Nouvelles règles pour les OPCVM : quel impact sur le marché boursier ?
Les autorités financières autorisent désormais les gérants de fonds à détenir jusqu'à 20% d'un titre dont le poids dans la capitalisation boursière dépasse les 15%. Une mesure qui concerne les titres Maroc Telecom et Attijariwafa bank et qui ne sera pas sans conséquence sur le comportement de la place casablancaise.
Publié au Bulletin officiel du 13 juin, l'arrêté n° 1804-19 a introduit une série de mesures techniques visant les Organismes de placement collectif en valeurs mobilières (OPCVM).
Des mesures qui coincident avec la cession par l'Etat de 8% de Maroc Telecom et qui visent, entre autres, à donner aux OPCVM la possibilité de souscrire à l'opération tout en restant en conformité avec les règles d'allocation des actifs imposées par la réglementation.
L'arrêté du ministère des finances stipule ainsi que le dépassement des 10% du ratio même émetteur ne pourra être permis que dans un seul des cas précisés ci-dessous:
1. Un maximum de 15 % des actifs d’un OPCVM peut être investi en titres de créances d’un émetteur faisant l’objet d’une notation par une agence de notation enregistrée auprès de l’AMMC ou d’une autorité étrangère.
2. Un OPCVM peut porter la limite de 10% de ses actifs en valeurs mobilières d’un même émetteur, à 20%, si la pondération des titres de capital cotés de cet émetteur dépasse 15% dans l’indice boursier de référence.
3. La valeur totale des titres (tires de capital et titres de créances) qu’un OPCVM peut détenir auprès des émetteurs dans chacun desquels il investit plus de 10% ne peut dépasser 45% de ses actifs.
Ces mesures, principalement la seconde, concernent quelques valeurs qui ont commencé à avoir un poids important dans la capitalisation boursière. C'est le cas notamment de Maroc Telecom et Attijariwafa Bank qui ont chacune un poids de 18% dans le MASI.
Ce changement de seuil a ainsi permis aux OPCVM d’acheter les nouvelles actions Maroc Telecom dans le respect de la réglementation. Et a surtout permis à l’Etat de garantir l’achat des titres qu’il met en vente.
La mesure aura également un grand impact sur le comportement futur de la place, comme nous l'explique le patron d'une société de gestion :
> Effet de concentration du marché
« Après la cession des parts de l’Etat, la pondération de Maroc Telecom sur le MASI passera de 18% à 25%. Ainsi, Maroc Telecom et Attijari vont avoir un poids de plus de 40% sur le MASI. La montée en puissance de Maroc Telecom et d’Attijariwafa Bank dans la capitalisation boursière montre que le marché marocain n’est pas assez diversifié. Il n’y a pas assez de profondeur ».
Et d’expliquer : « l’évolution du MASI va être dictée par ces pondérations. Le MASI va évoluer à la baisse ou à la hausse en fonction de deux valeurs. Les gérants de portefeuilles sont obligés d’avoir un portefeuille qui respecte cette pondération ».
« Si on a un portefeuille qui ne comporte pas Maroc Telecom et Attijari, le portefeuille va être en décalage avec la performance du MASI », souligne-t-il.
« C’est une situation à laquelle les gérants de portefeuilles doivent s’adapter », ajoute notre source.
> Impact sur Maroc Telecom
« Avec cette opération de cession sur le marché, le flottant de Maroc Telecom se situe à 25% du MASI, les OPCVM doivent donc s'aligner sur ce pourcentage. L’AMMC autorise maintenant d’aller jusqu’à 20%. Même si on a actuellement une exposition aux alentours de 14 ou 15%, on a encore au moins 5% à récupérer », indique notre source.
Vu que cette opération a prévu uniquement une cession de 4,1 millions d'actions (0,5% du capital) pour les OPCVM actions et diversifiés, « ce n’est pas suffisant pour les OPCVM pour se rapprocher de ces nouvelles pondérations », commente-t-il, en expliquant que « c’est pour cela que l’action Maroc Telecom s’est appréciée pendant cette dernière semaine puisqu’elle commence à se faire rare compte tenu de la forte demande des investisseurs ».
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