Rapport. Le système marocain de santé vu par Fitch Solutions
Dans un rapport publié le 25 juin, l'agence américaine analyse les perspectives de développement du secteur de la santé au Maroc et analyse la politique gouvernementale en la matière. Lecture.
Fitch Solutions a publié, le 25 juin dernier, un rapport sur la réforme des soins de la santé au Maroc soulignant que celle-ci se poursuit malgré un problème de longue date que connait le secteur.
Selon l'agence américaine, le marché marocain présente des opportunités considérables pour les fabricants de médicaments. Le marché pharmaceutique du pays, estimé à 16,53 milliards de dirhams (1,68 milliard de dollars), devrait atteindre une valeur totale de 33,76 milliards de dirhams (3,27 milliards de dollars) d'ici 2028, soit un TCAC de 7,7% sur 10 ans en monnaie locale et de 6,9% en dollars.
«Cela est renforcé par un processus d'approbation rapide des produits pharmaceutiques, une croissance économique soutenue au cours des dernières années, les liens étroits que le pays entretient avec les pays européens et sa situation géopolitique stratégique», explique-t-on.
Fitch avance que le plan à long terme du pays est d'étendre la couverture des soins de santé aux couches de la population qui ont le plus de difficultés à accéder à des services médicaux de qualité, à savoir les habitants des zones rurales.
«L'engagement du gouvernement en faveur de cet objectif a donné quelques résultats initiaux auprès du chef du gouvernement, Saad Eddine El Othmani, notant dans un discours de mai 2019 que la couverture des soins de santé avait été étendue à 60% de la population, contre moins de 47% en 2017 ».
«Dans le même discours, il a dévoilé un plan en six étapes visant à réformer radicalement le système de santé d’ici 2025, en commençant par améliorer l’accès et la qualité des soins, puis en mettant l’accent sur la responsabilité», lit-on sur le rapport.
En avril 2019, l'OMS a salué les efforts déployés par le pays pour réformer les soins de santé et a indiqué qu'elle était disposée à soutenir le Maroc dans les domaines de la formation des professionnels de la santé, de la couverture sanitaire universelle, de la gouvernance du secteur et du partage des bonnes pratiques, avait rappelé Fitch.
"La production locale des médicaments a pris de l'ampleur"
S’agissant de la production locale des médicaments, le cabinet précise que celle-ci a pris de l’ampleur.
« Dans le but de lutter contre les médicaments contrefaits, d'assurer la qualité et de stimuler l'industrie pharmaceutique locale, le gouvernement marocain favorise depuis longtemps les médicaments produits localement. En juin 2019, il avait été annoncé que Mylan Pharmaceuticals Maroc (Mylan) investirait 60 millions de dirhams (6,5 millions de dollars) d'ici fin 2019 dans ses installations de production locales », rapporte l'agence américaine.
En revanche, Fitch estime que des défis de longue date risquent de compromettre les progrès et de limiter l’attractivité.
«En plus d'une partie importante de la population qui n'a toujours pas accès à la couverture des soins de santé (8,5 millions de personnes selon les données de la Banque mondiale en 2017), le système de santé marocain reste confronté à de nombreux défis», souligne le rapport ajoutant que les patients et les médecins ont à maintes reprises exprimé leur mécontentement face aux mauvaises conditions du système de santé et en particulier à la qualité des services sociaux, à la corruption généralisée et aux conditions de travail.
Aussi, le cabinet américain fait référence également à une enquête gouvernementale concluant qu'un certain nombre de cliniques privées appliquent des prix plus élevés que les prix réglementés pour les produits médicaux, capitalisant sur l'absence de supervision adéquate.
«Depuis décembre 2013, le gouvernement marocain met également en œuvre une politique pharmaceutique nationale dans le but de réduire progressivement les prix des médicaments dans plusieurs domaines thérapeutiques, notamment les médicaments pour les maladies chroniques. En mai 2019, les prix de plus de 3.000 médicaments avaient été réduits», note Fitch.
«Nous notons également que la politique du gouvernement visant à favoriser les médicaments fabriqués localement par rapport aux médicaments importés dans le but de réduire les coûts risque fort de se poursuivre», estime l'agence.