Le plan de relance du Maroc est le plus ambitieux en comparaison avec d'autres pays africains (Attijari)

| Le 2/11/2020 à 16:23

Les impacts économiques du Covid-19 contrastent d’un pays africain à l’autre, d’après une étude d’Attijari Global Research qui souligne que la facture économique du confinement au Maroc est significative. En revanche, le plan de relance du Royaume est le plus ambitieux parmi ses comparables.

Attijari Gloal Research (AGR) a réalisé une étude intitulée « Etat des lieux et perspectives des économies d’Afrique », portant, plus précisément, sur le niveau de propagation de la pandémie du Covid-19 et des mesures prises par les autorités dans 6 pays africains. Elle s’étale également sur les différents impacts de la pandémie sur la croissance et les équilibres de chaque pays ainsi que sur les nouvelles opportunités et les risques qui émergent dans le contexte actuel.

Les 6 pays analysés par Attijari sont issus des régions d’Afrique du Nord, de l’Ouest et Centrale. Il s’agit du Maroc, l’Egypte, la Tunisie, le Sénégal, la Côte d’Ivoire et le Cameroun.

A travers cette étude, AGR a pu tirer 7 principaux enseignements. Ils se présentent comme suit :

- La facture économique du confinement est significative : L’étude souligne que les pays qui ont opté pour un confinement strict pour une durée significative, notamment le Maroc et la Tunisie, enregistreraient une récession équivalente à 2 années de croissance. Ainsi, ce n’est qu’à partir de l’année 2022 que le PIB retrouverait son niveau de 2019.

- Deux profils disparates en matière de capacité de reprise économique : En analysant la capacité de reprise économique des pays étudiés, il s’avère qu’il y a deux profils disparates. D’un côté, des pays comme l’Égypte, le Sénégal, ou le Cameroun comptent sur de nouvelles capacités de production de ressources naturelles pour engager des investissements de pré-production et assurer un rebond de croissance. De l’autre, la reprise du restant des pays constituant le benchmark d’Attijari (le Maroc, la Tunisie et la Côte d’Ivoire) demeure tributaire du rétablissement de leurs partenaires commerciaux et de l’impact des aléas climatiques sur la composante agricole.

- La diversification des partenaires économiques s’avère aussi critique que celle de la production : L’exposition de plusieurs pays d’Afrique du Nord et Subsaharienne, dores et déjà considérés diversifiés en matière de production, à un pool de pays européens très touchés par la pandémie à l’instar de la France, de l’Italie, ou de l’Espagne s’avère très coûteuse en matière de croissance économique.
- L’assiduité budgétaire est d’un grand appui en temps de choc : Les pays qui ont fait appel à plusieurs occasions, à des financements étrangers à des coûts compétitifs, notamment le Maroc, l’Égypte, et la Côte d’Ivoire démontrent une assiduité en matière de dépenses publiques. D’autres, bien que faisant preuve d’une croissance soutenue, se retrouvent en difficulté aspirant à une suspension du remboursement de leurs dettes en 2020 (exemple : le Sénégal).

- Les transferts de la diaspora résistent à la crise : Avec une baisse limitée durant le troisième trimestre 2020 et sur une année glissante de 2,3% au Maroc contre une progression de 8,8% en Tunisie et de 12% en Egypte, les transferts des non-résidents surprennent par leur résilience. Une situation qui pourrait s’expliquer par la prédominance des aides de première nécessité aux dépens des transferts d’épargne. 

>>> Lire aussi : Surprenante résistance des transferts des MRE face à la crise

- Les monnaies, quel que soit leur régime, sont plutôt résilientes en cette période de crise : Que le régime de change soit rigide à l’instar du FCFA, intermédiaire tel que le MAD ou le TND ou complètement flexible à l’instar de la Livre égyptienne, les monnaies surmontent l’épreuve de la pandémie sans trop de dégâts, du moins sur le court terme. Cela s’explique par le fait que le recul de la consommation et de la production, combiné à la baisse des prix de l’énergie, ont eu un impact positif sur la balance commerciale des pays net importateurs. S’ajoute à cela le recours à des prêts étrangers qui ont renfloué leurs réserves de change.

- La viabilité du secteur du tourisme doit passer par le développement d’une Offre permanente: Présentant certes un caractère structurant pour une économie, le secteur touristique externe quel que soit son profil (tourisme de masse en Tunisie, culturel en Egypte, de niche au Maroc) est occasionnellement mis à mal par des évènements exogènes tels que le terrorisme ou les crises sanitaires. Ainsi, le développement d’une Offre interne permanente réduirait l’exposition de ce secteur aux aléas.

Santé des citoyens Vs. Economie 

Le Maroc a dès le début de la pandémie tranché en faveur d’une préservation de la santé des citoyens par rapport aux impératifs économiques. L’approche du Maroc s’avère stricte en comparaison avec les autres pays analysés. 

En revanche, le pays se distingue, en comparaison avec ses comparables, par son plan de relance qui semble le plus ambitieux avec un engagement global de près de 12% du PIB. 

De son côté, l’Egypte a été plus attentive aux besoins économiques de la population, en apportant de la flexibilité dans son approche de confinement. Une stratégie qui a favorisé la croissance avec un engagement en matière de plan de relance limité à 1,6% du PIB.

La Tunisie, elle, a opté pour des restrictions modérées qui ont permis de maintenir une activité économique minimale. Son plan de relance représentant 3% du PIB aurait été plus important si la situation des finances publiques l’aurait permise.

Le Sénégal a déployé tous ses moyens pour maintenir sa cadence habituelle de forte croissance. En fixant un budget de 6,5% du PIB, les autorités érigent la croissance économique comme priorité absolue même au coût d’une hausse rapide de l’endettement.

La Côte d’Ivoire a été plus équilibrée dans ses choix. Avec un plan de relance équivalent à 6,5% du PIB, le pays prépare une échéance électorale cruciale.

Le Cameroun dégage le budget de plan de relance le plus faible par rapport à ses comparable. Etant déjà engagé dans un tracé de consolidation des finances publiques, son budget plan de relance a été limité à 0,8% du PIB. Une injection opérée dans une économie très affectée par la baisse des prix du pétrole.

Quel impact sur la croissance économique ?

Aucun pays n’échapperait de l’impact de la pandémie du Covid-19 sur la croissance économique. Toutefois, l’impact diffère d’un pays africain à l’autre. 

D’après Attijari, la croissance de la Côte d’Ivoire et du Sénégal –deux pays figurant parmi les économies les plus dynamiques de l’Afrique- a connu un coup de frein net à cause de la pandémie. Toutefois, ces deux pays retrouveraient dès 2021 leur cadence de croissance habituelle. Mais cela reste tributaire une forte amélioration de la situation sanitaire d’ici la fin de l’année 2020.

Pour le Maroc et la Tunisie, la récession effacerait la croissance économique d’une moyenne de 2 années d’évolution normative. Leur reprise économique promet d’être progressive et dépendante des conditions climatiques et de la récupération des pays partenaires qui sont fortement impactés sur le plan sanitaire.

Le Cameroun, lui aussi, ne pourrait pas éviter la récession. Un fait inédit pour une économie riche en ressources naturelles. Avec l’apport de nouveaux gisements de production, cette économie retrouverait une croissance normative dès l’année 2021.

Seul l’Egypte pourrait limiter sa récession. Selon Attijari, ce pays ne devrait subir qu’une légère décélération de sa croissance. L’année fiscale étant à cheval (clôture au 30 juin), l’effet de la pandémie pourrait être également légèrement apparent sur l’exercice clos au 30 juin 2021.

Les équilibres des pays devraient être fragilisés davantage par la pandémie 

Du côté des équilibres des pays analysés, le Cameroun devrait être particulièrement affecté du creusement de son déficit à cause, en grande partie, de la stagnation des recettes de l’État face à la hausse du service de la dette.

Au Sénégal, la stratégie de passer en priorité la croissance économique aux dépens des équilibres budgétaires est mise à mal par le contexte du Covid-19. A tel point que le Sénégal s’est inscrit parmi les bénéficiaires d’une suspension du service de la dette accordée par le Club de Paris aux pays en difficulté.

Le Maroc, la Tunisie et l’Égypte demeurent très vigilant par rapport au maintien des équilibres budgétaires, en évitant un dérapage des dépenses publiques et notamment celles liées à l’investissement. Autrement, l’impact sur le compte courant devrait être aussi prononcé vu l’exposition du commerce à des pays européens en difficulté et en raison du poids du tourisme. A date d’aujourd’hui, les réserves de change se stabilisent grâce à des appels au financement externe dans des conditions toujours favorables.

La Côte d’Ivoire connaîtrait un dépassement en matière de déficit budgétaire mais, cela ne devrait pas remettre en cause ses équilibres budgétaires. Selon AGR, ce pays est considéré assidu dans la gestion de ses ressources & emplois.

Maroc : la préservation des équilibres budgétaires prime

Le Maroc a connu des conséquences considérables de la pandémie à cause du confinement strict qui a duré près de 3 mois. S’ajoute à cela le fait que ses principaux partenaires, en l’occurrence la France, l’Italie et l’Espagne qui concentrent 60% des échanges, devraient afficher des baisses supérieures à -11% de leur PIB.

Attijari rappelle que Bank Al-Maghrib prévoit une récession de 6,3% en 2020 contre une prévision de croissance de 3,8% pré-Covid. Toutefois, la société de recherche souligne que ces chiffres ne tiennent pas compte de tout risque de nouvelles restrictions pour contrer une éventuelle persistance de la pandémie, tout en rappelant que chaque journée de confinement strict priverait le Maroc de 10 PBS de croissance soit l’équivalent de 1 MMDH.

>>> Lire aussi : Un reconfinement ciblé est à nos portes

Enfin, Attijari pense que dans le cadre de la politique économique du Maroc, la préservation des équilibres budgétaires prime encore par rapport à la relance de la croissance. Suite à cela, l’économie pourrait intrinsèquement se redresser tenant compte du retour de la pluviométrie, de la reprise de la demande étrangère et d’un retour progressif à une activité ordinaire.

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