Afrique: l'e-commerce peut créer jusqu’à 3 millions d’emplois d’ici 2025 selon BCG
Considérés comme des éléments perturbateurs dans les pays développés, les sites de e-commerce ne constituent pas une menace pour l'emploi en Afrique. Bien au contraire, soutient une étude du Boston Consulting Group, qui estime que les Marketplaces digitales peuvent être d'énormes catalyseurs du développement socio-économique du continent.
Les Marketplaces digitales comme Jumia, Souq, Thundafund et Travelstart pourraient créer environ 3 millions de nouveaux emplois d’ici 2025 à travers toute l’Afrique, selon BCG.
Ces sites « e-commerce », qui mettent en relation acheteurs et fournisseurs de produits et de services, pourraient également accroître les revenus et favoriser la croissance économique internationale sans pour autant perturber l’activité des entreprises existantes.
Ce sont là les conclusions d’un nouveau rapport, intitulé « Comment les Marketplaces digitales peuvent propulser l’emploi en Afrique », publié par BCG.
58% des nouveaux emplois concerneront le secteur des biens de consommation
Générer de l’emploi est une priorité pressante à travers le continent. La Banque Africaine de Développement estime qu’un tiers des 420 millions d’africains, dont l’âge varie entre 15 et 35 ans sont sans emploi depuis 2015.
Selon le rapport, environ 58 % des nouveaux emplois créés concerneront le secteur des biens de consommation, 18 % les services à la mobilité et 9 % le secteur des voyages et de l’hôtellerie.
Cependant, pour que les Marketplaces digitales atteignent leur plein potentiel, les secteurs public et privé doivent travailler de concert pour créer l’environnement numérique approprié dès le départ, note le rapport.
Parmi les obstacles qui peuvent entraver l’expansion de ces Marketplaces figurent le déficit d’infrastructures, le manque de clarté réglementaire et l’accès restreint à certains marchés. Pour leur part, les décideurs politiques africains sont préoccupés par des problématiques liées à la sécurité des données personnelles des citoyens et les risques de perturbation possibles dans les secteurs d’activités réglementés.
Les Marketsplaces: "un moyen d'imaginer la distribution autrement"
« Les Marketplaces digitales illustrent parfaitement comment la révolution digitale peut créer des opportunités économiques et améliorer le bien-être social en Afrique », explique Patrick Dupoux, Senior Partner au sein de BCG, qui dirige l’activité Africaine du groupe. « Parce que l’Afrique manque actuellement d’une infrastructure efficiente, les Marketplaces digitales pourraient être le moyen d’imaginer la distribution autrement».
Selon BCG, les inquiétudes selon lesquelles cette croissance des sites « e-commerce », anéantira simplement les ventes des magasins physiques sont souvent exagérées dans le cas de l’Afrique, étant donné le point de départ de l’offre.
En effet, il y avait seulement 15 magasins pour un million d’habitants en Afrique en 2018, alors qu’en Europe et aux USA, il y en avait respectivement 568 et 930. Cette très faible pénétration du marché indique qu’une grande partie de la population est mal desservie et que le risque de substitution est faible.
«Les Marketplaces digitales ne sont pas non plus susceptibles de dégrader les conditions d’emploi, au contraire, elles sont une façon d’intégrer les activités productives dans le secteur formel. A la différence des économies des pays développés, la grande majorité des travailleurs africains sont dans le secteur informel qui reste en grande partie non documenté et très peu protégé », indique-t-on.
Un soutien pour les petites entreprises
Le rapport détaille aussi comment l’activité économique générée par les Marketplaces digitales stimule l’emploi et les revenus. Ces entreprises créent de la demande pour des domaines nouveaux, comme les développeurs ou les marketteurs digitaux, en plus des débouchés pour les métiers traditionnels d’artisans, commerçant, conducteurs, ou agents de logistique.
Ces sites « e-commerce » offrent souvent des programmes de développement de compétences et aident les petites entreprises à mobiliser les capitaux pour étendre leurs activités.
Les Marketplaces digitales stimulent aussi la demande pour les produits et services située actuellement dans des endroits hors de la portée des réseaux du commerce conventionnels, et intègrent davantage de nouvelles catégories de personnes dans la population active comme les femmes et les jeunes qui peuvent être à l’heure actuelle exclus des marchés du travail.
« Tandis que les Marketplaces digitales sont souvent considérées comme des éléments perturbateurs dans les économies avancées, dans les économies naissantes des pays africains, ils peuvent être d’énormes catalyseurs du développement économique », dit Lisa Ivers, Partner au sein de BCG et co-auteur du rapport.
BCG recommande une collaboration entre les e-commerçants et les gouvernements
Le rapport recommande que la communauté des sites « e-commerce » et les gouvernements africains collaborent étroitement pour faire face aux défis qui entravent la capacité des celles-ci à croître.
«Il est de la responsabilité du gouvernement d’entreprendre des actions favorisant la compréhension mutuelle des opportunités et des défis, de renforcer la confiance par la mise en commun des ressources et d’édifier des systèmes d’infrastructures technologiques et de gouvernance appropriés pour limiter les risques tout en profitant des facteurs accélérateurs de développement », souligne la même source.
« Pour que les Marketplaces digitales tiennent leur promesse de création de valeur, les efforts des secteurs public et privé doivent converger pour créer l’environnement digital approprié, conçu dès le départ pour cultiver la confiance entre les parties prenantes » déclare Amane Dannouni, Principal au BCG et co-auteur du rapport.
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