Bourse: La RSE ne séduit pas encore émetteurs et investisseurs

| Le 8/10/2020 à 15:33

La Bourse de Casablanca a procédé à la révision de son indice ESG10 sur la base du travail de l’agence de notation Vigeo Eiris. L’amélioration de la responsabilité sociale des émetteurs reste l’apanage des grandes sociétés de service et la RSE ne représente pas pour le moment un motif attractif pour les investisseurs.

L’indice ESG10 visant à promouvoir les bonnes pratiques « environnementales, sociales et de gouvernance » auprès des sociétés cotées, a été révisé par la Bourse de Casablanca qui en a fait l'annonce ce jeudi 8 octobre. L'indice reste composé des mêmes 10 valeurs cotées en continue. Elles sont les suivantes : Ittisalat Al-Maghrib, Attijariwafa Bank, Banque Centrale Populaire, Bank of Africa, LafargeHolcim Maroc, Cosumar, BMCI, Managem, Lydec et SMI. Seules les pondérations ont été changées pour tenir compte des nouveaux score ESG établis par le cabinet de notation Vigeo Eiris.

Après l’évaluation de l’ensemble des sociétés émettrices sur l’année 2020, 11 groupes se sont distingués comme « Top Performers » sur les sujets liés à la responsabilité sociétale des entreprises. Il s’agit de : Attijariwafa Bank, BCP, Bank of Africa, BMCI, Cosumar, LafargeHolcim Maroc, Maroc Telecom, Lydec, Managem, OCP, et SMI.

Badr Benyoussef, directeur de la stratégie et de la transformation à la Bourse de Casablanca a présenté un score moyen des sociétés de l’indice ESG 10 en hausse de 11% par rapport à l’an dernier pour atteindre la note de 55,3/100. Un score nettement plus élevé que la moyenne des scores de l’ensemble des émetteurs qui se chiffre à 28,5/100 selon Vigeo Eiris. « Comme l’indice ESG10 pousse les entreprises à adopter les meilleures pratiques en terme de responsabilité sociale, il est normal que le score moyen des sociétés sur ESG10 augmente plus rapidement que le reste des émetteurs », explique Badr Benyoussef.

RSE : Une bonne note synonyme de confiance et d’attrait pour les investisseurs

Mais si la RSE permet d'apporter plus de transparence et des répercussions positives pour la communauté, la question demeure : qu'apporte en général une bonne notation RSE pour une entreprise cotée, et quels sont les avantages clés qu'elle a à en tirer ?

A ce sujet, Badr Benyoussef explique : « Au niveau des marchés financiers, c’est un beau moyen de rentrer dans le radar des investisseurs responsables. C’est une manière de montrer que l’on est un modèle du genre et donc attirer des investisseurs orientés ESG ».

Le directeur de la Stratégie et de la Transformation à la Bourse de Casablanca ne manque pas de signaler que dans le monde, les Investissements Socialement Responsables (ISR) représentent plus de 30 000 milliards de dollars d’actifs, principalement répartis entre l’Europe et les Etats-Unis. « L’investisseurs cherche de la sécurité et l’ESG démontre des bonnes pratiques et du sérieux de l’entreprise dans laquelle il peut investir » poursuit-il.

Le Maroc en retard

Mais la tendance mondiale n’est pas encore populaire au Maroc. Badr Benyoussef reconnait que « c’est une thématique qui pour le moment ne fait pas encore partie des décisions d’investissements. Au Maroc il n’y a pas beaucoup de fonds ESG. Trois à ma connaissance. Il se trouve que dans les décisions d’investissements des investisseurs et des épargnants, ce sont des sujets qui ne sont pas encore à l’ordre du jour. Mais la promotion et la communication autour du sujet fait que ce travail permettra d’attirer tous ces actifs internationaux qui s’intéressent à cette problématique » espère-t-il.

Par conséquent, le même constat de faible intérêt est relevé du côté des émetteurs. Ghizlaine Nourlil, directrice de Vigeo Eiris, explique que « Aujourd’hui, c’est encore timide au Maroc car on se retrouve toujours avec les grandes entreprises qui sont dans une approche de « best in class ». Si on a beaucoup plus d’entreprises de tailles moyennes qui s’impliquaient sur les ISR, la situation changerait car la dynamique du marché changerait ».

Les activités boursières exclusivement dirigées vers les sociétés de l’indice ESG10 est-elle mesurable ? Aujourd’hui, malgré les efforts déployés par les sociétés pour améliorer leur RSE, il est encore difficile de mesurer son impact sur le choix des investisseurs. Badr Benyoussef explique que « Premièrement, un investisseur ne l’annonce pas au moment de l’achat. Deuxièmement les entreprises de l’indice ESG10 sont les plus importantes en terme de capitalisation. Donc le distinguo est difficile à faire. Une manière de mesurer la part des investissements faits serait d’avoir une idée de la taille des fonds ESG présents au Maroc et que l’on mesure les souscriptions et les rachats dans ces fonds-là ».

Au-delà de la timidité d’investissements dans les entreprises émettrices les plus en conformité, la progression de la conformité des émetteurs reste lente au Maroc au vu des chiffres de Vigeo Eiris.

Une progression certes, mais limitée

Le score moyen de la place de Casablanca évolue lentement (+3.5 points) pour atteindre 28,5/100 contre 25/100 en 2019 et 24/100 en 2018. 

Les sociétés émettrices marocaines se sont améliorées en terme de traitement des problématiques ESG, notamment sur l’accès aux informations. D’après les chiffres présentés par Vigeo Eiris, le taux d’information moyen rendu disponible sur la RSE pour l’ensemble des émetteurs est en hausse à 53% sur 2020, soit 10 points de plus qu’en 2018. L’évolution des scores des performances ESG des sociétés émettrices du Maroc par domaines de responsabilité sociale montre que les droits humains et l’engagement sociétal restent les plus élevés avec des notes de 35,9/100 et 34,5/100.

En revanche Vigeo Eiris pointe les manquements sur des domaines de gouvernance et d’environnement. « Cela s’explique par le manque d’information disponible concernant les conseils d’administrations, les rémunérations des exécutif et l’indépendance du conseil d’administration » pointe Ghislaine Nourlil, directrice de Vigeo Eiris. Concernant le domaine environnement, le Maroc affiche un score de 24,2/100.

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