Aucune introduction à la Bourse de Casablanca en 2020 à cause du Covid-19 ?

M. Ett. | Le 12/5/2020 à 17:12

L’année 2020 pourrait se terminer sans aucune introduction à la Bourse de Casablanca à cause du manque de visibilité sur les perspectives économiques et du risque d’une réticence des investisseurs, spécialement les personnes physiques. 

La crise engendrée par le Covid-19 a pesé lourd sur le marché boursier casablancais. Plusieurs valeurs se sont effondrées et les volumes ont également chuté. Le marché est entré dans une phase d'attentisme et tous les opérateurs manquent de visibilité.

Dans ce contexte, peut-on encore espérer avoir des introductions en bourse au cours de l’année 2020 ?

LeBoursier a posé la question à une source dans une entreprise ayant annoncé se préparer à une IPO, sans pour autant préciser si l’opération serait réalisée en 2020 ou plus tard. Sa réponse était très courte, laissant comprendre qu’avec la crise actuelle une introduction en bourse est très peu envisageable. « L’activité commence à reprendre petit à petit. Pour le moment, on ne peut pas se concentrer sur cette opération », nous a-t-elle indiqué.

Selon le patron d’une société de gestion de fonds d’investissement, « avec la crise actuelle, aucune entreprise ne s’aventurerait à s’introduire en bourse ».

Et d’expliquer : « Les valorisations d'entreprises qui seront proposées vont tenir compte de la valorisation du marché boursier en 2020 qui est en baisse, ce qui va automatiquement les tirer vers le bas. Les actionnaires historiques vont donc préférer attendre au moins l’année 2021 pour profiter de la reprise ».

De plus, les entreprises devront attendre d’avoir un peu de visibilité avant de concocter les Business plan qui vont accompagner leurs opérations.

Un autre facteur s’ajoute à cette analyse : l’appétit des investisseurs

« Si les plans d’affaires sont incertains et si les valorisations sont élevées par rapport au marché (au cas où on ne propose pas une bonne décote), les investisseurs se montreront réticents, ce qui ferait courir un grand risque d'échec des opérations », explique notre source.

Sur le même registre, un analyste de la place ajoute que « dans une période de crise, les investisseurs se retirent du marché, spécialement les personnes physiques qui ont généralement un horizon de placement très court ». 

Par contre, « les investisseurs long-termites qui cherchent des valeurs qui vont reprendre après la crise pourraient facilement se positionner sur le marché et participer à une IPO».

En gros, il estime qu’ « il serait difficile de cerner l’impact de la crise liée au Covid-19 sur les introductions en bourse. Il y a à la base un problème de papier frais sur le marché. Les introductions à la bourse de Casablanca restent rares et portent en grande partie sur des opérations de privatisation. En même temps, il y a cette crise et ses impacts qui peuvent changer la donne ». 

A rappeler que la Bourse de Casablanca n'a connu aucune introduction en 2017 et en 2019. Les deux dernières recrues de la bourse remontent à 2018 ; année pendant laquelle le marché a connu deux IPO : Immorente Invest (11 mai 2018) et Mutandis (18 décembre 2018).

En 2019, la bourse de Casablanca a bénéficié de la cession de 8% des parts de l’Etat dans Maroc Télécom. C’était la seule opération qui a animé la bourse l’année précédente.

Légère reprise des IPO au niveau mondial au début du T2

Le risque d’une paralysie des IPO concerne les marchés boursiers internationaux, vu que les perspectives restent globalement incertaines à l’échelle mondiale. Cette tendance a été observée surtout à la fin du mois de mars. Le début du deuxième trimestre a connu une légère reprise mais le manque de visibilité persiste pour le reste de l'année. 

D’après une étude de PwC France et Maghreb (publiée en avril 2020) « le marché des IPO (hors Asie-Pacifique qui, lui, reprenait timidement) s’est trouvé quasiment à l’arrêt en mars, du fait de la pandémie du Covid-19 »

« En dépit de cette crise, 207 transactions ont été réalisées au premier trimestre 2020 et ont permis de lever 35,7 milliards de dollars, soit une hausse de 15,7 milliards de dollars (+78 %) par rapport au premier trimestre 2019 », d’après l’étude.

L’étude apporte une petite lueur d’espoir. PwC a souligné que la tendance observé à la fin du premier trimestre 2020 a pu légèrement s’améliorer. « Le début du deuxième trimestre voit une légère reprise des introductions en bourse sur les marchés en Europe, au Moyen-Orient et en Afrique, dans les secteurs qui ont été les plus touchés par le ralentissement économique depuis la mi-mars ».

Selon Philippe Kubisa, Associé spécialiste des marchés de capitaux chez PwC, « les conditions de marché restent difficiles et il est possible que les fenêtres d’émission soient de courte durée. Néanmoins, cette vague probable de recapitalisation [augmentation de capital quand les fonds propres deviennent insuffisants, ndlr] pourrait s’intensifier rapidement jusqu’à dominer l’activité d’émission dans la région EMEA au cours des deux prochains trimestres ».

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