La bourse de Casablanca manque de dynamisme en ce début d’année
Le calme observé en bourse en ce début d’année est expliqué, entre autres, par un retard dans l’élaboration des stratégies d’investissement et dans la prise de décision, d’après quelques experts. Les investisseurs ont besoin d’un peu plus de temps pour se décider. La visibilité et la confiance semblent faire défaut.
L’année 2021 a démarré calmement en bourse. Depuis lundi 4 janvier, le MASI a connu deux séances de baisse et deux séances de hausse, avec des variations de cours assez moyennes, n’atteignant pas 1%. Le principal indice de la cote casablancaise affiche une timide baisse de 0,35% ce jeudi 7 janvier, cumulée depuis le début de cette année.
De plus, la volumétrie globale des échanges reste faible, à l’exception de la séance du lundi ; séance pendant laquelle le volume s’est établi à 1,35 milliard de DH grâce à une opération effectuée sur le marché de blocs, portant sur un montant de 1,31 milliard de DH. Ainsi, depuis la séance du lundi, le volume des échanges a totalisé à peu près 400 MDH sur le marché central.
Interrogé sur l’évolution de la bourse en cette première semaine de l’année, un membre du directoire d’une société de bourse de la place trouve que, pour le moment, « il n’y a pas encore de démarrage effectif en bourse ».
Et d’ajouter : « Les quelques opérations qui sont réalisées sont la suite des allers-retours de la fin d’année 2020. A part cela, il n’y a pas encore de tendance réelle. Il y a encore de l’attentisme, mais ce n’est pas la principale cause du calme qu’on observe actuellement ». Un analyste de la place confirme ce constat et trouve qu’il n’y a pas un élément important à signaler pour le moment.
D’après notre interlocuteur, ce calme s’explique par le fait que « la majorité des investisseurs viennent de rentrer du congé de fin d'année. Il leur faut un peu plus de temps pour tenir les comités d’investissement et finaliser leurs stratégies pour pouvoir décider de l’orientation à adopter et les valeurs sur lesquelles il faut se positionner ou desquels se désengager. Les stratégies d’investissement ne sont toujours pas complétement élaborées ».
« Les stratégies d’investissement devraient être finalisées d’ici la fin du mois de janvier. On peut commencer à voir les premières concrétisations des orientations stratégiques des investisseurs début février. On peut s’attendre donc à un dynamisme du marché le mois prochain. Cela devrait être favorisé également par le vaccin qui sera lancé et, aussi, par l’annonce des besoins du Trésor qui donneront plus de visibilité aux investisseurs.
Notre interlocuteur trouve qu’ « il y a moins de flou en comparaison avec l’année 2020. Globalement, il y a un léger regain de clarté et de visibilité surtout par rapport à l’impact de la pandémie et aussi en termes de résolutions pour sortir de la crise. On attend maintenant la réaction des investisseurs».
"Les investisseurs sont refroidis"
Le directeur d’une société de gestion, lui, trouve qu’il y a un « retard dans la prise de décision ».
« Généralement, l’élaboration des stratégies commence en décembre. Les investisseurs commencent d’habitude à agir sur le marché dès le mois de janvier. Le premier mois de l'année est une période d’allocation des actifs. Pendant cette période, on fait des opérations de repositionnement sur certains secteurs et certaines valeurs. Il semble que ce n’est pas le cas cette année », explique-t-il.
Et de continuer : « on démarre l’année 2021 tout doucement. Les volumes échangés en bourse sont très moyens. L’enthousiasme n’y est pas encore. C’est une période d’attentisme qui est expliquée surtout par les craintes concernant les publications de résultats annuels. Et vu la situation économique de l’année 2020, forcément il va y avoir une dégradation des résultats des sociétés cotées. Les investisseurs sont refroidis en ce début d’année ».
Selon lui, il y a un autre facteur qui explique ce calme actuel : « malgré tout ce qu’on a vécu en 2020, à savoir une dégradation macroéconomique, arrêt d’activité, etc, la bourse n’a pas corrigé d’une manière importante. -7% du MASI est une performance assez honorable tenant comptes des circonstances de l’année. On a assisté, il y a quelques années, à des baisses importantes qui avaient atteint -15%, sans effet de pandémie. Cela montre peut-être que le marché n’a pas assez corrigé, et, du coup, les craintes sont toujours là. C’est ce qui explique la réticence des investisseurs ».
Sans oublier « le manque de confiance général », souligne notre interlocuteur en ajoutant : « on se pose toujours des questions sur la relance économique. Jusqu’à présent, on ne l’a voit pas d’une manière très claire. Les investisseurs ont besoin de plus de temps pour apprécier cette relance économique et pour être rassurés ».
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