Avec le Covid, l’Afrique est plus que jamais exposée à la crise de la dette
Dans une note de recherche, Refinitiv dresse les risques de la hausse de la dette africaine. Pour limiter les effets de la pandémie sur l’économie, les zones de libre échange comme la ZLECAf pourrait générer de forts revenus additionnels. L’approvisionnement de plus de vaccins sera nécessaire et la numérisation de l’économie catalysera la relance.
Refinitiv, société spécialisée dans les données sur les marchés financiers, a publié une note dans laquelle elle met en exergue la fragilité du continent africain face à la crise du Covid-19, notamment du point de vue de la dette.
Elle aborde notamment le risque croissant de pauvreté qui plane sur le continent à cause de la détérioration des conditions économiques. Le PIB continental a connu une récession de 2,1% l’an dernier. Un fait inédit depuis plus d’un demi-siècle. Cette année, la croissance du PIB africain est attendue à 3,4%, soit un taux inférieur à celui de la dernière décennie. Il est à noter que 85% du commerce opéré sur le continent se fait avec l’extérieur et a été bloqué durant une partie importante de l’année 2020. « Le secteur du tourisme du continent, qui était en plein essor avant la pandémie, a également été touché par la suspension des voyages aériens mondiaux pendant la majeure partie de l’année » relève la Banque Africaine de Développement (BAD).
Dans ses perspectives 2021, la BAD a annoncé que « le choc de la pandémie et la crise économique qui s’en est suivie ont eu des répercussions directes sur les équilibres budgétaires et le poids de la dette ». Elle anticipe d’ailleurs une hausse de 10 à 15 points du ratio moyen dette / PIB à court et moyen terme.
Une risque accru de pauvreté
Pour la BAD, la crise liée au coronavirus pourrait obscurcir les perspectives de croissance africaine et influer sur la pauvreté dans le continent. Refinitiv rappelle que l’instance « estime désormais qu’environ 39 millions d’Africains pourraient tomber dans l’extrême pauvreté cette année ».
Refinitiv rappelle que le situation économique dans de nombreux pays d’Afrique s’est détériorée du fait de la crise. « Pas moins de 14 pays d’Afrique sont considérés comme présentant un risque élevé de surendettement, tandis que six sont déjà en situation de détresse. Seize autres pays présentent un risque modéré de surendettement, tandis que deux seulement sont considérés comme à faible risque » révèle Refinitiv. Ainsi, les notes de crédit de nombreux pays risquent d’être revues à la baisse. Cela a déjà été le cas pour l’Ethiopie ou encore la Zambie.
Le risque d’endettement s’accroit fortement. Cette année seulement, la BAD estime que 154 milliards de dollars seront nécessaire au continent pour faire face à la crise.
La ZLECAF et les vaccins pourrait y remédier en partie
Les 54 pays du continent ont lancé en 2018, la zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf). La note explique que selon la Banque Mondiale, « le syndicat pan-continental pourrait générer 450 milliards de dollars de revenus supplémentaires, augmenter les exportations de 560 milliards de dollars, sortir 30 millions d’Africains de l’extrême pauvreté et augmenter les revenus de 68 millions de personnes ».
Le Think Tank 'Brookings Institution' basé à Washington recommande quant à lui de limiter la fuite des capitaux afin de s’assurer que les programmes gouvernementaux atteignent leurs objectifs.
En ces temps de pandémie, le continent a également besoin d’un large nombre de vaccin pour limiter l’impact économique et accélérer la croissance. Selon les Centres africains de contrôle et de prévention des maladies (CDC Afrique), le continent aurait besoin de 1,5 milliard de vaccins pour inoculer 60% de la population.
Le numérique sera une des clés de la croissance post crise
L’investissement devra être dirigé vers la création d’emplois et les politiques économiques durables. Refinitiv note que les états africains devront procéder à l’investissement dans l’innovation pour catalyser la croissance.
L’instance rappelle que selon le Fonds Monétaire International, « seuls 28% de la population de la région ont accès à l’internet, tandis que les téléchargements mobiles sont, en moyenne, plus de trois fois plus lents que ceux de ses homologues mondiaux ».
Selon Refinitiv, « en étendant l’accès à l’internet à 10% de la population, on pourrait augmenter la croissance du PIB réel par habitant de 1 à 4 points de pourcentage, multiplier les ventes des entreprises par 2,6 et permettre aux entreprises numériques de créer 8 fois plus d’emplois à temps plein plus qualifiés ».
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