Jouahri: Il faut agir sur la compétitivité avant de penser à dévaluer le dirham

Bank Al-Maghrib a décidé de maintenir son taux directeur inchangé à l'issue du dernier conseil de politique monétaire de l'année, tenu le 17 décembre. Abdellatif Jouahri, wali de la Banque centrale, tient à cette occasion son habituel point de presse trimestriel.

Jouahri: Il faut agir sur la compétitivité avant de penser à dévaluer le dirham

Le 17 décembre 2019 à 15h21

Modifié 11 avril 2021 à 2h44

Bank Al-Maghrib a décidé de maintenir son taux directeur inchangé à l'issue du dernier conseil de politique monétaire de l'année, tenu le 17 décembre. Abdellatif Jouahri, wali de la Banque centrale, tient à cette occasion son habituel point de presse trimestriel.

La Banque centrale a également approuvé les mesures à mettre en place dans le cadre du programme de soutien à l'entrepreneuriat. Toutefois, ces mesures n'ont pas été annoncées dans le communiqué publié à l'issue du conseil.

Dans ses prévisions qui ont conduit au maintien du taux directeur à 2,25%, BAM s'attend à une croissance de 2,6% du PIB, un déficit budgétaire de 4,1%, une inflation de 0,3%, un déficit du compte courant de 4,6%, des réserves de change de 240 milliards de DH, une appréciation de la valeur du dirham de 1,2% et une accélération du crédit bancaire au secteur non financier de 4%.

Elle s'attend à une amélioration de tous ces indicateurs en 2020 et 2021.

Voici les principales annonces de Abdellatif Jouahri lors du point de presse du conseil de décembre 2019 :

Programme de soutien à l'entrepreneuriat : Les mesures prises seront annoncées ultérieurement, une fois actées avec le gouvernement. Le conseil a été plus long que d'habitude, il a duré 5 heures.

Maintien du taux directeur et financement des jeunes : Nous agissons en fonction de l'analyse que nous faisons de tous les indicateurs du modèle (croissance, inflation...) et l'appréciation des experts qui composent le conseil.

Le marché apporte une appréciation de court terme. Alors que BAM agit selon une perspective de moyen terme.

Nous accordons également l'attention à la rémunération et la mobilisation de l'épargne.

En Europe, la politique monétaire est remise en question par la BCE à cause de son caractère non conventionnel (rachats massifs d'actifs) qui a conduit à des taux d'intérêt négatifs.

Au Maroc, malgré les baisses de taux, le crédit n'a pas décollé. Et il faut garder des munitions en termes d'outils de politique monétaire. Justement, nous les avons gardés pour des occasions comme celle du dernier discours royal.

Nous allons jouer sur le refinancement des banques pour les crédits à l'entrepreneuriat en termes quantitatifs et de coût.

Nous n'allons pas attendre les résultats du travail de la commission spéciale sur le modèle de développement.

Et il n'y a pas que la banque centrale. Il y a d'autres mesures liées à la bancarisation, à l'inclusion financière, la micro-finance, le crowdfunding... Et il n'y a pas que le secteur financier, il y a aussi les autorités et le gouvernement. Par exemple, où est le foncier pour favoriser l'entrepreneuriat ? Il y a plusieurs lois dont l'adoption doit être accélérée.

Nous avons réuni tous les morceaux du puzzle pour que l'action globale soit cohérente.

BAM va par ailleurs se charger du reporting pour voir les résultats des actions prévues. Nous avons mis en place plusieurs comités (central, technique et régional) pour suivre leur exécution.

Tout va démarrer le 1er janvier 2020.

Impact des amnisties de la loi de Finances 2020 sur les dépôts : Pour le moment, on n'a rien introduit comme prévisions dans notre modèle. Il faut attendre de voir l'adhésion des gens.

Maintenant, je dis à tout le monde qu'il faut y aller. C'est dans l'intérêt de tous.

Banques participatives tournent à un régime bas : Les choses avancent un peu lentement. On a décidé de faire accélérer l'adoption des contrats des nouveaux produits par le GPBM et le Conseil supérieur des Oulémas. Puis on a décidé de tenir des réunions entre les responsables des banques participatives et les oulémas pour qu'ils s'écoutent mutuellement.

Par contre, j'ai saisi le GPBM parce que les conditions appliquées par certaines banques pour se concurrencer menacent leur viabilité.

L'écosystème n'est pas encore prêt mais on sait où on va.

L'appréciation de la valeur du dirham et son impact sur l'économie : on pensait après la flexibilisation que la monnaie allait se déprécier. Ce ne fut pas le cas. Cela veut dire que la valeur du Dirham était en ligne et que le marché fonctionne sans notre intervention.

Nous sommes en train de préparer le marché au futur élargissement qui sera plus important que le premier. Nous attendons le bon moment pour le faire.

Concernant les appels à la dévaluation du Dirham, je peux vous dire que j'étais au ministère des Finances et j'ai piloté 3 dévaluations du dirham.

La dévaluation agit négativement sur la dette extérieure, sur la valeur des importations. Elle agit positivement sur les exportations mais seulement à court terme. Il faut d'abord agir sur la compétitivité de l'offre marocaine, sur la mise à niveau des opérateurs.

Je suis pour une dévaluation mais pas comme seul mesure à actionner. Cela doit être un plus, un élément qui apporte sa contribution.

Il faut voir l'intérêt général du pays et ne pas céder aux pressions de certains lobbies. Il faut que toutes les politiques convergent vers un objectif commun. 

Retard du paiement mobile : l'interopérabilité est encore très limitée. Et l'avantage fiscal pour encourager les commerçants à adhérer, adoptée dans la loi de finances 2020, n'est pas suffisant à mes yeux. Il faut essayer de rassurer les opérateurs concernant la traçabilité des opérations. Si on n'a pas le réseau des commerçants, l'écosystème ne se constituera pas. Le ministre des finances est réceptif et à l'écoute.

Nouvelle sortie du Maroc à l'international : les conditions qu'a eues le Maroc pour sa première sortie sont extraordinaires. Le Mexique est mieux noté que nous et il a eu les mêmes conditions.

Si le marché demeure avantageux en 2020, je recommande au gouvernement d'y aller rapidement. Ce sont des emprunts à long terme (12 ans) et il faut en profiter.

Arnaque Bab Darna : les banques sont exposées à hauteur de 80 MDH. Certaines ont déjà déclassée ces créances, d'autres le feront en fin d'année. Il y a eu au préalable plusieurs incidents de paiement concernant l'entreprise et son dirigeant, elles devaient être alertées. L'affaire est devant le tribunal. Il appartient à la justice de bien cerner la cerner.

Discours du Roi sur le financement de l'économie : C'est un discours très élogieux à mes yeux : résilience, développement en Afrique, régulation assurée par des compétences. Mais SM le Roi a mis l'accent sur un problème qui est réel. Il concerne une population qui n'est pas bancable, qui manque de garanties, d'accompagnement, de conseil. Ce sont tous ces éléments que nous sommes en train de mettre en place.

Quand nous avons mis l'observatoire des TPME et commencé à recevoir les données, nous avons constaté que les TPE représentent 85% du tissu entrepreneurial. Nous ne pouvons pas les ignorer.

Sa Majesté n'a pas interpellé seulement les banques, il a également interpellé le gouvernement. Les choses vont dans le bon sens. Ce qu'il faut espérer, c'est que le système cible bien, que les réponses du système de garantie soient rapides.

Par ailleurs, nous avons nous mêmes donné aux banques la cartographie de présence du réseau bancaire pour qu'elles couvrent le territoire, notamment dans le rural.

Renouvellement du conseil de BAM : la liste des membres sera soumise au Roi avant le prochain conseil de mars 2020. Le nom du gouverneur qui est membre du conseil figurera sur cette liste et le Roi nommera ou reconduira les personnes qu'il estimera adéquates.

Je ne peux dire si je suis pour ou contre un nouveau mandat de gouverneur. Cela ne dépend pas de moi.

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