Le contexte mondial est mouvementé, quels impacts sur le Maroc ?
A court et moyen terme, le rythme de croissance de l’économie mondiale devrait s’inscrire en décélération sur fond d’accentuation des risques commerciaux, géopolitiques et financiers, ce qui impacterait la demande adressée au Maroc. Le cours du pétrole devrait baisser et celui des phosphates évoluer légèrement en deçà des niveaux actuels. Le dollar devrait remonter face à l’euro ce qui favoriserait les recettes des exportations marocaines. Néanmoins, ces prévisions sont mises à mal par l’instabilité du contexte mondial actuel. Détails.
Les perspectives de l’économie marocaine restent dépendantes de la conjoncture mondiale qui, elle-même, est entourée de plusieurs incertitudes liées à la montée du protectionnisme, aux tensions politiques et géopolitiques, aux modalités toujours incertaines du Brexit et à l’accentuation des pressions sur les marchés financiers émergents.
Globalement, l’économie mondiale reste solide, mais son rythme de croissance devrait s’inscrire en décélération ce qui impacterait la demande adressée au Maroc.
Aux Etats-Unis, la croissance atteindrait 2,9% en 2018, soutenue principalement par les mesures budgétaires expansionnistes, avant de ralentir à 2,1% en 2019 et à 1,8% en 2020. Dans la zone euro, elle ressortirait à 1,9% cette année, à 1,6% en 2019 et marquerait une légère reprise à 1,8% en 2020.
Dans les pays émergents, la décélération de l’activité en Chine se prolongerait sous l’effet de la poursuite de la politique de rééquilibrage de l’économie. La croissance passerait ainsi de 6,6% cette année à 6,1% en 2020. En Inde, la croissance resterait soutenue à la faveur d’une demande intérieure vigoureuse.
Baisse à moyen terme des cours des produits énergétiques
Sur les marchés des matières premières, après avoir atteint en octobre leurs plus hauts niveaux depuis quatre ans, les cours du pétrole se sont orientés à la baisse, accusant un recul mensuel de 19% en novembre pour le Brent. Sur l’ensemble de l’année, le cours du Brent ressortirait à 72,2 $/ baril en moyenne, en accroissement de 32,8% par rapport à 2017. Il diminuerait par la suite à 65,7 $/baril en 2019 et à 63,9 $/baril en 2020.
Notons que la volatilité des cours qui a marqué l’année 2018 reflète en partie les craintes de perturbations de l’offre au niveau mondial.
Source: Rapport sur la politique monétaire de BAM
S’agissant des phosphates et dérivés, les prix ont poursuivi leur progression au mois de novembre, avec des augmentations en glissement annuel de 15,6% à 92,5 $/t pour le brut, de 19,2% à 410,2 $/t pour le DAP (Phosphate diammonique) et de 28,5% à 379$/t pour le TSP (Triple super phosphate). Pour les deux prochaines années, les cours évolueraient légèrement en deçà des niveaux actuels.
Remontée du dollar face à l’euro à court terme
L’euro devrait maintenir à court terme sa tendance baissière face au dollar entamée en avril 2018, impacté, d’une part, par la modération des perspectives de croissance et l’instabilité politique dans la zone euro et d’autre part, par la poursuite de la hausse des taux de la FED et la montée de l’aversion au risque en lien avec l’escalade des tensions commerciales.
Il ressortirait à 1,15 dollar en moyenne en 2019, après 1,18 dollar en 2018, avant de se renforcer légèrement en 2020. Ceci permettrait de soutenir les exportations marocaines dont les recettes pourraient augmenter grâce au gain de change.
Production céréalière: une hausse probable des importations
Par ailleurs, au niveau national, la production céréalière au titre de la campagne agricole 2017-2018 ressort à 103 millions de quintaux (MQx), contre 95,6 MQx lors de la campagne précédente.
A moyen terme et sur la base de la performance enregistrée au cours des dix dernières années, l’hypothèse d’une campagne céréalière normale correspond à une production de 80 MQx, au lieu de 70 MQx. Dans ce cas-là, le Maroc importerait plus de blé qu’en 2018.
Pour rappel, la croissance au Maroc devrait s’établir à 3,3% en 2018 après 4,1% en 2017. Elle reviendrait à 3,1% en 2019 avant d’augmenter à 3,6% en 2020.
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