore tombé, les premières estimations démontre que la crise a bien empiré ces délais. Dans un précédent article, Amine Diouri, directeur des études et de la communication chez Inforisk D&B nous expliquait que : « Notre étude Inforisk faite en fin d’année dernière auprès de 1.000 entreprises dont une grande majorité de TPE montrait qu’en moyenne, les délais de paiements s’étaient allongés de 50 jours par rapport à la normale ». Une estimation corroborée par le patron de la CGEM qui jugeait que « les premières estimations de l’impact de la pandémie du Covid-19 sur les délais de paiement laissent entrevoir un allongement de 40-45 jours pour les délais clients au titre de l’année 2020, pour tout type d’entreprise et de secteur d’activité confondus ».
Désormais, depuis janvier, comment a évoluer la situation ? Comment les chefs et cheffes d’entreprises vivent l’évolution de cette contrainte en période censée être marquée par la relance ?
Privilégier les clients solvables
L’an dernier, certains jeunes entrepreneurs rapportaient des délais de paiements deux fois plus longs qu’en 2019. Contacté, Brahim Belghiti, fondateur de la société industrielle Pickalty nous confie que cette année, la tendance demeure très similaire à celle de l’an dernier. Au global, par rapport à 2019, les délais ont globalement doublé passant de 2 à 3 mois en 2019 à 4 à 6 mois en 2020 et 2021.
Une situation qui a poussé le chef d’entreprise a se séparer d’une partie de ses clients, considérés comme mauvais payeurs, pour ne plus avoir à subir de problème de trésorerie. « Nous avons décidé de nous séparer d’une grande partie de notre clientèle, environ 90%, à cause de ce problème. Nous avons opté pour le fait de privilégier des clients de confiance qui nous payent en temps et en heure. Cela va très fortement diminuer notre chiffre d’affaires sur l’année 2021, mais en contrepartie, nous nous évitons les procédures de recouvrement » nous confie Brahim Belghiti.
L’entreprise a même développé un outil en interne pour déterminer les bons des mauvais payeurs et attribuer un prix produit en fonction de la note attribuée. « Quand on a un payeur qui a des antécédents ou un historique non favorable, nous exerçons malheureusement une majoration sur le prix initial. Nous faisons la même chose dans l’autre sens avec une minoration sur le prix de base pour les bons payeurs » précise l’entrepreneur.
Pour d’autres, la situation s’améliore légèrement, mais les délais de paiements observé en période pré-crise, ne sont pas au rendez-vous malgré la reprise économique.
Des clients qui paient de moins en moins comptant
Pour notre second interlocuteur, un entrepreneur dans le domaine des services à la restauration, la situation des délais de paiement s’améliore légèrement par rapport à l’année dernière. Néanmoins, les niveaux de 2019 ne sont toujours pas revenus. « Nous avons des clients qui paient à l’heure, d’autres quelques mois en retard, d’autres ne paient pas du tout… Honnêtement, nous voyons un peu de tout. Mais au global, nous somme sur un rythme similaire voire en légère amélioration par rapport à 2020 » confie-t-il.
La grande différence observée en 2020 et qui perdure encore cette année demeure dans le nombre de clients qui paient comptant. Ce nombre a fortement chuté depuis la crise induite par la pandémie. « De plus en plus de clients paient en différé car chacun fait face à ses contraintes en terme de trésorerie. Cette tendance a démarré l’an dernier avec la crise, mais il est vrai qu’en 2019, la proportion de client qui payait comptant pour nos services était nettement supérieur » conclut le dirigeant.
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