Cartier Saada : Hassan Debbarh révèle les dessous du partenariat capitalistique avec l'américain Mario Camacho

Mouna Ettazy | Le 15/2/2019 à 15:10

Bien accueillie par le marché, l'entrée du spécialiste américain des olives de table dans le capital de Cartier Saada ouvre de nouvelles perspectives à l'international pour la société marrakchie. Son directeur général nous révèle dans cette interview les dessous de cette transaction et son sens stratégique. 

Rencontrés pour la première fois au sein d’un grand salon agroalimentaire international, les patrons de Cartier Saada et de l'américain Mario Camacho ont pu tisser des liens en commençant par des échanges commerciaux avant de devenir des partenaires stratégiques.

Le partenariat a été noué en janvier 2019. D'abord par l'entrée de Mario Camacho dans le capital de la société cotée à Casablanca. Une transaction qui s’est faite en deux temps : un bloc de 5,07% acheté en décembre 2018. Et un autre de la même taille acquis en janvier 2019.

Résultat des courses : l’industriel basé en Floride détient désormais 10,14% du capital de Cartier Saada, devenant de facto un de ses actionnaires de référence.

Un ramassage boursier qui se révélera être le prélude à un partenariat commercial et stratégique plus large, comme annoncé par les deux sociétés il y a quelques jours.

Ce mariage d'intérêt a été très bien accueilli par le marché. Depuis la première montée de l’investisseur américain dans le capital de Cartier Saada, le titre s’est positionné en tête des plus fortes hausses de la cote

A l'heure où ces lignes sont écrites, le titre s’échange à 43 DH, affichant ainsi une hausse de 43,33% depuis le début de l’année.

Fondée il y a près d’un siècle par une famille espagnole, Mario Camacho Foods est spécialisée dans la production d’olives, de poivrons, de câpres et de divers autres produits agroalimentaires. La société dessert les marchés de la vente au détail, des services alimentaires et en ligne.

Grâce à son alliance avec Cartier Saada, Mario Camacho verra son offre élargie par origine. Il aura accès également à de nouvelles possibilités de sourcing au niveau mondial. Pour Cartier Saada, ce partenariat est censé accroitre sa présence et son chiffre d’affaires aux Etats Unis, notamment sur le produit "olives de table".

Patron de la société agrolimentaire basée à Marrakech, Hassan Debbarh nous parle dans cette interview des dessous de ce partenariat, évoque ses retombées sur l’activité de la société, et dévoile sa stratégie de développement à l’international. 

- LeBoursier : Les partenariats capitalistiques et commerciaux naissent souvent d'une rencontre. Comment vous vous êtes rencontrés avec Mario Camacho ?

- Hassan Debbarh : Le monde est petit et celui des olives encore plus petit. Nous participons souvent aux mêmes grands salons agroalimentaires internationaux, et par conséquent des liens se tissent. 

Nous avons commencé, depuis un certain temps, par des échanges sur la situation de la récolte dans nos pays respectifs, nous avons enchainé par des échanges commerciaux dans les deux sens avant de découvrir que nous partageons beaucoup de valeur et surtout la même vision d’un développement pérenne et durable.

- Mario Camacho Inc a racheté 10,14% du capital de Cartier Saada. Racontez-nous un peu ce qui a précédé ce partenariat capitalistique ? Comment vous est venue l’idée de le conclure ?

Cartier Saada construit sa vision et son plan de développement sur la pérennisation des marchés à l’export. 

Le marché américain est le premier marché d’importation des olives de table au monde, et par conséquent, il était important pour la société de structurer et consolider sa présence sur ce marché. 

L’opportunité de le faire avec une société bien établie et partageant la même vision s’est présentée, la société Mario Camacho a rejoint notre capital.

- Vous avez cédé en janvier une partie de vos actions Cartier Saada, franchissant à la baisse le seuil de 10% du capital. Cette cession s'est faite au moment où Mario Camacho montait dans le capital. Comment peut-on interpréter ces cessions de titre ?

A l’instar de la plupart des actionnaires historiques de Cartier Saada, j’ai apporté ma modeste contribution en cédant un petit pourcentage pour permettre à la société Mario Camacho de devenir un partenaire stratégique dans notre capital.

- Ce partenariat capitalistique sera suivi d’un accord commercial. Quels en seront les axes ?

L’accord commercial est en cours de négociation. Il est censé consolider un partenariat gagnant-gagnant mais non exclusif pour aucune partie.

Ce partenariat a pour objet de faire accéder Cartier Saada à des segments de marché non exploité jusqu’à présent sur le marché nord-américain.

- Vous allez vous appuyer sur le réseau de distribution de Mario Camacho pour améliorer votre présence sur le marché américain. Quels sont ses canaux de distribution ? Quelle est leur taille ? 

Mario Camacho fait partie des importateurs majeurs spécialisés dans la distribution des condiments et particulièrement les olives sur le marché américain. La société est présente sur quasiment tous les segments de marché à savoir la Restauration hors Foyer (RHF), la grande distribution et l’industrie.

- Quel serait l’impact de ce partenariat sur l’activité de Cartier Saada en termes de volume de production et de chiffre d’affaires ?

Le partenariat avec la société Mario Camacho est censé accroitre notre présence et notre chiffre d’affaires aux Etats Unis, ces ventes additionnelles par rapport à nos volumes sur les marchés historiques devraient constituer à moyen terme un plus significatif

- L’accord commercial porte à présent sur la commercialisation des olives de table. Serait-il élargi à d’autres produits ?

L’accord commercial en cours de négociation ne devrait pas se limiter aux olives de table, qui constituent notre cheval de bataille, mais inclurait également une majorité de produits de notre gamme.

-Au premier semestre 2018, vous avez dégagé un résultat net en retrait de 74%. Ce recul était essentiellement dû à une mévente survotre premier marché, laFrance. Votre ouverture sur le marché américain permettra-t-elle de compenser les pertes accusées sur le marché français ?

Notre stratégie sur le marché américain se veut ambitieuse et durable mais pas du tout opportuniste pour compenser une quelconque baisse conjoncturelle sur un marché ou un autre. 

Par conséquent, nous mettrons tous les atouts nécessaires de notre côté (et le temps raisonnable) pour atteindre nos objectifs à moyen et long terme sans précipitation aucune.

- Quelle est, selon vous, la différence entre le marché des olives français et le marché américain ? Qu’en-est-il du marché marocain ? Est-ce qu’il y a des divergences en matière de consommation ?

En matière de consommation d’olives de table, chaque marché a ses propres spécifiés, chaque grande région d’un même marché territoriale a ses exigences et chaque segment de marché a ses propres clés de succès. 

Les trois marchés que vous citez à savoir, le français, le marocain et l’américain se rejoignent dans l’importance que nous leur accordons, mais divergent dans la façon dont nous les appréhendons.

Pour chacun de ces marchés, et pour chaque segment, nous élaborons des produits, des services et créons une valeur ajoutée pour rencontrer la demande spécifique des consommateurs.

- La collaboration avec d’autres opérateurs internationaux est-elle envisageable ? 

Nous n’avons jamais rien exclu à priori.

Comme évoqué précédemment, nous poursuivons la mise en œuvre de notre stratégie de développement axée sur l’international. Nous étudierons toutes les opportunités de partenariat capable d’apporter une valeur ajoutée à la société, ses actionnaires et ses partenaires. 

Nous privilégions le partage des visions, des valeurs et la convergence des stratégies.
 

 

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