Flambée des matières premières : ce n'est pas un super cycle haussier mais le risque persiste (CME Group et Haris Financial)

| Le 31/3/2021 à 16:23

Les prix des matières premières s'envolent depuis des mois mais on ne peut toujours pas parler d’un super cycle haussier, a estimé Erik Norland, Senior Economist & Executive Director au CME Group, lors d’un webinaire tenu mardi 30 mars.

Une flambée des prix des matières première est observée depuis 12 mois sur les marchés internationaux à cause des impacts de la crise du Covid-19. Ce constat a été analysé durant un webinaire organisé par CME Group et Haris Financial, mardi 30 mars.

« Les matières premières énergétiques, les métaux, les produits agricoles (grains, oléagineux…) ont connu de très forts rebonds des prix. Les prix du fret se sont envolés également », constatent les organisateurs du webinaire.

Lors de son intervention, Erik Norland, Senior Economist & Executive Director au CME Group, première bourse mondiale des matières premières et autres sous-jacents financiers, a expliqué : « L’évolution des prix des matières premières dépend de la situation de l’économie chinoise actuelle et les directions futures qu’elle prendra. Les prix des matières premières ont doublé durant ces 12 derniers mois. Le marché des produits agricoles reste assez nerveux. Les prix de plusieurs produits agricoles ont presque doublé».

Et de continuer : « la Chine a pu contrôler la pandémie. Le pays a pu rouvrir son économie et redémarrer le secteur domestique. Sa devise est devenue très forte, et cela augmente les prix des produits que le pays exporte. Et il exporte vers des marchés où l’économie est toujours très troublée.

La Chine connaît également une forte hausse de sa dette. « Pour redémarrer son économie, ce pays avait besoin de s’endetter fortement. Durant ces dernières 12 mois, l’économie chinoise a fait une croissance entre 2 à 3%, au moment où sa dette a progressé de 30%. Cette hausse a concerné tous les secteurs », souligne-t-il.

Cela laisse présager que « l’économie chinoise pourrait ralentir d’ici quelques années. Du coup, la hausse des matières première au cours de ces 12 dernières mois ; période pendant laquelle leurs prix ont doublé, ne va pas durer. Il ne s’agit donc pas d’un super cycle haussier de ces produits », estime-t-il.

« Quand on parle de super cycle, il faut qu'il dure plusieurs années, soit de 10 à 30 ans et que la hausse des prix des matières premières corresponde à un très large écart. C’est peut-être l’avenir des prix des matières premières. C’est difficile à dire ».

Toutefois, « je crois que les facteurs qui ont fait exploser les prix des matières premières pendant ces derniers 12 mois sont temporaires. Ils ne vont peut-être pas durer, surtout avec la transformation de l’économie où les gens vont commencer à dépenser de l’argent en favorisant plutôt les expériences que les produits manufacturés. De plus, la Chine avec son niveau de dette actuel devrait ralentir son endettement dans les années à venir. Ainsi, il y aurait de moins en moins de facteurs qui soutiennent la flambée des prix actuelle ».

« Il faut savoir aussi que les Etats-Unis affichent un fort endettement », ajoute-t-il.

Ainsi, les défis qui se présentent pour les mois à venir sont liés à l’évolution des déficits des pays, des campagnes de vaccination et du comportement des banques centrales mondiales. En effet, une hausse des taux d’intérêt à long terme et une inflation est observée. Il y aura une dynamique qui va se produire, et qui a commencé déjà vers la mi-février, qui concerne la hausse des taux qui provoquent des problèmes sur les marchés Actions. Ces derniers connaissent une forte volatilité », explique-t-il.

« Cela va causer des dilemmes au niveau des banques centrales : est-ce qu’elles vont soutenir les marchés actions pour ne pas les laisser plonger ou est-ce qu'elles vont provoquer un assouplissement progressif des taux comme ce qu’on a vu l’année dernière ? ces facteurs risquent de générer un mouvement spéculatif encore plus grand », anticipe-t-il.

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