Eqdom: Après l'impact de la crise, une nouvelle vision sur un marché transformé
Entre chute de l'activité et explosion du coût du risque à cause de la crise sanitaire, Eqdom se tourne vers un avenir en radical changement. Son directeur général nous raconte l’impact de la crise et les challenges à venir.
Dans ce contexte de crise apporté par la Covid-19, la société de crédits à la consommation Eqdom n’a pas été épargnée, à l’instar des autres établissements de crédit dans le pays. Selon son directeur général, Younes Benboujida, joint par LeBoursier, « le crédit à la consommation est la première chose qui s’arrête dès qu’il y a une crise ». Dans son communiqué sur ses indicateurs semestriels, la firme affiche des chiffres dans le rouge. La production nette de crédits a chuté de 35% sur le premier semestre 2020, passant de 1 319 millions de dirhams au S1 2019 à 863 million de dirhams. Le produit net bancaire s’est de facto replié de 7,9%, se situant à 256 millions de dirhams. Parallèlement, le cours boursier de la société a chuté de 27% depuis le début de l'année, à 990 dirhams au 9 septembre.
Une demande fragilisée et un risque accru
Début 2020, l’entreprise se portait bien. « Quand on prend les 2 premiers mois de l’année 2020, nous étions en forte progression. Le PNB progressait de 5%, le coût du risque était contrôlé et le résultat étaig dn hausse de +15% » nous explique Younes Benboujida. Mais l’impact de la crise qui a démarré en mars a été direct.
Durant le confinement, outre les contraintes d'organisation interne pour maintenir l'activité en marche, la société a fait face à une nouvelle donne sur le marché, marquée par la chute de la demande (manque de visibilité des clients, pertes de revenus, restrictions limitant les achats et la consommation...) mais également par le report des échéances des clients en difficulté. « Certains clients avaient l’argent pour rembourser mais préféraient le garder en trésorerie au cas où la crise s’aggrave. Nous le comprenons très bien », explique le dirigeant.
Mais les difficultés financières des ménages pour assurer le remboursement de leurs traites, ont naturellement rattrapé la société. Il poursuit, « les premières vagues de report ont commencé, et à partir de là nous avons suivi les recommandations du Comité de Veille Economique (CVE). Nous avons beaucoup provisionné sur cette période et cela a fait exploser le coût du risque, en hausse de 166% ,» confie Younes Benboujida.
Dans cette période, le dirigeant d’Eqdom nous annonce que « la priorité était de gérer la crise et de revoir notre stratégie plutôt que de s’orienter business ». Et avec un redémarrage de l'activité amorcé depuis le mois de juin, la société cherche désormais à s'adapter à un marché profondément modifié.
Une reprise actée mais dans un environnement transformé
« Au mois de juin, nous avons perçu les premiers signes d’un retour d’activité. Dans cette période-là, toute votre stratégie, vous la mettez de côté. Toutes les semaines, nous refaisions les budgets d’atterrissage en fonction de l’évolution de la situation avec des sensibilités fortes sur les revenus et le coût net du risque », confie Younes Benboujida. Désormais, les recouvrements s’accélèrent suite à la reprise de la machine judiciaire, les encours repartent à la hausse et la reprise d'activité s'est bien confirmée sur les mois d’été. « Nous avons fait de très bons mois de juillet et août, au niveau de 2018, pas loin de 2019, ce qui est notre grande surprise. Nous avons dépassé les scénarios de nos prévisions. Le coût du risque baisse et le recouvrement reprend petit à petit du fait que les agents terrain soient revenus. Nous prévoyons un second semestre meilleur que le premier, sauf incident majeur que personne ne peut prévoir » explique le directeur général.
Mais au-delà de la conjoncture, c’est la structure même du marché qui fera changer la donne sur le moyen long terme. Si cette crise a plongé la société dans la difficulté et la baisse d’activité, le mois de juillet a été l’occasion pour Eqdom de dresser son nouveau plan stratégique pour anticiper de grands changements. « Nous avons durant le mois de juillet travaillé à l’élaboration d’un plan stratégique à l’horizon 2025. Celui qui pense que le travail va reprendre de la même façon qu’avant la crise se trompe très probablement », nous apprend le directeur général.
Ayant été challengé par la conjoncture inédite de 2020, Younes Benboujida reconnait que de nombreuses questions de fond ont été reposées et que des fondamentaux seront revisités.« Nous avons été extrêmement challengés ces derniers mois sur le modèle de distribution nécessaire. Celle en agence, à terme, aura ses limites, notamment à cause du coût élevé que cela représente. Il faut se poser la question. Nous essayons de trouver des réponses, notamment avec la mise en place d’un site transactionnel au mois de mars » nous confie le directeur général d’Eqdom. Les charges sont en effet dans la ligne de mire de l'entreprise qui cherche à mieux processer, digitaliser et traiter les demandes. « Cela ne veut pas dire que nous n'investirons plus, mais nous investirons différemment, surtout de manière à gagner en productivité et limiter les coûts de traitement », poursuit Younes Benboujida.
L’entreprise fait donc à la fois face à un changement en terme de distribution mais anticipe également une évolution chez ses segments clientèles porteurs. « Il y aura des changements de marché très forts à venir. Nous sommes les premiers sur le segment des fonctionnaires et des retraités. Si demain il y a un changement sur ce marché, comment allons-nous nous transformer ? Nous travaillons sur ces modèles de transformation. Nous pensons que ça pourrait arriver sur un horizon de 5 à 10 ans. Ce qu’il se passe en Europe ou au Brésil nous donne des indications. Ce qui était certitude avant la crise, ne l’est plus désormais » conclut le dirigeant.
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