IFRS 9 : l'impact sur les fonds propres des banques cotées estimé à 12 milliards par CFG Research
Selon les analystes de la banque d'affaires, cet impact concerne principalement les trois leaders Attijariwafa bank, BCP et BMCE Bank. L'entrée en vigueur de cette nouvelle norme comptable a gonflé également les provisions sur créances des banques cotées de 16,7 milliards de dirhams en 2018, soit une augmentation de 32%.
Dans sa dernière note annuelle, CFG Research estime que l’année 2019 devrait être marquée par un contexte économique local peu porteur en lien avec la décélération de l’économie mondiale, notamment chez nos principaux partenaires de la zone euro, et par un ralentissement de de la valeur ajoutée agricole.
Dans ce contexte, le secteur bancaire devrait maintenir la même tendance de croissance qu’en 2018, avec une hausse des crédits et des dépôts de respectivement +3% et +4%.
Evolution des crédits (en milliards de DH) et du taux de CES
Le rythme d’accroissement des encours de crédits devrait s’établir à 3%, compte tenu des évolutions suivantes :
> La poursuite de la reprise des crédits de trésorerie à 185 milliards de DH, en progression de 4%, contre une hausse de 6,2% en 2018 ;
> Légère accélération des crédits à l’équipement avec une hausse de 3%, tirée essentiellement par les sociétés publiques ;
> La poursuite de la progression des crédits immobiliers de 3,2%, tirée principalement par le crédit à l’habitat (+6%). Les crédits aux promoteurs devraient afficher une nouvelle baisse de 3% ;
> La hausse des crédits à la consommation de 6%.
Pour leur part, les créances en souffrance devraient croître de 3%.
Les dépôts devraient s’établir à 968 milliards de DH, en progression de 4,2%. La hausse des dépôts non-rémunérés restera plus soutenue que la progression des dépôts rémunérés. La part des dépôts rémunérés se fixera à 39,2% en 2019 contre 39,6% en 2018.
Evolutions des dépôts (en milliards de DH)
IFRS 9 : 16,7 milliards de provisions supplémentaires en 2018
CFG Research rappelle que le secteur bancaire a été aussi marqué en 2018 par l’implémentation de la norme comptable IFRS 9 qui est venue remplacer la norme IAS 39.
La nouvelle norme comptable a introduit de nouvelles règles de provisionnement pour la couverture des dépréciations d’actifs financiers : en plus de provisions sur l’encours déprécié (CES), de nouvelles provisions sur l’encours sain entrent en jeu en fonction de la probabilité de défaut dudit encours sur 12 mois.
Ces nouvelles provisions ont impacté en 2018 les provisions sur créances des 6 banques cotées de 16,7 milliards de DH, soit une augmentation de 32% par rapport aux provisions sous IAS 39.
L’ajustement comptable induit par ces nouvelles provisions sur l’encours de crédit a eu un impact direct sur les fonds propres des banques cotées de près de 12 milliards de DH, dont 92% découle des trois leaders (67% des encours de crédit au Maroc) Attijariwafa bank, BCP et BMCE Bank Of Africa.
Dans ce cadre, CFG pense que les banques marocaines devraient adapter leur business model à ce nouveau cadre règlementaire.
Les analystes trouvent que l’implémentation de cette nouvelle norme comptable devrait se traduire par une révision des politiques commerciales, un ajustement des stratégies de portefeuille et un changement structurel dans la gestion des risques.
Une préférence pour Attijariwafa bank
Bien que les analystes de CFG Research soient neutres sur le secteur bancaire dans son ensemble, ils estiment que Attijariwafa bank continue de présenter un intérêt boursier certain avec un cours cible de 510 DH, soit un potentile de hausse de plus de 14% par rapport au cours observé à la clôture de la séance du 7 mars (444,50 DH).
Cette opinion se justifie par les éléments suivant :
> Un profil de croissance attractif à moyen et long-terme compte tenu du poids croissant de l'international dans le bilan du groupe ;
> Une gestion optimale des fonds propres réglementaires via l'utilisation du levier des fonds propres additionnels de catégorie 1. Aussi et en dépit de l’impact de l’implémentation d’IFRS 9, CFG pense qu'ATW devrait rester conforme aux exigences réglementaires sans augmentation de capital et tout en maintenant son payout ratio à un niveau proche de 50% ;
> Attijariwafa bank traite à un P/E inférieur à la moyenne du secteur bancaire, avec des P/E 2018 et 2019 de respectivement 17,1x et 16,5x. Bien que le groupe affiche un P/B supérieur à celui de ses comparables, celui-ci se justifie amplement par un ROE supérieur à la moyenne du marché (11,3% contre 9,1% pour le secteur)
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