Fouad Laroui (CSMD): “En mettant le citoyen au centre du projet, on y arrivera”

Reconnaissable à son style élégant et à son humour corrosif, le romancier prolifique fait partie de la CSMD, Commission spéciale sur le modèle de développement. Mais pas qu’en sa qualité d’écrivain. Economie, sciences de l’environnement et sciences humaines sont autant de disciplines qu’il a enseignées ou qu’il enseigne en Angleterre et aux Pays-Bas et qu’il mettra au service de la réflexion autour du nouveau modèle de développement. Entretien.

Fouad Laroui (CSMD): “En mettant le citoyen au centre du projet, on y arrivera”

Le 25 décembre 2019 à 7h41

Modifié 10 avril 2021 à 22h08

Reconnaissable à son style élégant et à son humour corrosif, le romancier prolifique fait partie de la CSMD, Commission spéciale sur le modèle de développement. Mais pas qu’en sa qualité d’écrivain. Economie, sciences de l’environnement et sciences humaines sont autant de disciplines qu’il a enseignées ou qu’il enseigne en Angleterre et aux Pays-Bas et qu’il mettra au service de la réflexion autour du nouveau modèle de développement. Entretien.

Médias 24 : Qu'est-ce que cela fait d'être choisi parmi les "happy few" qui auront à dessiner le modèle de développement marocain de demain ?

Fouad Laroui : J’ai été surpris quand on m’a contacté. Il y a beaucoup de gens très compétents au Maroc et je ne suis pas indispensable. Mais bon, quand on m’a proposé de faire partie de cette commission, j’ai dit oui tout de suite. Après tout, les occasions de servir son pays à ce niveau ne sont pas fréquentes.

Et tout de suite après avoir dit oui, j’ai pris conscience de l'énorme responsabilité qui est la nôtre. J’ai failli rappeler pour dire que je renonçais. Et puis je me suis dit qu’on ne me demandait au fond qu’une seule chose: faire de mon mieux. Et je vais faire de mon mieux.

-Votre expertise et votre compétence sont reconnues dans plusieurs domaines. Sur lequel intervenez-vous en particulier au sein de la commission ?

-J’ai été professeur d’économie en Angleterre et j’ai également enseigné pendant six ans les sciences de l’environnement aux Pays-Bas. Donc je peux intervenir dans ces deux domaines, qui sont bien entendu essentiels pour notre avenir.

Je suis également romancier et j’enseigne aujourd'hui les sciences humaines: la culture et les sciences humaines sont également au cœur de nos préoccupations. En revanche, quand il s’agit de domaines que je ne connais pas, comme l’anthropologie ou la sociologie, je me tais et j’écoute. Certains de mes collègues sont fascinants. J’apprends beaucoup de choses chaque jour…

-Quelles sont, selon vous, les principales leçons à tirer de l'échec - ou de l'essoufflement - du modèle de développement actuel ?

-La principale leçon, c’est qu’il faut l’adapter et l’améliorer, mais sans jeter le bébé avec l’eau du bain. Si dans certains domaines, il faut peut-être des ruptures, dans d’autres il suffit d’ajuster, de réformer… Tout ce qui a été fait au cours des décennies précédentes n'était pas mauvais, loin de là !

-Quelques mois avant la création de la commission, vous écriviez dans une chronique : "Nous avons de brillants économistes, des businessmen sagaces, des sociologues chevronnés, des anthropologues avisés, etc. Il n’y aura donc aucun problème pour former cette Commission. Mais sera-ce suffisant? Le problème n’est-il pas plutôt dans nos mentalités ?'' Vous proposiez, ainsi, quelques idées "qu’il faudrait graver dans la tête de chaque citoyen" : Rien n’est jamais gratuit, ce n’est pas l’État qui crée la richesse, la confiance (l'Etat de droit), la lutte contre la rente... Le Maroc étant ce qu'il est, est-il possible, réaliste, de bâtir un modèle de développement sur ces bases-là ?

-Oui, je le crois. Mais ce ne sera pas facile. Ce n’est pas simple, de changer de mentalité. Mais en mettant le citoyen au centre du projet, en construisant autour de lui et pour lui le projet, on y arrivera.

-Durant les vingt dernières années, plusieurs rapports de bonne facture ont été produits par différentes institutions mais dont les recommandations sont, pour ainsi dire, restées lettres mortes. Où se situe, selon vous, le problème ? 

-De ce point de vue, le Maroc n’est pas une anomalie. Beaucoup d’excellents rapports restent lettre morte dans des pays développés, en Europe par exemple, parce que le temps politique (dont l’horizon est borné par la prochaine élection) ne coïncide pas avec le temps dans lequel se déploient les grands projets, les grandes ambitions, qui est souvent de l’ordre d’une ou deux générations. La singularité marocaine, où l’exécutif, parce que dyarchique, peut à la fois couvrir le temps politique et le temps des grandes ambitions, constitue une circonstance favorable. A nous d’en faire bon usage.

-Chaque fois que survient une crise, qu'un échec est constaté, les technocrates sont appelés à la rescousse. Qu'est-ce que cela traduit pour vous ?

-Attendez, vous me traitez de technocrate? Comment osez-vous? Je vais vous obliger à apprendre par cœur les centaines de poèmes que j’ai écrits et publiés…

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