Bourse: L'attentisme et l'absence de visibilité pèsent lourd sur le marché (analystes)

Sara El Hanafi | Le 17/9/2019 à 17:18

Quelques semaines après la publication des indicateurs trimestriels des sociétés cotées, le marché est dans l'attente davantage d'informations financières de la part de celles-ci. A cela s'ajoute une incertitude face aux apports du PLF 2020, du remaniement gouvernemental prévu et face à une conjoncture financière internationale à hauts risques.

A la clôture de la séance de ce 17 septembre, le MASI a enregistré une variation en year-to-date (depuis le 31 décembre dernier) de 2,09%.

L’indice de toutes les valeurs affiche certes une progression, mais celle-ci est en décélération par rapport aux performances enregistrées à fin août, notamment lorsque l’indice en question avait atteint un pic de 11.796,14 points le 27 août dernier, enregistrant ainsi une variation YTD de +3,8%.

Graph MASI

Depuis, soit en 15 séances, le MASI a perdu 164 pbs en termes de croissance annuelle. Une décélération qui coïncide avec la Earnings Season, période de publication des résultats et indicateurs, qui a en quelque sorte calmé le bouillonnement du marché boosté en grande partie par l'opération de privatisation d'une portion du capital de Maroc Telecom.

Bachir Tazi, Directeur de CFG Bank Capital Markets, préfère parler de "consolidation" plutôt que de décélération : "Cette performance du MASI coïncide avec la reprise qui suit la période estivale, et donc il est tout à fait normal qu’il y ait ce genre de consolidation", nous indique-t-il.

"Il ne faut pas oublier qu’à un certain moment, la performance en YTD était carrément négative, et que le marché a effacé ses pertes pour repartir à la hausse. Il est donc normal qu’il y ait un petit mouvement de consolidation", ajoute-il.

Celui-ci évoque également l’effritement des volumes échangés sur le marché, qui sont passés de 120 millions de dirhams en moyenne par jour à quelque 40 ou 50 millions de dirhams, traduisant selon lui une sorte d’attentisme de la part des investisseurs.

Une donne confirmée par un autre analyste de la place qui avance que les indicateurs trimestriels des entreprises cotées, publiés à fin août, n’ont pas apporté assez d’éclairage et de visibilité sur l’évolution prévue des résultats semestriels : "Un chiffre d’affaires en évolution positive ne veut pas forcément dire que le résultat a suivi", explique-t-il.

Pour l’instant donc, diverses sources du marché s’accordent sur l’absence d’une tendance claire qui définit l’évolution du marché, et que celui-ci a besoin d'un newsflow plus riche, notamment celui émanant des résultats semestriels, pour se positionner.

Sur ce volet-là, Bachir Tazi de CFG Bank Capital Markets avance qu’il n’y aura pas de surprises : "Les chiffres seront en ligne avec les prévisions", souligne-t-il. "Ce qu’il ne faut pas oublier, c’est qu’il y a un effet de base favorable, car l’année dernière les résultats des sociétés cotées aussi bien semestriels qu’annuels ont été grevés par des éléments exceptionnels, notamment les contrôles fiscaux et le boycott de quelques produits de grande consommation. Tenant compte de ces éléments là, il y aura certainement une progression".

D’autres sources du marché constatent, à partir des indicateurs trimestriels publiés à fin août, une hausse de l’activité de 2% pour l’ensemble du marché, avec une dynamique plus prononcée au second trimestre par rapport au premier.

L’attentisme alimenté par des facteurs macroéconomiques

Au-delà de l’attente d’informations financières plus pertinentes de la part des entreprises cotées, l’appréhension qui règne sur le marché est également liée à d’autres facteurs économiques mais également politiques.

"Les investisseurs guettent davantage de visibilité par rapport à la loi de finances 2020, notamment sa première mouture qui révèlerait les premiers détails", poursuit Bachir Tazi. "Ils attendent également de voir ce qui va se passer au sujet du remaniement gouvernemental, s’il y aura une nouvelle feuille de route pour la période qui reste au gouvernement actuel entre 2020 et 2021… il y a beaucoup d’attentisme vis-à-vis de cela".

Des constats confirmés par d’autres sources du marché qui soutiennent que ce remaniement est attendu, surtout que l’activité économique tourne au ralenti depuis quelques années et que d’aucuns blâment le gouvernement pour ce fait.

"Il faut toutefois dire qu’il y a deux écoles dans ce sens", souligne une de nos sources. "Il y a celle qui pense que ce remaniement débouchera sur un gouvernement plus resserré, efficace et efficient ; et une autre qui estime que le changement ne viendra qu’après de nouvelles élections qui apporteront une nouvelle majorité gouvernementale".

Notre source poursuit : "Il faut toutefois dire que même si le remaniement attendu est accueilli favorablement, la dynamique qu’il insufflera sera limitée et elle ne changera pas radicalement la donne du marché".

D'une autre part, les investisseurs appréhendent également une situation incertaine sur le plan international, et sont à l’affût d’une crise financière mondiale dont les premiers signaux se profilent à l’horizon selon plusieurs analystes, et qui aurait certainement un impact, même limité, sur le Maroc.

Cela étant, divers analystes avancent que le premier facteur à considérer pour appréhender la performance du marché reste les résultats semestriels des valeurs cotées, et surtout leur qualité. En plus de l’éventuel remaniement gouvernemental et de la conjoncture internationale marquée par des tensions, c’est surtout le newsflow de la loi de finances 2020 qu’il faudra surveiller.

"Il faut surtout surveiller si de nouvelles mesures incitatives pour l’immobilier, social ou intermédiaire, sont prévues" relève une de nos sources. "C’est très important car lorsque l’immobilier se porte bien, il tire avec lui tout le marché et son effet amplificateur est très significatif", ajoute-elle, tout en signalant que ce secteur a vraiment besoin d'un nouveau souffle.

En gros, que ce soit le PLF 2020, le résultat du remaniement gouvernemental, ou les résultats semestriels, diverses variables demeurent encore inconnues pour tenter de cerner une tendance pour le marché sur les mois qui viennent.

Mais dans l’hypothèse d’un statu quo, certains investisseurs institutionnels prévoient même une performance annuelle de 0% pour le MASI à fin 2019, et ce dans les meilleurs scénarios. C’est dire l’incertitude et le pessimisme latents qui pèsent non seulement sur le marché boursier mais sur toute l’activité économique au Maroc. A suivre.

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